Virtual Boy : le plus grand fiasco de Nintendo
Dossier
PUBLIÉ LE 6 août 2022

Virtual Boy : le plus grand
fiasco de Nintendo

Crédit : Nintendo
Nico Prat
Nico Prat
Expert Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 6 août 2022
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Nous sommes au milieu des années 90, et la réalité virtuelle semble à portée de main. Nintendo tente alors un pari fou : nous plonger dans le futur. Le résultat ? Un échec sans précédent.

Ha les années 90 ! Le cinéma nous laissait alors croire que d’autres mondes étaient à portée de main, ou de casque. Des films comme Johnny Mnemonic avec Keanu Reeves, ou Le Cobaye avec Pierce Brosnan (sans oublier Brainscan, et même Matrix) faisaient fantasmer la planète entière : oui, demain, il sera possible de se projeter dans des univers futuristes, de devenir autre, de toucher du doigt des paysages infinis. Sauf que la réalité ne fut pas, loin de là, à la hauteur de la fiction. En 1995, ce qui se rapprochait le plus du monde de demain se nommait le Virtual Boy. Un fiasco sans précédent (et sans successeur) dans l’histoire de Nintendo.

Le futur, c’est hier

La promesse, comme souvent sur le papier, était pourtant belle. En 1985, une compagnie américaine , Reflection Technology, développe une technologie nommée Scanned Linear Array et fait le tour des fabricants de jouets pour leur proposer cette innovation, selon eux révolutionnaire. Mattel et Hasbro sont draguées, Sega décline poliment, mais chez Nintendo, quelqu’un est emballé. Le Virtual Boy, anciennement VR32 Project, fut créé par Gunpei Yokoi, pas n’importe qui puisqu’il est le papa du Game and Watch, de Metroid et de la Game Boy. Bref, un CV qui a tout pour rassurer ! Le Virtual Boy devait donc être un casque de réalité virtuelle, sorte de précurseur à l’Oculus Rift, accessible à toutes et à tous. Les titres des jeux, s’ils se contentent bien souvent d’ajouter simplement 3D ou Virtual en gros sur la jaquette, n’en demeurent pas moins de nobles tentations : Virtual Fishing, 3D Tetris, Virtual Boy Wario Land… La console est annoncée pour le 21 juillet 1995 au Japon, un mois plus tard, jour pour jour, en Amérique du Nord. Il n’arrivera finalement jamais jusqu’en Europe. Moins d’un an après sa sortie, il est déjà mort.

Pourquoi ? Pour tant de raisons qu’on ne sait par où commencer. Faisons donc, en vrac, la liste des raisons qui ont poussé Nintendo à tout abandonner en cours de route. D’une part, le casque ne se porte pas sur le crâne, comme on pourrait l’imaginer, mais doit être posé sur un trépied, lui-même installé sur une table. Désolé, mais si vous vous imaginez combattre des vampires en exécutant des figures de judo au beau milieu du salon, la déception est de mise. D’autre part, la console n’affiche que deux couleurs, rouge et noir. Ajoutez à cela des maux de tête à répétition, un catalogue d’une incroyable pauvreté (Waterworld fut le seul jeu licencié), et une Nintendo 64 bien plus séduisante pour les joueurs et joueuses du moment, et vous obtenez un fiasco dans les règles de l’art. Enfin, difficile de tromper qui que ce soit : les jeux ne sont pas vraiment disponibles en 3D (exception faite de Insmouse et Red Alarm), mais plutôt en relief, le Virtual Boy étant composé de deux écrans indépendants créant une impression de profondeur. Bref, un cache misère.

800.000 exemplaires vendus et seulement 22 jeux disponibles plus tard, et malgré quelques tentatives de sauvetage (entre autres avec un Virtual Boy proposant des jeux en couleurs), Nintendo lâche l’affaire et planque tout sous le tapis. Le Virtual Boy est encore à ce jour la console la moins vendue dans l'histoire des consoles de jeu vidéo de Nintendo. D’ailleurs, tandis que l’intégralité des machines de la compagnie ont vu leurs jeux réédités sur Switch ou Wii, les jeux de la Virtual Boy n’ont pas encore eu cet honneur, et ne l’auront sans doute jamais. Comme un cousin mal aimé, qu’on préfère ne pas inviter aux fêtes de Noël, le Virtual Boy est ce petit truc honteux dont on ne parle pas. Il n’en est que plus touchant, aussi.