Spider-Man, Batman, Thor… On commence à connaître chacun de ces super-héros par cœur. Et si finalement, c’étaient les super-vilains les stars ?
Spider-Man est une relique indéboulonnable
Avec Spider-Man No Way Home, Marvel a décidé de sortir l’artillerie lourde : un total de neuf vilains bien décidés à écraser l’araignée une bonne fois pour toute. Docteur Octopus, Electro, le Bouffon Vert, l'Homme-Sable… Tous ces méchants que Peter Parker a déjà terrassés par le passé reviennent grâce à une habile pirouette scénaristique. Suite à un sort mal formulé par le Doctor Strange, les portes du multivers se sont ouvertes, permettant à une foule de personnages de pénétrer dans la dimension de Spidey. Une manière de créer un enjeu quasiment inédit au cinéma, mais peut-être aussi de jouer sur l’une des passions des spectateurs… Marvel et Disney ne sont pas dupes, le public vient voir ce film pour retrouver son héros préféré, mais aussi pour découvrir qui il va devoir affronter.
Car il faut bien admettre une chose : Spider-Man est une relique. Avec huit films modernes et quelques oubliés comme la première trilogie avec Nicholas Hammond, l’homme araignée est un protagoniste utilisé au cinéma depuis 1977. On connaît son histoire, son tempérament, ses manies, ses faiblesses… Et même si les scénaristes s’appliquent à renouveler l’expérience en changeant d’acteur, de ton ou même en créant de petites nouveautés par-ci, par-là, c’est surtout l’élément perturbateur qui change. Cet élément perturbateur, c’est évidemment le super-vilain. De qui s’agira-t-il cette fois-ci ? Quel plan machiavélique va-t-il concocter ? Pourquoi est-il si méchant ? Le constat est clair : ce ne sont pas les super-héros qui nous fascinent, mais avant tout les super-vilains !
Une question de caractère
La première chose qui nous fait adorer les super-vilains, c’est probablement leur caractère imprévisible. Dans le cas de Spider-Man, le côté bienveillant et résolument justicier du personnage limite largement son champ d’action. Il ne peut pas tuer gratuitement, faire du mal ou commettre d’action moralement repréhensible. Il agit de manière tout à fait rationnelle et prévisible. Tout l’inverse des super-vilains comme le Joker par exemple. Pour échafauder ses plans, l’ennemi juré de Batman a une totale liberté puisqu’il n’est pas limité par sa morale. C’est pour ça que les super-vilains sont aussi intéressants, ils ne reculent devant rien et permettent des intrigues complètement folles.
Comme nous l’avons vu, les super-héros sont, pour la plupart, de vieilles créations réactualisées. Dans le cas de Spidey, nous parlons quand même d’un personnage créé en 1962 ! Impossible de modifier en profondeur une telle pierre angulaire de la pop culture, les fans ne l’accepteraient pas. On peut moderniser légèrement sa personnalité, le rendre plus espiègle comme c’est le cas dans la trilogie commencée avec le jeune Tom Holland, mais pas de grand chambardement. Ces restrictions sont beaucoup moins présentes chez les super-vilains qui restent plus malléables. On peut même se permettre d’en créer de nouveaux s’il le faut. Bref, si le super-héros et ce qui le constitue restent indéboulonnables, cela ne concerne pas les antagonistes.
Pourquoi tant de haine ?
Les personnages de super-vilains fascinent. Tout d’abord pour leurs tenues qui font rêver les adolescents qui apprécient les "vilains trop dark" et surtout, pour leur histoire. Ce n’est pas pour rien si le dernier film de l’univers Batman paru à ce jour est centré sur le Joker. Nous, gentils spectateurs, avons envie de savoir ce qui a bien pu arriver à ce pauvre Arthur Fleck. C’est un peu comme si on se retrouvait face à une personne extrêmement triste ; on aurait envie de lui demander ce qui ne va pas. Contrairement aux super-héros qui paraissent par moments en complet décalage avec le monde réel, les super-vilains ont souvent des réactions bien plus humaines et compréhensibles. À tel point qu’on aurait parfois envie qu’ils gagnent…
Il existe par ailleurs une catégorie spéciale de méchants : les méchants raisonnés. À l’image de Thanos, ce sont des antagonistes qui ne sont pas complètement fous, comme peut l’être le Joker. Leur raisonnement, aussi horrible soit-il, peut sembler logique. Dans Avengers : Infinity War, le plan du titan est de sauver l’univers de la destruction en éliminant ce qu’il considère comme un virus : l’humanité. C’est ce que l’on appelle un génocide, il y a probablement d’autres façons de procéder, mais l’intention de préserver notre habitat est noble sur le papier. C’est typiquement ce genre de personnages qui nous fascinent le plus puisque, malgré toute l’horreur qu’ils engendrent, on arrive quelque part à les comprendre.
Pas de vilains, pas de héros
Terminons sur une évidence : s’il n’y a pas de vilains, il n’y a pas de super-héros. Et oui, nos protagonistes se lancent dans leur combat avec l’envie d’en finir avec la violence ou les malfaisants. Il faut donc bien remercier Dr Octopus, Thanos, le Joker et tous leurs amis puisque ce sont eux qui lancent les hostilités. Et c’est d’ailleurs avec plaisir que nous les voyons réapparaître à chaque nouvel épisode. Vous imaginez si Spider-Man triomphait une bonne fois pour toute ? Ce serait tout simplement la fin. En un sens, les méchants sont donc les véritables héros des films de super-héros !