Que faut-il faire en temps de crise ? Que se passe-t-il dans la psyché humaine lorsqu’une épidémie décime le monde ? L’Homme est-il condamné à être un loup pour l’Homme ? The Last of Us nous donne la réponse.
The Last of Us Part II s’apprête à sortir sur PlayStation 4, la suite tant attendu d’un des plus grands jeux de la PS3. Lorsqu’on y pense, le premier jeu nous apparaît comme l’histoire d’un homme prêt à tout pour survivre et prendre soin d’une jeune fille. Il y a cependant un autre message qu’il est bon de rappeler : à quel point ce jeu est humaniste. Préparez-vous : nous allons parler de l’histoire en détail, des spoilers seront donc présents.
L’évolution de Joel
Pour certains, Joel pourrait apparaître comme le survivant modèle. Froid, tactique, sachant réprimé la moindre forme d’empathie, il est présenté par le jeu comme le gros balourd qui tient parce qu’il n’a plus une once de sentiment à offrir. Il est ici pour vivre, coûte que coûte. Pourtant, la leçon du jeu s’exprime particulièrement à travers son évolution. Pour toute la froideur qu’il peut exprimer, Joel retrouve sa part humaine au moment où il rencontre Ellie et finit par l’aimer comme sa propre fille.
On pourrait argumenter que cette relation le rend faible, lui fait prendre des risques inconsidérés, jusqu’au point culminant où il est lui-même blessé mortellement. Ellie est certe la raison de cette faiblesse… mais aussi sa salvation. Sans ses soins, Joel serait tout simplement mort. Mais avec elle, l’homme retrouve progressivement une raison de vivre, et de vivre pleinement, ce qui à la fin du jeu est clairement explicité comme bien supérieur à tout le reste. Joel choisit de tout abandonner pour elle. Les relations humaines surpassent l’instinct de survie pour ce qu’elles ont à offrir.
Bill ou le Joel alternatif
Cette fameuse vision du survivant froid et détaché est représentée dans le jeu par Bill. Il est celui qui possède une ville entière, et les compétences techniques les plus avancées de tous les personnages rencontrés. C’est bien simple : c’est un génie d'ingénierie, capable de piéger une ville entière pour survivre confortablement. Par extension, il représente ce que Joel aurait pu devenir sans sa rencontre avec Ellie. Il est même celui qui a vécu une relation analogue à celle des deux héros, et le dit lui-même à Joel : « Je vais te raconter une histoire. Il y a très longtemps, je me suis pas mal attaché à quelqu'un. C'était un partenaire. Quelqu'un que je devais protéger ! Mais dans ce monde, ce genre de conneries n'apportent qu'une seule chose : se faire buter. »
Le parallèle entre Joel et Bill est donc plus qu’encouragé par The Last of Us. Il est naturel. Mais l’histoire nous fait pénétrer dans la demeure du partenaire de Bill… où l’on apprend son suicide. Une réalisation qui ne manque pas de choquer le survivant supposé détaché, qui par la suite ne remet plus en cause la filiation entre Joel et Ellie et devient un soutien plus important. Mais il ne rejoindra pas l’équipe pour autant, et restera dans sa ville fortifiée comme pour souligner qu’il est déjà trop tard pour lui… mais pas pour Joel.
Henry ou l’amour fraternel
Lorsque l’on parle de parallèle dans The Last of Us, le plus évident reste la rencontre de Henry et Sam. Le grand frère est là pour protéger son petit frère avant tout. Il est la figure paternelle de l’enfant comme l’est Joel pour Ellie. Mais Henry et Sam sont un peu plus jeunes, un peu plus frais, et représentent donc une version plus innocente de ces derniers. À titre d’exemple, si Henry fait le choix d’abandonner Joel et Ellie lors d’une séquence, il a tout de même à cœur de revenir sur ses pas pour les aider à survivre… Voilà un acte dont Joel se serait probablement défendu.
Evidemment, le point d’orgue du scénario à ce moment précis est le fait que Sam a été mordu. Et lors de sa transformation, Henry fait le choix difficile de tirer sur son frère… avant de retourner l’arme contre lui. Ce suicide est d’autant plus triste qu’ils avaient enfin rejoint un lieu sûr, abrité, avec des ressources. Malgré tout, ce geste est aussi une leçon à tirer. Sans son amour fraternel, la vie ne valait plus la peine d’être vécu pour Henry. Un nouvel exemple que l’humain reste le plus important qu’importe le contexte apocalyptique.
L’humain avant tout
Il ne s’agit ici que d’exemples, mais l’intégralité du scénario de The Last of Us est basé sur ces petits moments poignants. Ce n’est pas un hasard si toute l’aventure est permise par le sacrifice de Tess : cet événement n’est que le point de départ de toute une série d’événements créés pour vous faire comprendre que sans l’Homme, le salut est impossible.
Et ça n’est là qu’une mince expression du brio que Naughty Dog a déployé pour faire de The Last of Us le jeu culte qu’il est rapidement devenu. Ce n’est donc pas un hasard si The Last of Us Part II est attendu avec autant de ferveur : les joueurs, particulièrement dans notre contexte actuel, sont en manque de ces moments humains dont la grandeur est magnifiée par l’horreur de leur situation.
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