Saints Row : chronologie d'une (r)évolution
Dossier
PUBLIÉ LE 24 août 2022

Saints Row :
chronologie d'une
(r)évolution

Crédit : Deep Silver
Etienne C.
Etienne C.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 24 août 2022

Autrefois considéré comme un énième clone sans ambition de Grand Theft Auto, Saints Row s'est forgé sa propre identité en mêlant humour, action et excès. Focus.

Tout commence par un tweet énigmatique. Le 20 août 2021, le présentateur Geoff Keighley, qui assure l'animation de la soirée d'ouverture de la Gamescom, publie une courte vidéo sur le réseau social. À l'écran : un mur de briques mal éclairé sur lequel est sobrement graffé le mot « Rebooting ». Le véritable indice se trouve dans le contenu de la publication : le lien qui l'accompagne redirige vers le site officiel de Saints Row, licence historique du studio Volition, en sommeil depuis plusieurs années. Comme prévu, le teaser se transforme en annonce cinq jours plus tard : le concurrent de Grand Theft Auto revient en 2022 avec une nouvelle formule, promettent ses développeurs.

Initialement prévu pour février, le reboot a été repoussé au 23 août, officiellement en raison de la pandémie de Covid-19. Mais après un quatrième épisode complètement fou et repoussant les limites de l'acceptable, à quoi peut-on s'attendre ? Un open-world immense et coloré, des gunfights nerveux et des explosions dans tous les sens, comme le veut la coutume. Mais aussi un nouveau ton, plus lisse sans doute, mais adapté à notre époque justifie Jim Boone, directeur créatif du studio. « Nous sommes très fiers des précédents opus de Saints Row, mais nous avons aussi conscience qu'ils étaient représentatifs d'une époque, explique-t-il. Nous n'avons plus forcément envie d'employer ce ton aujourd'hui. Nous voulions raconter une autre histoire tout en conservant notre marque de fabrique : l'humour, l'excès et l'action ». Faut-il s'inquiéter pour autant ? Pas sûr. Car depuis la sortie du premier volet, Saints Row a su, en permanence, se réinventer. Jusqu'à se créer une identité propre, unique, à mille lieux de l'image de pâle copie de GTA qu'elle renvoyait au milieu des années 2000. Retour sur les grandes étapes de l'existence d'un énième « GTA-like » repenti.

Saints Row (2006) : cliché et sans ambition

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Crédit : THQ

Sorti sur Xbox 360, Saints Row n'est, au départ, qu'une tentative de plus tentant de capitaliser sur l'un des genres les plus bankable des années 2000 : le « GTA-like ». Un nom barbare donné à toutes ces clones, de True Crime à Mafia en passant par The Getaway, de l'un des titres les plus révolutionnaires de sa génération : GTA III, qui a posé les bases de la criminalité en open-world. Tous les ingrédients sont là : une ville américaine fictive, de la liberté de mouvement, une guerre des gangs, des missions intenses en bagnole ou à pied dans un environnement « gangsta » cliché et deux objectifs pour notre malfrat, qui commence sa carrière en bas de la chaîne alimentaire : amasser du « respect » et de la maille, bien sûr. La créativité est tellement portée disparue que le journaliste d'IGN chargé de la critique du titre, s'en étonne : « De prime abord, il s'agit de la plus grosse escroquerie de tous les temps, écrit-il. Comment Volition peut-il se satisfaire de cela ? Comment peuvent-ils copier GTA avec tant de désinvolture ? ». La réponse des concernés ? « Nous considérons GTA comme un genre, pas un jeu, donc nous créons un jeu dans ce genre » raconte un journaliste de Kotaku qui les confronte sur le sujet. S'il a quelques qualités à faire valoir, notamment niveau gameplay, Saints Row a surtout l'avantage de sortir au « bon moment », comme le souligne le rédacteur en chef de Jeux Vidéo Magazine au journal Le Monde : « Le seul véritable intérêt de Saints Row, c'est que c'était le premier jeu du genre sur les consoles de nouvelle génération de l'époque. Tout le monde l'a vu comme un avant-goût de GTA IV, mais il n'avait pas beaucoup d'originalité en soi ». Peut mieux faire, donc, mais suffisant pour mériter un sequel,.

Saints Row : The Third (2011) : le virage à 180°

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Crédit : THQ

Pour se singulariser sur un marché bouché, la licence commence sa transformation en 2008 avec la sortie d'un second volet. Saints Row 2 conserve la même base mais, fait rare, encourage le joueur à adopter la posture la plus cruelle possible et personnalise l'expérience via un éditeur de personnages surprenant et complet. Le virage à 180° est définitivement acté avec la sortie de Saints Row : The Third en 2011. Dans ce petit bijou d'exubérance, où tout est absurde et exagéré, votre personnage est devenu une star du crime dont les exploits sont documentés au cinéma mais qui se retrouve, par un malheureux concours de circonstances, en bas de l'échelle. Cette fois, le réalisme est rangé au placard : pour atomiser les ennemis, le héros s'arme de pistolets lasers, d'un godemiché attaché à un manche de batte de baseball (baptisé « Penetrator ») ou pilote un char d'assaut vert fluo. Les gunfights ne répondent plus à aucune forme de logique, les objectifs des missions repoussent les limites de la bienséance. Bref : cinq ans après la sortie du premier volet, Saints Row semble s'être forgé sa propre identité. Et plus personne, ou presque, ne le compare à GTA. Sauf pour rappeler à quel point il s'en est éloigné.

Saints Row IV (2013) : le grand bordel organisé

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Crédit : Deep Silver

Le développement de Saints Row IV commence par un défi. « J'ai lu toutes les critiques de Saints Row 3 où [les journalistes] se demandaient si nous étions capables d'aller encore plus loin » raconte Jim Boone à Polygon. La réponse est oui. Racheté par Koch Media suite à la faillite de son précédent propriétaire THQ, le studio rebaptisé Deep Silver Volition pousse le curseur plus loin dans ce quatrième opus commercialisé en août 2013, soit quelques semaines avant la sortie du mastodonte GTA V. Cette fois, le protagoniste principal devient président des États-Unis, rôle qu'il assume en parallèle de son statut de chef du gang. On est plus à ça près, hein. Vos ennemis ? Des aliens, bien sûr, qui envahissent les rues de Steelport. Vaisseaux spatiaux, super-pouvoirs : le studio lâche complètement les chiens dans ce quatrième volet, quitte à en faire un peu trop, parfois. « Saints Row IV a le même problème que Superman, juge la review d'IGN. De nombreux fans de comics trouvent le Man of Steel barbant car rien ne peut l'arrêter. Ce même sentiment de puissance s'avère être la kryptonite de Saints Row IV ». Et c'est sans doute pour cela que le studio a promis, cette fois, de proposer une expérience plus réaliste aux joueurs. « En même temps, c'est difficile de l'être moins que Saints Row IV » rappelle Jeremy Bernstein, designer du titre. C'est pas faux.

Saints Row débarque sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X/S le 23 août.

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