Ça y est : Pokémon passe à un système de Season Pass. Il aura fallu attendre la Nintendo Switch et les versions Épée et Bouclier, mais c’est chose faite : il semble que les versions additionnelles d’une génération soient une chose du passé. Ici, on pense que c’est une très bonne nouvelle.
Certains crieront au génie, d’autres à la fin de toute une ère. Oui, Pokémon semble se diriger vers un système de season pass plutôt qu’une énième « troisième version » pour sa génération, ou même une suite 1.5 qui ne dit pas son nom comme ce fût le cas d’Ultra Soleil et Lune. Le changement reste tout de même drastique, puisque dans toute son histoire, Pokémon n’a jusque là jamais connu un tel soutien post sortie. Oh il y a bien sûr eu quelques distributions de Pokémon çà et là, mais rien qui ne soit vraiment comparable. Et dans les faits… C’est une excellente chose.
Un système qui a fait son temps
Parlons d’abord de ce qu’il était. Pokémon a toujours été une formule un brin en suspension dans le temps. Depuis la Game Boy et les versions Bleu/Rouge (ou Vert/Rouge pour nos amis japonais), le titre a trouvé sa formule de gameplay : une ville de départ, des badges à amasser, des Pokémon sauvages partout à capturer. La boucle est simple, mais terriblement addictive. Mais si ce n’est quelques subtilités ajoutées comme de nouveaux types ou des bébés, le principal attrait d’une nouvelle version a toujours été d’y découvrir de nouveaux Pokémon et une nouvelle région inspirée du monde réel. Et du même temps, une histoire pensée pour mettre en avant ces ajouts, souvent très enfantine.
Pokémon Épée et Bouclier marque la huitième génération de Pokémon. Et lorsqu’on les a toutes connues, difficile de ne pas voir les grosses ficelles apparaître devant ses yeux… et potentiellement avoir envie de plus. Épée et Bouclier ont marqué un petit pas en avant pour la série en créant le système de terres sauvages et de raid, qui sont la grande nouveauté de cette génération, mais pour certains… Ça n’était pas suffisant. Ces zones ont du potentiel, mais ne sont pas assez étendues pour être marquantes.
Et puis, il y a les versions. À l’arrivée d’Ultra Soleil et Ultra Lune, une petite frange des fans a eu du mal à encaisser la sortie de la version 1.5 améliorée seulement un an après Soleil et Lune. Ce qui était une tradition de la série Pokémon à l’époque devenait petit à petit une faiblesse. Les habitudes et attentes des joueurs ne sont tout simplement plus les mêmes à l’ère du tout connecté et du « jeu en tant que service ».
Connectez les tous
Mais justement… Pokémon, c’est pas un « jeu en tant que service » ? Il a tout ce qu’il faut pour l’être tout du moins, puisqu’on peut résumer grossièrement la formule à « de nouveaux Pokémon et une nouvelle région chaque année ». C’est typiquement la proposition que fait la majorité des développeurs de ce secteur du jeu constamment mis à jour : l’idée de rajouter des contenus régulièrement tout autant que faire quelques ajustements de gameplay, pour que les joueurs restent agrippés au monde proposé.
La mentalité ne correspond pas totalement à Pokémon, mais vaut mieux que le modèle aujourd’hui dépassé appliqué jusqu’ici. Et Nintendo semble en avoir pris conscience, comme on peut le voir en observant les apports du pass d’extension de Pokémon Épée et Bouclier. Il s’agit autant de DLC d’histoire que de DLC purement mécaniques. D’un côté, nous avons le droit à deux nouveaux scénarios qui nous permettront de creuser un peu plus l’univers… et découvrir de nouveaux légendaires, ça n’est pas rien.
Mais de l’autre, nous avons aussi de nouvelles Terres Sauvages qui semblent plus étendues, et profitent donc un peu plus encore de la caméra libre et de l’environnement 3D. C’est aussi l’occasion d’intégrer toujours plus de Pokémon des générations précédentes, aussi bien communs que légendaires. Voilà des évolutions demandées par les fans de la série depuis bien des lunes, et qui sont aussi faites directement en réponse aux critiques faites sur Épée et Bouclier à leur sortie.
Pour grandir, il faut évoluer
Le Pass d’extension est important pour l’évolution de la série Pokémon. Plus qu’on pourrait le penser. Les presques 900 bêtes qui font le bestiaire de la série sont devenus un fardeau de développement, puisqu’elles coûtent une fortune à créer et recréer à mesure que la 3D évolue. Certains assets peuvent être réutilisés bien sûr, comme certaines animations ou squelettes 3D, mais une grande partie doit être recréé. Or, les joueurs demandent de voir leurs monstres favoris à chaque épisode, et pouvoir blinder leur Pokédex de toutes les créatures qui le compose. Il faut donc pouvoir essuyer ces coûts.
Et puis, il y a l’évolution de la série. En étant annuel et épisodique, Pokémon s’est enfermé dans un carcan où il ne peut pas prendre énormément de risque. Forcément, les nouveaux épisodes sont toujours un brin familiers, et peuvent devenir lassants pour les joueurs de la première garde qui n’ont jamais lâché Pikachu. Avec un pass d’extension, Game Freak peut se permettre de tester de nouvelles choses, voir la réaction du public, et s’y adapter pour un prochain grand épisode. D’autant que ce dernier peut se permettre de sortir un peu plus tard, puisque le pass d’extension rajoute de la longévité à la version précédente, ce qui débloque un peu de temps pour les équipes de développement afin de s’assurer que leur copie est propre.
Sans compter l’événementiel, un trait connu de Pokémon mais qui a surtout eu de l’impact au Japon avant qu’internet n’arrive. Dans cette mentalité connectée, notamment grâce aux raids, il est bien plus simple pour The Pokémon Company de créer des événements spéciaux pour fêter la sortie d’un film, d’une série animée, d’une extension de jeu de cartes… En somme, de créer de l’interactivité entre tous les aspects de la licence Pokémon. Le raid Mewtwo pour la sortie du remake du film Pokémon en est la preuve. Et ça marche !