On ne compte plus les jeux qui ont connu des développements compliqués. Responsables qui partent, manque de fonds, jeu concurrentiel qui sort au pire moment… les raisons peuvent être multiples, mais aucun d’entre eux n’a connu le parcours de S.T.A.L.K.E.R. 2. Pour la sortie du soft, on revient sur cette histoire folle.
On doit S.T.A.L.K.E.R. 2: Heart of Chornobyl a GSC Game World, un studio ukrainien qui a été fondé à Kiev en 1995. Au fil des années, ils se sont fait un nom en bossant notamment sur la licence Cossacks. En 2007, ils sortent le premier jeu de la franchise la plus relou au monde à écrire : S.T.A.L.K.E.R.: Shadow of Chernobyl. Tu t’en doutes bien, même si tu ne connais pas les jeux, il est question ici de radiations, d’anomalies et de la région de Tchernobyl en FPS. On y parcourt un paquet de paysages, allant du post-apocalyptique au bucolique, rencontrant au passage des ennemis, humains (mais pas que), mais aussi quelques personnages plutôt sympas. On est ici sur une licence relativement niche au départ, mais qui a su trouver son public au fil de jeux de qualité. De 2007 à 2009, trois titres voient le jour.
Les péripéties habituelles
Après ces succès, les équipes dirigeantes se décident à lancer leur studio (indépendant, précision importante) dans le développement d’une suite bien ambitieuse, basée sur un nouveau moteur créé de A à Z en interne. S.T.A.L.K.E.R. 2 est donc annoncé en 2010, accompagné d’une date de sortie initiale en 2012. Malheureusement, peu de temps après, le studio a réduit ses effectifs de 75% suite à des difficultés financières, et le 9 décembre 2011, l’entreprise est dissoute par son PDG pour “raisons personnelles”. Logiquement, S.T.A.L.K.E.R. 2 est mort dans l’œuf.
Pendant 7 ans, aucune nouvelle du jeu, même si GSC se reforme pour travailler sur Cossacks 3. Il faudra attendre 2018 pour une annonce officielle : il y aura bien une suite, et elle verra le jour sur Unreal Engine 4. Après huit années de tractations, de faillites, de licenciements, S.T.A.L.K.E.R. 2 commençait enfin à prendre vie.
Un FPS en pleine guerre
À sa création, en 1995, GSC travaillait principalement sur la localisation des jeux pour le marché russe. Sauf que la relation avec le voisin, elle va doucement mais sûrement tourner au vinaigre au fil des années.Le 24 février 2022, un ancien membre du FSB, désormais président de la fédération de Russie, décide d’envoyer ses troupes par-delà la frontière du pays voisin, l’Ukraine.
Dès les premières heures de l’offensive, la ville de Kiev, dans laquelle se trouve les locaux du studio, est bombardée. Au danger bien réel s’additionne en plus des coupures d'électricité régulières. Rapidement, la décision est prise de mettre fin à tout lien avec l’envahisseur, de ne pas doubler le jeu en russe, et de ne tout simplement pas le vendre sur le territoire. En réponse, les hackers se mettent au travail. D’après la directrice creative Mariia Hryhorovych : “Il n’y avait pas un jour où ils n’essayaient pas de nous hacker”. Des screens de certains employés sont postés en ligne, de leurs données personnelles, de leurs maisons.
Pire, plusieurs développeurs, citoyens ukrainiens, partent au front pour défendre leur pays, certains ne reviendront pas. Mais malgré tout, les équipes ont continué à travailler, revigorées par le soutien qu’elles recevaient en ligne, mais aussi par l'exutoire que représentait le développement du jeu.
S.T.A.L.K.E.R. 2: Heart of Chornobyl est désormais bien plus qu’un simple soft qui sort parmi tant d’autres, c’est un témoignage de résilience absolue qui mérite tous les hommages. Et au-delà de ça, c’est aussi un très bon jeu à l’atmosphère immersive et passionnante.
S.T.A.L.K.E.R. 2: Heart of Chornobyl est disponible sur Xbox Series et PC.