Avec la sortie de The Talos Principle II, on a décidé de passer une journée avec les développeurs d’un jeu similaire. Toute ressemblance avec des personnes et entreprises existantes est totalement fortuite.
D’un côté, il y a Kim Swift, Valve et les gros cerveaux derrière Portal. On peut aussi citer Croteam et ses excellents The Talos Principle (1 et 2). De l’autre, on a Complicado, un studio indépendant qui tente de s’immiscer dans la brèche avec ses jeux de réflexion. À défaut d’avoir sorti des titres reconnus, ils ont été assez sympa pour nous inviter dans leurs locaux et voir à quoi ressemble la vie d’une équipe qui invente des énigmes.
On arrive, il est 7 heures du matin. La « porte d’entrée » du studio, c’est un container qui sent bon la rouille, les dockers et les années 80. Pour y accéder, on doit passer le boulevard Ney et le périphérique à Porte de Clignancourt. Dans une ruelle, on passe dans un « resto » qui vend du maïs chaud. Derrière un rideau, on se retrouve dans le container sombre dans lequel un digicode attend : premier essai « 1, 2, 3, 4 ». « Non non ! Il va falloir trouver le code par vous-même ! Hihi ! ». Bon, il semblerait que les employés de l’entreprise aient tendance à pousser leur idée d’énigmes assez loin. Heureusement, ils nous ont envoyé un sac avec les outils dont on aura besoin pour entrer dans les locaux. Pied de biche ? Non. Bolas ? Non. Nokia 3310 ? Non plus. On jette notre dévolu sur la lampe à ultraviolets tant appréciée des gérants d'hôtel. Évidemment, il y a des rangées de chiffres qui s’affichent et il faut additionner/soustraire les bons pour trouver le code. Après 5 heures passées à rôtir dans un coffre métallique, on finit par trouver la solution : on entre, ouf.
Une réplique de GLaDOS nous accueille. Heureusement, elle est juste décorative. On entend une petite voix qui nous dit de « venir par ici ». On s'exécute, et au bout d’un couloir, on retrouve Gaëtan, le stagiaire avec lequel on a échangé par mail. On aurait bien aimé passer la journée avec un développeur chevronné, mais il nous explique que son maître de stage est occupé et que de 16 heures à 19 heures, c’est sa QR pause. « Et c’est quoi ça ? » « Il analyse des QR codes au microscope pour voir comment ça fonctionne. En gros, l’idée, c’est de créer un jeu labyrinthique dans lequel les menus des restaurants donnent accès à des dimensions parallèles. Le joueur navigue ensuite au milieu des aliments pour créer des recettes. » « Ah… cool. »
Visite guidée
On navigue entre les différentes pièces… bureaux, salles de pause, cuisine. Tout est interconnecté, on appuie sur un levier et le mur s’écarte pour nous laisser passer dans un énorme grincement, on dirait le niveau Le Manoir Mécanique de Dishonored 2.
Bizarrement, tous les développeurs bossent sur des iMac G3 (le superbe ordinateur coloré avec une poignée derrière l’écran). Gaëtan nous explique que justement, avec le coût monstrueux des travaux qu’ils ont fait pour bosser dans des bureaux « interactifs » comme ils disent, ils ont dû réduire la voilure sur le matériel informatique. En passant devant la cuisine, on entend un son étrange : « woosh. » « woosh. » « woosh. » Apparemment, là aussi, la direction a « innové » : chaque salarié n’a pas à se déplacer, il entre un code sur son ordinateur après avoir répondu à l’énigme du jour, et un sandwich lui est envoyé via un tube à air comprimé. « Aujourd’hui, la question était : Mon tout est mon premier, devenu mon dernier. On s’y est mis à 15, c’était infâme… Catherine a fait un malaise, elle est enceinte de 7 mois et on a mis 4 heures pour trouver la réponse et recevoir nos dwichs. Vinaigre… Le putain de vin devenu aigre… c’était ça la réponse. Tu imagines ?! Ça, tous les jours ? »
D’après différents membres de l’équipe, il y a pas mal de turnover : « On tient rarement plus de quelques mois ici. On mange tard… il n’y a qu’un seul sandwich, on n’a pas de pauses, on bosse sur du matos du XXe siècle, on n’a jamais vu la tête des responsables RH et on reçoit toutes nos tâches à effectuer via des petits papiers cachés dans les locaux ». En développement depuis 8 ans, la carte de Complexcity, le premier jeu du studio, serait apparemment prête. Seul souci, le moteur est encore en cours de développement, difficile donc de dire dans combien de temps il sera possible d’accéder à ne serait-ce qu’une pré-alpha.
En attendant le premier bébé estampillé Complicado, on vous conseille de vous faire (ou refaire) les deux jeux Portal ou The Talos Principle.
The Talos Principle II est disponible sur PS5.