GTA, c’est une grande ville en 3D folle de liberté. GTA, c’est un monde en ligne permanent. Mais fût un temps, ce n’était qu’une petite transgression.
Difficile de faire plus connu que la licence Grand Theft Auto, ou GTA, dans le monde du jeu vidéo. En enchaînant les campagnes de publicité trash et les procès à travers le globe, Rockstar a réussi à transformer sa petite licence en phénomène de société. Puis en phénomène de mode, puisqu’il faut le reconnaître : au-delà du fait qu’elle ait défrayé la chronique, la licence GTA apporte surtout des jeux vidéo d’une qualité rare, qui prennent leur temps pour être développés le plus finement possible. Lors de la sortie de GTA III, on n’avait pas vu jusque là un monde ouvert si vivant, genre qui est aujourd’hui prévalent dans le jeu vidéo. Ça, c’est le GTA que le monde a retenu. Mais je voudrais vous parler d’un autre GTA, celui de mon enfance.
La liberté avant la transgression
Mon premier contact avec la licence ne s’est en effet pas fait sur GTA III, Vice City, ou encore San Andreas comme de nombreuses personnes de ma génération. C’est lors d’une après-midi dominicale que j’ai vu pour la première fois un titre Rockstar. Mes parents, invités pour le thé chez des amis non loin, m’ont comme à leur habitude laissé dans un coin de la maison, ma fidèle Game Boy à quatre piles dans les mains. Alors que je m’acharnais à faire monter mon Dracolosse au niveau 100, l’adolescent de la maisonnée d’ordinaire acariâtre s’est surpris à vouloir partager avec moi un petit morceau de jeu vidéo.
Direction un coin du salon où trône fièrement une large machine rectangulaire de couleur beige, dont le seul trait distinctif est l’inclusion d’un gros logo “Continental Edison” fait d’un gris métallisé. Je vous parle d’un temps où les ordinateurs étaient moches et mettaient 10 pleines minutes à démarrer. Le prépubère sort alors d’un tiroir un CD bien étrange mettant en scène la photo d’un taxi surplombée d’une ligne de mire rouge. Sur la boîte du jeu, un nom : GTA 2.
Le principe, vous le connaissez déjà : lâché dans une large ville, vous êtes plus ou moins libre de faire tout ce que vous voulez… tant que vous acceptez les conséquences de vos actions. Voler des voitures, écraser des piétons, se faire pourchasser par la police ; la formule GTA est déjà là. Mais la vision est complètement différente : il s’agit d’un jeu en 2D, vu de dessus, dont l’univers est très cartoon et se confond difficilement avec la réalité. On reconnaît certains modèles de voiture, d’autres moins, on voit des jambes beaucoup trop longues s’élancer lorsque notre personnage se met à bouger… Tout y est juste drôle. Difficile donc de le qualifier d’hyper violent alors que la violence affichée rappelle plus celle des Looney Tunes, quelques carrés rouges en plus.
Mais surtout, c’est mon premier contact avec un jeu vidéo qui me laisse libre de faire ce que je veux. De là est née ma grande tradition sur la série Grand Theft Auto : faire n’importe quoi. L’univers mafieux dépeint m’intéressait bien moins que de trouver un lance flamme et tout faire pour créer un rond de flamme autour de moi. Ad vitam aeternam. Le réalisme de GTA III a vite conduit le monde à voir toutes les transgressions que l’équipe de Rockstar se permettait de faire. Sur GTA 2, on ne pouvait voir que la totale liberté que nous laissait avoir le titre, les prémisses de ce que les jeux vidéo deviendront à l’avenir : un gigantesque bac à sable.
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