Sonic, tout le monde connaît. Mais connaissez-vous Yuji Naka, le génie de la programmation sans lequel Sonic n’aurait jamais vu le jour ?
Qu’ont absolument tous les étudiants à travers le monde en commun ? D’avoir au moins une fois dans leur vie gribouillé quelque chose dans un coin de carnet, nonchalamment, sans véritablement écouter attentivement le professeur devant lui. Yuji Naka faisait partie de ces étudiants, bien évidemment. A une différence près : il gribouillait des lignes de code. Le jeune japonais a en effet trouvé sa passion en reprenant des bouts de code des magazines japonais, en s’amusant à en corriger les erreurs du même temps. C’est ce qui l’a ensuite conduit à étudier le langage assembleur, et plonger toujours plus profondément dans le monde de la programmation. Après le lycée, il a tout simplement décidé de continuer en autodidacte. Sans diplôme officiel cependant, difficile de trouver un travail au Japon : Namco lui a fermé ses portes.
Une mission : toujours plus vite
C’est SEGA, en 1984, qui lui donnera sa chance sur un poste de programmeur débutant. Son premier jeu fut Girl’s Garden, peu connu en Occident, mais Yuji Naka s’est fait connaître en interne en collaborant sur de nombreux projets majeurs comme OutRun ou Space Harrier. Cependant, sa plus grande marque aura été dans l’équipe Phantasy Star : c’est grâce à son code que les animations en simili-3D du premier donjon du jeu ont été rendues possibles. A l’ère de la Master System, c’était tout simplement prodigieux.
C’est grâce à cela que Yuji Naka a été mis en charge de trouver une nouvelle mascotte à SEGA, pour lutter contre le Mario de Nintendo. Alex Kidd, icône de l’ère Master System, ne suffisait plus. Il fallait du jeune, du dynamique. Et Yuji Naka a pris cette demande au premier degré : il voulait un personnage ultra rapide. Pour cela, il a donc réussi à relever un défi technique de taille : faire en sorte qu’un personnage puisse suivre une courbe positionnée sur un élément 2D. Et ce extrêmement rapidement. C’est ce qui a donné les fameux rubans de Möbius et grands loops dans les premiers niveaux de Sonic, une prouesse technique. Mais plus que tout, Sonic peut tracer sur un niveau si vite qu’on le voit à peine, sans jamais faire cracher ses poumons à la console. Une prouesse technique qu’aucun autre développeur n’avait réussi à atteindre jusqu’alors. L’idée de Yuji Naka était d’avoir un personnage qui se roule en boule pour attaquer ses ennemis, ce que Naoto Ohshima a ensuite traduit en un hérisson. Avec toujours en tête l’idée qu’il soit une forme simple à dessiner par quiconque, pour que les enfants puissent s’amuser avec sa silhouette librement.
Sonic est né du génie de programmation de Naka autant que de l’instinct artistique de Ohshima. Ne reste plus qu’à tirer notre chapeau à Hirokazu Yasuhara, le level designer original de la licence, et vous avez les ingrédients qui ont formé la Sonic Team. Des talents hors-normes qui ont su bousculer les codes établis de leur époque pour proposer quelque chose de frais et différent, et ont su tenir SEGA à flot pendant de nombreuses ères difficiles pour l’entreprise japonaise. Hélas, après nous avoir offert un titre incroyable de qualité avec Sonic Adventures sur Dreamcast, la Sonic Team s’est quelque peu délitée par la suite : Ohshima est parti fonder son propre studio en compagnie de Youji Ishii. A son départ de SEGA en 2006, Yuji Naka était tout simplement le seul membre fondateur encore restant dans la Sonic Team. Aujourd’hui, sa créativité est à la charge de Balan Wonderworld, sur lequel on retrouve également son compère de toujours Ohshima.
Retrouvez Balan Wonderworld sur Micromania