Persona 5 Royal arrive le 31 mars sur PS4. Les fins observateurs n’ont pas pu s’empêcher de remarquer à quel point cette série devenait toujours plus importante au fil des ans, et c’est bien naturel : c’est un chef-d’oeuvre injustement ignoré.
A l’arrivée du personnage Joker dans Super Smash Bros. Ultimate, une grande partie des joueurs n’a pas compris ce qui justifiait cette apparition. Et puis une autre partie, plus petite mais très vocale, a hurlé à pleins poumons sa joie. Que s’est-il passé ? Joker est simplement le héros de Persona 5, l’un des JRPG les plus (si ce n’est le plus) respectés de cette génération. La série grandit encore et encore ces dernières années, au point que nul ne peut vraiment l’ignorer désormais. Mais pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une absolue référence, que beaucoup trop ignorent encore.
33 ans de qualité
Lorsqu’on pense “vieilles séries de JRPG”, deux noms arrivent immédiatement en tête : Dragon Quest et Final Fantasy. 1986 et 1987. Pourtant, il existe une autre série avec une telle longévité : celle des Shin Megami Tensei, dont le premier épisode Digital Devil Story remonte à 1987 et est sorti sur Famicom. Oui, on conserve le nom japonais de la NES dans ces lignes, puisque le jeu n’est tout simplement jamais sorti du Japon.
Quel rapport avec le jeu qui nous intéresse ? Absolument tout. Si la licence est devenue au fil du temps sa propre bête, Persona était à l’origine un spin-off de Shin Megami Tensei. Vous l’avez donc compris : malgré le “5” affublé, l’oeuvre remonte à bien longtemps. Mais contrairement aux Final Fantasy et Dragon Quest de ce monde, elle est restée relativement inconnue en Occident. Il faut dire que traduire un RPG coûte cher et qu’Atlus reste un “petit” producteur. Final Fantasy avait également tout explosé lors des ères Super Nintendo et PlayStation, faisant qu’il était difficile pour un autre jeu typiquement japonais de sortir du lot. Toujours est-il que des traductions anglaises ont été réalisées çà et là, permettant au nombre de fans de Persona de croître à chaque sortie. Les volumes ont augmenté, et le nombre de pays dans lesquels les jeux sont disponibles s'est agrandi. Persona 5 Royal va être sa plus grande expansion, puisqu’il profite pour la première fois d'une traduction en français (et autres langues européennes d’ailleurs).
Une histoire travaillée qui ne faillit jamais
Mais pourquoi un tel engouement ? Car Persona profite avant tout une histoire extrêmement travaillée. Au même titre que Final Fantasy ou Dragon Quest, chaque épisode est l’occasion d’introduire de nouveaux personnages pour un nouveau scénario. Cependant, les bases du monde restent sensiblement les mêmes : on crée son groupe de lycéen cherchant à lutter pour une cause commune, et affronte des Shadow qui sont des créatures maléfiques venues d’une dimension parallèle. La sauce spéciale de Persona ? Les liens sociaux. Les rencontres que vous faites durant votre journée de classe (où vous serez interrogé au tableau, attention) influencent vos capacités. Il vous faut être un élève exemplaire, socialement reconnu et actif, aussi intelligent que sociable et charismatique, pour être le meilleur combattant dans l’univers parallèle des Shadow. Tout se gère selon un calendrier, et vos choix d’activité au jour le jour auront une incidence sur tout le jeu. Une partie n’est jamais la même qu’une autre.
Au-delà de ça, Persona est une série qui sait jouer sur les émotions. Durant les 75 heures en moyenne de chaque titre, vous passerez par tous les états. Qu’il s’agisse de subir la mort d’un camarade, protéger son adorable petite soeur ou lutter contre l’oppression des puissants, Persona ne se refuse jamais la moindre thématique. En prime, la série aime les twists alambiqués qu’on ne voit jamais venir. Et ça marche, car c’est toujours superbement écrit et rythmé. On plonge dans un Persona comme on lit le roman le plus addictif, pour le même résultat final : le quitter est difficile et rend nostalgique. La marque indéniable des belles oeuvres.
Pas deux comme Persona
Il n’y a pas que sur ses scénarios que Persona a su se démarquer. C’est aussi grâce à son ambiance particulière. Bien sûr, il y a le côté “typiquement japonais” du tout qui donne l’impression de jouer à son animé préféré. La bande-son du compositeur Shoji Meguro sublime l'univers, également. Mais ce n’est pas tout : son bestiaire, unique, est remarquable. Son pandémonium se compose de créatures toujours plus charismatiques inspirées des mythes, légendes et héros du monde réel, que l’on apprend à capturer, à fusionner, à faire grandir pour devenir des monstres toujours plus puissants. Et ils ont une personnalité bien trempée !
Visuellement, la série a également toujours su tirer son épingle du jeu. Si les graphismes en eux-mêmes ne sont pas forcément incroyables, la claque vient toujours de la direction artistique. Sur ce point, Persona 5 constitue l’épisode qui a réussi à retourner le cerveau de l’industrie entière. Ses grands aplats de couleurs chatoyantes, ses animations fourmillantes, ses cinématiques travaillées ont influencé bien d’autres productions, notamment Smash Bros. Ultimate. On comprend mieux pourquoi Joker a été invité à rejoindre les rangs des combattants par la suite.
Une victoire d’équipe
Persona reste un jeu vidéo, évidemment. Et manette en main, il s’agit du RPG au tour par tour le plus actif que vous trouverez sur le marché. Pour dynamiser les combats, la recette d’Atlus est simple : chercher la coopération partout. Les liens sociaux vous aident à débloquer des actions de groupe entre deux voire trois membres de votre équipe, jusqu’aux “All Out Attack” où tous se jettent en même temps sur un ennemi affaibli. A vous de trouver la bonne faiblesse à exploiter sur chaque monstre et au bon rythme, pour réussir à débloquer les meilleurs combinaisons d’attaque de votre équipe.
Persona 5 sort particulièrement du lot en ce sens, puisqu’il incarne une sorte d’épisode anniversaire où toutes les mécaniques de gameplay développées dans la série font leur retour. Vous pouvez ainsi devenir amis avec les Shadow vaincus, les interroger pour vous sortir plus facilement du donjon, ou même leur voler des pièces. Jouer à Persona 5, c’est voir chacune de ses décisions être récompensées d’une manière ou d’une autre : une énorme attaque, une pièce d’équipement rare, une belle somme d’argent... Mais la progression se fait naturellement : tout devient instinctif au fil du jeu et ne pose jamais le moindre problème de compréhension.
Alors, qu’attendez-vous ? Persona 5 Royal, qui sortira le 31 mars sur PlayStation 4, est le premier jeu de la série à être traduit en français. Vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas goûter à un JRPG d’exception qui n’attend qu’une seule chose : vous accueillir dans son univers unique et savoureux.