Le petit dernier de la famille des roguelikes, Endless Dungeon, débarque le 19 octobre. L’occasion pour nous de revenir sur ce genre bien particulier, mais aussi et surtout de découvrir cet animal un peu étrange : le fan de roguelikes.
Depuis quelques années, le terme roguelike est devenu le mot-clé ultime pour faire frémir les aficionados des jeux indés. Si en plus on y ajoute le mot pixel-art, tout le monde devient fou et lance sa manette dans les airs comme à la fin d’une remise de diplômes américaine. Mais c’est quoi un roguelike ?
Le roguelike, c’est un type de jeux très, très vieux. Dans les années 80, les personnes ayant sous la main des ordinateurs tournant sous UNIX découvrent un jeu appelé Rogue, c’est lui qui, tu l’auras deviné, donnera son nom au genre.
Le principe était d’explorer des souterrains pour retrouver une amulette, le tout avec une seule sauvegarde et une seule vie. Pour discuter (sur l’ancêtre de Reddit) des nouveaux jeux adoptant les mêmes principes, les joueurs décident d’utiliser le mot “roguelike” : une nouvelle famille vidéoludique était née.
Mais si c’est si vieux et si moche, comment est-ce possible que The Binding of Isaac, jeu dans lequel on incarne un bébé qui pleure sur des ennemis plus difformes les uns que les autres, puisse compter encore 20 000 joueurs en moyenne, 12 ans après sa sortie ? Et bien, c’est parce que le joueur de roguelike est une créature mystérieuse, qui n’a que faire des open worlds de Rockstar ou des RPG de Square Enix. Il ne jure que par trois principes.
Rejouabilité
Le fan de roguelike est assez peu intéressé par les grands dialogues, les cinématiques ou le scénario général des jeux sur lesquels il pose ses patounes. Ce qu’il veut, lui, c’est pouvoir rejouer au jeu, encore, encore, et encore. Et quoi de mieux, pour booster la rejouabilité, que des niveaux générés procéduralement ? Grâce à cette grande place laissée à l’inconnu, le gamer est toujours aux aguets, il peut constamment découvrir de nouvelles zones, de nouveaux objets ou des adversaires avec un pattern différent. Comme le disait la mère de Forrest Gump : “un roguelike c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber“.
Ambiance tamisée
C’est bien connu, les fans des jeux Bethesda sont des backpackers, ils parcourent le monde à la rencontre des cultures et embrassent le partage socio-culturel. Du côté du roguelike, on est plutôt branché donjon, souterrain, enfer, ou caverne à la rigueur. Mais attention ! Il faut y aller mollo sur les éclairages (c’est pas Versailles ici). Pour être tout à fait honnête, les environnements et les ennemis sont souvent assez repoussants, mais apparemment, notre gamer apprécie.
Difficulté maximale
Les joueurs de roguelike détestent la facilité. Pour eux, si tu réussis quelque chose du premier coup, tu n’as rien accompli du tout. Ils préfèrent se balancer sur une corde raide accrochée au-dessus d’un précipice d’une centaine de mètres donnant sur trois volcans en constante éruption : ça c’est un défi à leur hauteur. En général, leurs jeux fétiches reposent sur le principe du “die and retry”. On échoue, on se relève et on réessaie. Avec parfois un petit twist bien sympathique : chaque personnage qui décède dans le jeu n’est tout simplement plus jouable. C’est le cas par exemple dans l’excellent Darkest Dungeon (premier du nom). Alors c’est vrai, quand on perd son maître d’armes qu’on a mis des heures à faire progresser, ça donne envie de s’exploser le pied sur un LEGO, mais ça amène aussi une tension constante.
C’est vrai, au premier coup d'œil, le genre peut sembler un tantinet rebutant. Et pourtant, au fil des années (et des excellentes sorties vidéoludiques), le roguelike a réussi à accroître le nombre de ses fidèles. À tel point qu’aujourd’hui, il fait figure de religion majeure dans le monde du jeu vidéo. Son dernier apôtre, Endless Dungeon, rejoint la procession le 19 octobre. Amen.
Endless Dungeon est disponible sur PS5, Xbox Series et PC.