Saviez-vous seulement comme Ys, cette petite série de JRPG que vous voyez apparaître régulièrement, a été importante dans l’histoire du jeu vidéo ? Laissez-nous vous expliquer le concept.
Les RPG japonais vus de notre point de vue sont un peu toujours liés aux mêmes licences : Final Fantasy, et dans une moindre mesure Dragon Quest qui est bien plus populaire au Japon que chez nous. On a même tendance à voir les nouveaux titres en relation avec ces mêmes licences : est-ce qu’il ressemble plus à un Dragon Quest traditionnel, à un Final Fantasy 6, un Final Fantasy XV ou est-il aussi légendaire que Final Fantasy 7 ? Cependant, au Japon, il existe un troisième nom de légende que l’on a trop souvent oublié en Occident : Nihon Falcom.
A l’origine de tout
Mais qu’est-ce qui a provoqué au milieu des années 80 l’idée chez Squaresoft et chez Enix, quand ils étaient encore séparés, de créer des RPG ? Les deux entreprises ont souvent cité un titre au fil des ans : Dragon Slayer. Un jeu vidéo créé par Nihon Falcom pour le NEC PC-8801, plateforme de cœur du développeur rempli de geeks PC. Ce petit titre qui n’a pas tant été reconnu chez nous a pourtant fait quelque chose que nul autre n’avait vraiment tenté auparavant : marier le genre action, à cette époque plutôt du côté de sauter et tirer, et le RPG, qui lui préférait le tour par tour. Ce premier essai a prouvé qu’il y avait matière à créer un nouveau genre à part entière et rendre plus accessible le RPG, ce qui a ensuite conduit à la création de Dragon Quest et Final Fantasy.
Suite de quoi, Nihon Falcom s’est attardé sur sa copie pour créer plusieurs suites à Dragon Slayer, dont Xanadu en 1985 toujours sur PC. Mais en 1986, date à laquelle le premier Dragon Quest est sorti suivi un an plus tard par Final Fantasy, le PC n’avait plus nécessairement la côte. La NES, sortie en 1983, était devenue la plateforme de choix pour tous les créateurs. Un mouvement était lancé et touchait de plus en plus de monde, jusqu’aller toucher l’international en 85 avec la sortie de la NES aux US et l’Europe en 87. L’explosion que l’on a connu, qui a rendu Dragon Quest et Final Fantasy si populaires, s’est faite ainsi.
Orfèvres du PC
Et Nihon Falcom… n’a pas suivi la mouvance. L’entreprise, qui s’est à la base lancée comme un revendeur de PC étant un des rares à avoir une licence pour l’Apple II, est restée à cajoler le clavier/souris. Eh oui : les vrais joueurs PC de l’époque, c’était eux. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils n’ont pas continué de révolutionner le marché. En 1987, alors que tous s’était inspiré de Dragon Slayer, le développeur a lui mis les bouchées doubles pour enfin réussir à créer le genre Action RPG que l’on connaît aujourd’hui. Et il l’a fait grâce à une nouvelle série : Ys. Pour la petite note, ce nom provient d’une légende bretonne où Ys est une ville entièrement engloutie par l’océan.
Et c’est un carton plein… pour quiconque suivait encore le développement sur ordinateur bien sûr. Ys premier du nom a réussi à rendre le genre plus accessible que jamais en inventant une mécanique qui vous fait plutôt vous lancer à corps perdu contre vos ennemis pour attaquer. Là où les autres RPG de l’époque étaient plus lents et réfléchis, la série de Nihon Falcom avait tout simplement réussi à créer un gameplay nerveux, facilement accessible et immédiatement reconnaissable. Par la suite et après moultes innovations pour rendre son gameplay toujours plus profond et nerveux à la fois, il a toujours gardé son statut d’innovateur. Les autres développeurs japonais ont donc continué de garder un œil sur la formule magique d’Ys et s’en inspirer pour leurs propres titres.
Adol et compagnie
Au-delà de son gameplay, Ys fait tout pour accueillir n’importe quel joueur. Et pour cela, le premier point à retenir est qu’il n’est pas nécessaire de faire les jeux précédents pour commencer un épisode : au même titre que Persona ou encore Final Fantasy, chaque jeu se suffit à lui-même. Cependant, Ys met toujours en scène le même personnage principal, Adol Christin, le guerrier aux cheveux de feu. A ceci près que ce dernier joue plutôt le rôle de l’aventurier basique et naïf, le genre de gars simple qui se retrouve au bon endroit au bon moment. L’idée de chaque épisode de Ys est surtout de le jeter dans un nouveau contexte, une nouvelle île, de nouveaux scénarios, et alea jacta est.
De nos jours, Nihon Falcom a bien compris qu’il devait faire attention aux consoles désormais. Et si elle a loupé la vague des consoles de l’époque, l’entreprise fait toujours plus d’effort pour faire en sorte que ses fans occidentaux puissent goûter à ses productions qui n’ont jamais déçu au fil des ans. Il ne tient donc plus qu’à vous d’enfin prendre votre manette et vous lancer pour découvrir le JRPG préféré de votre JRPG préféré.
Ys IX Monstrum Nox sur Micromania