Passé des mains de Sony à celles de Paramount, la production de « Sonic, le film » est tout sauf un long fleuve tranquille. Problèmes de design, franchise difficilement adaptable : le hérisson bleu s’est retrouvé prisonnier d’un marathon, loin de ses sprints habituels.
Le jeu vidéo s’est fait une belle place au cinéma et les éditeurs lorgnent désormais sur le septième art pour promouvoir leurs franchises, générer du profit ou développer le background de leurs personnages. Certains films ont fonctionné, comme Silent Hill ou Warcraft : Le Commencement, mais des tas d’adaptations sont des navets malgré la profondeur des univers. Un exemple ? Assassin’s Creed, sorti en 2016, qui ne fait absolument pas honneur à l’œuvre d’Ubisoft. D’où notre question : la franchise Sonic a-t-elle un background suffisamment développé pour faire le grand saut ? Pas sûr.
Mais elle est où, l’histoire ?
Lorsqu’on évoque Sonic au détour d’une conversation, c’est pour se remémorer nos jeunes années passées sur la Mega Drive ou la Dreamcast. Mais rarement pour débattre sur le background du personnage qui est, d’ailleurs, plutôt confus. C’est simple : l’histoire de Sonic a été déclinée en six séries télévisées, sept séries de comics, trois mangas et trois séries de nouvelles et romans. Rien que ça. Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’aucune de ces œuvres n’est ficelée autour du même tronc scénaristique. En gros : Sonic a autant de personnalités et d’histoires que d’auteurs, ce qui ne facilite pas la tâche d’une société de production souhaitant adapter son histoire au cinéma. Et pourtant, Sony Entertainment a tenté le pari en 2013.
Des complications inattendues
À l’époque, l’idée est de sortir un long-métrage ambitieux mêlant animation et live-action. Un projet séduisant sur le papier, mais difficile à réaliser. Et justement : entre l’annonce de Sony et 2017, aucune information ne filtre, jusqu’à la déclaration de Hajime Satomi (président d’une filiale de Sega) qui annonce une sortie en 2018. Mais un an plus tard, Sony passe la main à Paramount Pictures qui entend bien accélérer le mouvement.
Les mêmes équipes de tournage sont conservées par Paramount. On retrouve donc Neal H. Moritz (Fast and Furious) à la réalisation aux côtés de Tim Miller, réalisateur de Deadpool, tandis que la mise en scène reste entre les mains de Jeff Fowler qui s’est illustré aux Oscars avec son court métrage d’animation Gopher Broke (nommé en 2005, ndlr). Comme prévu, Paramount fait figure d’accélérateur de particules et, en février 2018, on apprend que la sortie du film est prévue pour novembre 2019. Mais ça, c’est avant le drame qui suit le lancement de la première bande-annonce. C’est bien simple : aucun fan n’approuve le design de Sonic. Son apparence trop réaliste ne colle pas du tout au hérisson qu’on a connu sur Dreamcast ou Mega Drive.
Face à cette tempête de plaintes, Jeff Fowler n’a d’autre choix que de s’excuser et de renvoyer le bébé en studio pour d’importantes retouches. Le dessinateur Tyson Hesse, qui a déjà travaillé sur la licence, est engagé pour revoir le design du hérisson. Une nouvelle bande-annonce est publiée en novembre pour présenter le travail effectué. Le public obtient finalement ce qu’il veut, pendant que Paramount doit passer à la caisse. Dans un premier temps, une somme de 35 millions de dollars est évoquée par le site Indieware pour la refonte. Un montant astronomique, mais erroné selon une source proche de la production affirmant que la facture ne s’élèverait qu’à « seulement » 5 millions de dollars.
Cette énième péripétie symbolise bien la force actuelle des réseaux sociaux. Mais finalement, « Sonic, le film » débarque bien dans les cinémas le 9 février prochain, après sept années de galères.