Marvel est devenu un grand nom du cinéma, c’est un fait. Mais sur le jeu vidéo, il a fallu être patient avant que la Maison des Idées qui nous a offert les meilleurs super héros en comics soit traitée à sa juste valeur.
La production de jeu vidéo a bien évolué au cours des ans. Les titres 2D d’antan, qui étaient plus que limités par les moyens techniques de l’époque, sont devenus des mastodontes en 3D que rien ne peut arrêter. Qu’il s’agisse de raconter une histoire profonde ou nous perdre dans des environnements gigantesques, notre hobby préféré n’en finit plus de prendre sa place comme un loisir majeur dans la culture populaire. Et Marvel, qui a réussi avec brio le passage du petit comics de niche au mastodonte du grand écran, n’a hélas pas eu la même histoire en jeu vidéo.
L’origine de l’univers
Il faut comprendre qu’à l’époque de la 2D, les adaptations des licences Marvel ont été faites… à la pelle. La Maison d’édition n’ayant aucune ambition sur le terrain du jeu vidéo, elle ne faisait qu’offrir les droits de ses héros à quiconque les demandait… pour une petite somme bien sûr. Mais le contrôle qualité était loin d’être présent, faisant que les adaptations ont pullulé au même rythme qu’une infection. Rendez-vous compte que les jeux vidéo Marvel existent depuis 1982, et qu’il y a eu des adaptations sorties sur de nombreuses consoles presque tous les ans. Rien qu’en 1990, 7 jeux Marvel sont sortis.
La période est assez particulière, puisqu’une bonne partie des jeux représentant l’univers Marvel n’en avait que faire des héros. Il s’agissait simplement de remplacer les sprites sur des projets pré-existants pour avoir un protagoniste un minimum connu sur la jaquette. Spider-Man, particulièrement, en a beaucoup souffert. Heureusement, ça n’a pas empêché quelques pépites de sortir, notamment X-Men VS Street Fighter qui a lancé la licence Marvel VS Capcom, ou quelques beat’em all bien sentis. Mais dans l’absolu, la maison d’édition n’a jamais été synonyme de qualité à cette époque, loin de là. Ceci étant, l’impact était moindre : les comics restaient la principale source de revenus de Marvel, et le cinéma n’était pas encore tout à fait dans ses ambitions.
De l’ambition sans moyens
L’ère de la 3D grand public a quelque peu changé la donne. Alors que Spider-Man de Sam Raimi et X-Men de Bryan Singer ont crevé le grand écran, la culture comics a commencé à devenir très populaire. Dans le même temps, le jeu vidéo n’a fait que grandir : le succès de la PS1 a été renversé par celui de la PS2, et la communauté n’a fait que se diversifier du même temps. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les éditeurs et développeurs fassent l’opération : jeu vidéo + comics = argent. Mais Marvel n’était pas en grande forme financière à l’époque, et a donc plutôt choisi de vendre les adaptations de ses licences au plus offrant sur plusieurs années.
Parfois, les adaptations étaient très bonnes. Mais la plupart du temps, il s’agissait de jeux de commande assez basiques, qui avaient surtout pour but de sortir en même temps que les films afin de surfer sur la communication de ces derniers pour se vendre. Beaucoup d’équipes de développeurs ont voulu faire de leur mieux bien sûr, mais devoir absolument travailler sur ces temps resserrés ont poussé bien des productions à revoir leurs ambitions à la baisse voire ne pas prendre le temps de débugger.
Enfin du respect
Marvel a cependant enfin compris la leçon après toutes ces années. Au départ, les jeux vidéo étaient simplement gérés par “Marvel Comics Groups” de 82 à 85, puis par “Marvel Entertainment Group” de 86 à 98. En 2009, après toutes ces pérégrinations, Marvel a enfin établi sa division Marvel Games, et a tenté un temps de retrouver le contrôle de ses licences pour les produire en interne suite au rachat de Disney. Mais lorsque Disney a lui même fermé ses studios, la mentalité générale a été de revenir aux accords passés avec des grands noms.
Pourquoi souligner ça ? Pour montrer à quel point Marvel a été perdu au fil des ans par la popularité des jeux vidéo. Mais de nos jours, il fait enfin les bonnes décisions : trouver des accords avec des développeurs réputés, qui ont l’ambition de créer un jeu excellent, sans forcer le moindre lien avec le reste de son business. On peut le voir notamment dans la création du jeu vidéo Spider-Man par Insomniac Games en partenariat avec Sony, ou encore de Marvel’s Avengers par Square Enix. Il n’est plus question aujourd’hui de laisser les figures de l’univers emblématique se faire maltraiter pour quelques optimisations pécuniaires, mais bien de faire des jeux Marvel des titres reconnus par la critique comme par les joueurs. Enfin le traitement en jeu vidéo que méritent tous nos héros préférés.