Amateur de rhum arrangé et de jambes de bois ou pas, tu as forcément déjà vu ce drapeau. Pour la sortie de Skull and Bones, on revient sur ce symbole mythique qui a traversé les années sans prendre un pli (contrairement à la tektonik ou à l’expression « à pas piquer des hannetons »).
Tu pensais que Jolly Roger, c’était le frère ou le père de Jolly Jumper, le destrier de Lucky Luke ? Pas du tout. Le Jolly Roger, c’est le nom donné au fameux drapeau pirate que tu as dû voir un milliard de fois, dans Pirate des Caraïbes, Sea of Thieves, Assassin’s Creed Black Flag et autres.
Des origines troubles
La naissance du joyeux Roger (littéralement) est difficile à déterminer. Tout ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’il est apparu pour la première fois entre le début du Moyen ge et le XVIIIe siècle. En même temps, à l’époque, l’humanité passe la plupart de son temps à allumer des bûchers ou à s’embrocher, on comprend donc que les historiens aient choisi de ne pas se concentrer exclusivement sur l’étude des drapeaux.
Il n’empêche, on a tout de même quelques pistes :
- Le fondateur du Royaume de Sicile (Roger II de Sicile) l’aurait utilisé lors d’un affrontement face à la flotte de la Papauté, lui donnant ainsi son nom.
- Le nom Jolly Roger viendrait d’une erreur de prononciation des Anglais alors que les Français parlaient du « joli rouge » (aujourd’hui, le drapeau est souvent noir, mais initiallement, il était rouge).
- Le chef des pirates de Cannanore était désigné comme le Ali Radjah. Grâce à la magie du téléphone arabe, cela peut s’être transformé en Jolly Roger (pas facile la vie avant l’invention de Duolingo).
- Au 18e siècle, le terme « Old Roger » désignait le diable. La sympathique tête de mort sur le drapeau peut donc avoir inspiré son nom.
Ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’une multitude de drapeaux ressemblant fort à celui que l’on associe aujourd’hui à la piraterie sont utilisés à partir de 1625.
Le made in France
Le premier écrit qui fait état d’un pirate en action arborant le fameux symbole sur fond noir nous vient du capitaine John Cranby. Dans son journal, le 18 juillet 1700, le commandant anglais d’une frégate de cinquième rang raconte qu’il a pris en chasse un navire monté d’un pavillon noir orné d’une tête de mort, d’os et d’un sablier. Ce navire, c’est celui d'Emmanuel Wynne.
Le commandant de l’amirauté britannique réussit à repousser le bateau du pirate dans une crique de l’île de Brava (Cap-Vert), mais son adversaire tient bon. Et avant l’intervention de l’armée portugaise, il parvient à s’enfuir.
Personne ne sait si le capitaine Wynne portait une marinière, mais en tout cas, il a probablement été une des plus grandes icônes de la mode de ce siècle sans même s’en rendre compte. Les années suivantes, grossièrement de 1715 à 1730, c’est l’ ge d’or de la piraterie, dans les Caraïbes et ailleurs. On pille, on tranche, on trahit… Bref, si tu as joué à Sea of Thieves, tu connais.
La messagerie cryptique des pirates
Mais alors, pourquoi la tête de mort ? Pourquoi le sablier ? Et surtout, pourquoi les tibias ? On n’est pas sur un terrain de foot amateur un dimanche matin que je sache, personne ne collectionne les tibias ici, non ? En fait, c’est relativement simple. Attention, spoiler presque aussi énorme que la fin de Lost ou de Usual Suspects : la tête de mort représente le danger et la mort. Oui, je sais, tu es sous le choc. Ensuite, les tibias ou les sabres qui étaient généralement positionnés derrière le crâne font référence au choc des épées, à la violence et au conflit. Dans le cas de notre bon Emmanuel Wynne, le sablier était censé évoquer le temps qui passe, la mortalité de chacun, et surtout, celle des marins du navire qu’il allait attaquer.
Ohé du bateau
Évidemment, comme piraterie rime avec fourberie, le Jolly Roger n’était que rarement positionné en haut du mât. La technique était bien rodée : on met un gentil drapeau de marchand ou autre bout de tissu banal, on s’approche de la cible, et là seulement, on hisse une tête de mort qui ricane. Et en plus d’avoir un drapeau pas spécialement détendu, les pirates utilisaient un code de communication bien connu des autres loups de mer. Après avoir hissé le Jolly Roger, il était de coutume d’envoyer un tir de sommation. Après cela, on gardait le drapeau noir en évidence, signifiant qu’en cas d’abandon de la part des opposants, on leur laisserait la vie sauve. Mais si un drapeau rouge était montré, cela voulait dire qu’il n’y aurait pas de quartier : tu traces ou tu meurs. Sympa l’ancêtre des SMS !
Dans Skull and Bones (crâne et os, comme le Jolly Roger, clin d’œil clin d’œil), tu peux évidemment customiser ton bateau pour rendre hommage à ton pirate préféré. Rendez-vous sur les vagues de l’océan Indien.
Skull and Bones est disponible sur PS5 et Xbox Series X.