Riders Republic se base fondamentalement sur l’idée qu’être un rider, c’est cool. J’en ai rencontré un, moi, et je peux te le dire : non (oui).
C’est quoi cette idée des sports extrêmes, sérieusement ? Je veux dire, moi par exemple je suis comptable. Et c’est un très beau métier, gérer ces comptes ne se fait pas n’importe comment et on touche vraiment la vie des gens en faisant en sorte de construire leur patrimoine. Alors pourquoi ce sont les gens qui glissent sur le bitume, sautent des mottes de terre ou surfent sur des vagues qui font briller les yeux des gens hein ?! C’est normal ça ?! J’ai rencontré un gars en soirée là, un certain Seb, et je te raconte pas le cirque qu’il m’a sorti…
Seb le rideur
Déjà, mon pote me présente Seb, et direct… Evidemment, le mec est blond vénitien quoi. Je sais pas comment on s’est retrouvé à parler de ça, justement, sa couleur de cheveux. Mais voilà que le mec commence à me dire qu’avec le sel de mer et le soleil, ses tiffs sont progressivement devenues plus douces, plus lumineuses, que tout ça montrait les bienfaits de rester dehors… Je veux dire, d’accord, les néons dans mon bureau ne me donnent pas le meilleur apport de vitamine D du monde, mais si je voulais avoir le même effet capillaire, y a des shampooings pour ça quoi. Pas besoin de faire tous ces efforts.
Du coup je creuse un peu, et là tu sais pas ce que j’apprends : le mec n’a pas de maison. Il a un minivan qu’il a personnalisé lui-même pour avoir un coin chambre, un petit coin cuisine, tout le bordel. Je te jure ! Comment on peut vivre comme ça ?! Moi dans mon 10m², tout est optimisé, c’est cozy quoi. Mais non, pour Seb c’est super important de pouvoir être mobile tout le temps. C’est là qu’il a commencé à me parler de son surf, de la vague qu’il cherche à “rider”, du “swell”, du “offshore” de ce matin sur sa session ou je sais pas trop quoi. Franchement : j’ai rien compris. Du coup je commence à être curieux de sa CSP, et vu le minivan je lui demande s’il tire un usufruit de son actif dépréciatif qu’il pourrait éventuellement placer sur un PEL à taux brut de 1% pour trouver un futur apport…
Le gars m’a regardé avec des yeux ronds comme si je parlais un langage alien. C’est là qu’on a commencé à vraiment parler boulot, et qu’il m’a dit qu’il était en congés sabbatiques depuis quelques années maintenant. Clairement, je me suis dit “mec t’es au chômage on a compris, on les connaît les mecs comme toi qui osent pas avoir la hargne de trimer pour pouvoir payer leurs loyers”. Mais aucune honte dans ce Seb, non, non : il a choisi cette vie, je cite, “pour prendre le temps de se reconnecter avec lui-même et la nature”. Donc il est là, avec son minivan parqué pas loin de la mer, et il surf à longueur de journée. C’est ça ce qu’il appelle une vie quoi.
Je t’avoue que c’est là où ça a vraiment commencé à m’agacer, tu comprends. Je lui ai dit “et l’eau, le chauffage, l’électricité, internet ? Comment tu fais pour tout ça, hein ?!”. Il m’a regardé avec son sourire Colgate là, et m’a juste rendu fou avec ses histoires. Il a d’abord commencé à me dire que l’eau lui était de base fourni par la nature, qu’il fallait juste que je me “détache de mon matérialisme” pour en profiter. Que lorsqu’il avait froid, il faisait un feu de camp sur la plage autour duquel il rencontrait par hasard des personnes fascinantes, que c’était d’ailleurs comme ça qu’il s’était retrouvé à la soirée. Et que j’étais le bienvenu si je le voulais, qu’on était tous le bienvenu parce qu’on était tous des frères et sœurs dans le miracle de la vie qu’importe notre provenance. Il n’avait même pas de smartphone le mec, juste un pauvre téléphone à clapet que quelqu’un lui a donné pour pouvoir l’appeler en cas d’urgence et de grosses vagues. Juste incroyable le mec.
Enfin bref, tu vois le genre quoi. Ca m’a juste halluciné. J’étais bien content de rentrer dans mon 10m² bien au chaud et au sec après un délire pareil. Des plans ce week-end ? Non, je crois que je vais aller à la plage. J’ai rien de prévu, et Seb m’a dit qu’il ferait beau alors je me suis dit… Pourquoi pas tiens ? Le revoir une dernière fois avant qu’il ne reparte sur la route, quelque chose à base de “suivre le cours du vent et poursuivre sa vague”. Il m’a même proposé de l’accompagner ! Franchement sympa de sa part, mais j’ai un gros dossier à terminer lundi moi hein. Ouais, celui sur lequel mon boss me prend la tête depuis des mois. Mais bon, il faut bien que je trime pour avoir mon augmentation à la fin du semestre : j’en peux plus de mon petit appart, et j’ai pas assez de thunes pour sortir. C’est difficile de faire des rencontres sans ça, tu sais bien.
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