Tunic est assurément l'un des jeux marquants de l'année passée, profitant d'ailleurs de son succès pour une sortie physique qui s'est tout juste effectuée. Si vous n'avez pas encore fait cette véritable pépite directement inspirée des Zelda, nous vous le conseillons vivement. Et sans ça, on vous incite tout simplement à jeter un œil à cet article, que nous avons écrit avec toute la passion et l'amour qui nous caractérisent. Mais si, on vous jure.
Écrit par : Max Cagnard
Dans Tunic, petit jeu indépendant qui a néanmoins brillé parmi les plus grands, on incarne un petit renard, brave et courageux, qui va devoir surmonter tous les dangers d'une île mystérieuse. Sous sa direction artistique pétillante, colorée et même assez minimaliste, on passe alors un extraordinaire bon moment d'aventure et d'action. La formule des Zelda d'antan n'a clairement pas vieilli et après avoir terminé le jeu, on vous met au défi de ne pas avoir développé une affection toute particulière… pour les renards.
Et c'est vrai, ça, les renards ont toujours eu la cote dans le jeu vidéo. De base, il s'agit d'un animal largement inscrit dans les différentes cultures : en France par exemple, depuis des siècles, il est considéré comme un animal futé, sa malice lui permettant d'arriver à ses fins (même ce bon vieux Jean de la Fontaine nous l'a expliqué au 17ᵉ siècle). Mais bien au-delà de l'Europe, l'influence du renard rayonne, notamment en Asie.
Le Japon et les renards, une histoire d'amour vidéoludique
Et c'est forcément là que ça devient intéressant, surtout quand on sait que le Japon est l'un des berceaux du jeu vidéo. Pour autant, le renard a une tout autre aura sur le continent asiatique : le Kitsune est par exemple un esprit renard bien connu, extrêmement inscrit dans la mythologie et imposant autant de respect, de sagesse que de dangerosité.
Sans se perdre aveuglément dans une analyse du folklore asiatique, on peut ainsi partir d'un fait sûr et certain : beaucoup de développeurs japonais se sont inspirés du renard pour le jeu vidéo. On peut déjà citer Fox McCloud de Star Fox, l'une des mascottes de Nintendo qui n'est autre qu'un renard bien badass, adepte des vaisseaux spatiaux. Du côté de SEGA, Tails est également un renard, grand allié de Sonic.
Vous en voulez encore ? Game Freak a fait fort avec Feunard, l'évolution de Goupix: ici, on est ni plus ni moins que sur une inspiration pure et dure du renard à neuf queues, figure symbolique de la culture nippone. Un Pokémon avec une classe toute particulière.
Et encore, comment ne pas citer Fox dans le mythique Persona 4, pur J-RPG, ou Redd dans toute la saga Animal Crossing ? Et surtout, Amaterasu du brillant et poétique Okami ? Même s'il s'agit d'une louve, les références au renard sont évidentes.
Quand l'occident récupère le renard (avec amour)
Il n'y a pas à dire : Tunic n'a rien inventé, il a plutôt hérité d'une passion démente de la part du jeu vidéo asiatique à l'égard du mammifère rouquin. Et forcément, le renard tel que le voient les développeurs (japonais notamment) a aussi déteint sur la représentation du renard par les studios occidentaux.
Tunic représente finalement très bien tout cela : il découle d'une formule ancestrale, celle des Zelda "à l'ancienne" et donc typiquement nippone, avec un renard en protagoniste… alors que son créateur, Andrew Shouldice, est canadien. Un parfait exemple, non ?
Le jeu vidéo occidental a aussi ses propres interprétations du renard, plus fidèle à la culture locale : la série Spy Fox nous propose ainsi un héros renard à la James Bond, rusé et charmeur, dès les nineties. Depuis quelques années, le message écologique s'est aussi installé dans l'industrie, s'articulant alors autour du renard : on pense par exemple à Spirit of the North ou à Endling Extinction is Forever, respectivement sortis en 2019 et 2022. Dans Ghost of Tsushima aussi, développé par les Américains de chez Sucker Punch, le (classieux) Jin Sakai se fait guider par des renards dans l'environnement bucolique de l'île de Tsushima..
21th Century Fox
En tout cas, une chose est sûre : jamais le renard n'est tourné au ridicule dans le jeu vidéo, ce qui en dit justement long sur le regard humain que l'on lui porte. Il est soit blagueur, soit rusé, soit courageux, ou presque un peu manipulateur et farceur, voire carrément élevé à un rang quasi-divin.
Le seul exemple un peu plus terne que l'on a en tête est Gray Fox de la série Metal Gear, qui pour le coup n'est pas un renard, mais un cyborg au destin malheureux (c'est presque la même chose, tout dépend de l'heure de la soirée). Mais de la même façon que Solid Snake n'est pas un serpent et que Liquid Ocelot n'est pas non plus un ocelot, on sait pertinemment qu'il y a là une portée métaphorique voulue par Hideo Kojima, qui ne choisit pas les noms de ses personnages au pif. Tiens donc, il se trouve justement qu'il est japonais… le hasard, sans doute.