Nous avons eu la chance de nous entretenir avec le YouTuber Masskash, qui nous a partagé sa passion pour la collection de cartes Pokémon. L’occasion de se mettre dans la peau d’un collectionneur, mais aussi de comprendre comment tout cela s’articule.
Peux-tu te présenter rapidement pour les gens qui ne te connaissent pas ?
Je suis Masskash, un collectionneur de 21 ans qui s’est lancé sur YouTube au printemps 2018. J’ai repris Pokémon à 18 ans, pour en faire une collection jusqu’à maintenant. Depuis l’âge de mes 10-12 ans j’étais persuadé qu’il y avait quelque chose à faire avec les cartes Pokémon, que ce n’était pas que des bouts de carton. Très tôt j’ai commencé à m’intéresser aux cotes et à la valeur des cartes parce que j’avais persuadé mes parents - qui étaient un petit peu réticents à l’idée d’en acheter - qu’il y avait un intérêt à en obtenir. Donc j’ai très tôt commencé à leur parler de la valeur des cartes même si j’étais très jeune. Du coup cela fait très longtemps que je suis axé sur la collection et le potentiel de ces cartes Pokémon.
Comment t’es venue l’envie de te lancer dans ta collection ? Tu as commencé dans une logique d’investissement ?
Non, pas du tout. Je suis très très collectionneur, beaucoup plus qu’investisseur même. Mais de base c’était vraiment quelque chose dont je parlais à mes parents en leur disant “je veux ces cartes pour les collectionner”, mon père pensait lui que c’était jeter de l’argent par les fenêtres. Alors que si je lui disais “regarde papa, le mois dernier Dracaufeu Ex se vendait à 50€ et ce mois-ci il est à 80€”, disons qu’il allait être moins réticent à cette idée. C'était surtout un aspect persuasif de parler d’investissement à mes parents quand j’étais jeune.
Des conseils pour démarrer une collection ? Des erreurs à éviter ?
Il faut prendre le temps pour tout. Il ne faut surtout pas se lancer tête baissée. Ou du moins, quand on y connaît vraiment rien, il ne faut pas se lancer sans être accompagné. Si on fait ça en solo, il faut surtout prendre le temps de bien analyser le marché et de se construire un réseau. C’est-à-dire que lorsqu’on se lance dans une collection il y a des groupes Facebook qui sont présents où on rencontre petit à petit des gens au quotidien. On voit passer des choses sans forcément être à la recherche d’information, et c’est ça qui est intéressant. En accumulant les connaissances, on n’est pas juste investisseur dans le milieu ou collectionneur, on apprend des choses sans le vouloir. Et c’est parfait pour s’immerger dans le milieu. Il faut vraiment en avoir envie et faire ces petits efforts au quotidien.
Comment et où est-ce que tu trouves tes cartes ?
Il y a plusieurs plateformes. En ce moment il y a Vinted qui fonctionne très bien grâce à la pub, surtout que les vendeurs ne payent pas de frais en passant par là. Sinon, ça passe beaucoup sur Ebay aussi, qui est une référence en termes de prix. Leboncoin un peu moins, on y trouve pas mal d’arnaques depuis un moment donc je n’y vais plus. Et sinon il y a toujours Rakuten qui est un très bon site pour les acheteurs du fait qu’ils font beaucoup de promotions.
Est-ce que tu les achètes une par une, ou directement par boosters ?
J’ai souvent été collectionneur de scellés parce que pour moi c’était beaucoup plus simple. Comme je le dis souvent dans mes vidéos, le truc c’est qu’avec le scellé on ne se pose pas de question concernant l’état des cartes. C’est soit le pack est fermé soit il est ouvert. Il y a moins de précautions à prendre, surtout avec ces cartes qui s'abîment très facilement, et avec les gens qui vont faire attention au moindre petit défaut... Avec les cartes seules il y a une très grosse valeur ajoutée en termes de certification. Disons que, c’est vraiment quelque chose qui est plus poussé et du coup aujourd'hui je m’intéresse beaucoup plus aux cartes seules. Du scellé j’en ai fait très longtemps dans ma vie, et j’avais envie de me mettre à autre chose ces dernières années.
Comment évoluent les cotes des cartes ? Quels paramètres influent sur le prix d’une carte ?
Aujourd’hui il faut savoir que les gens ne jurent que par les organismes de certification. En France on a PCA, aux Etats-Unis il y a PSA et BGS. En fait, ce sont des entreprises qui vont attribuer une note à une carte, basée sur des critères prédéfinis comme la surface, le cadrage, tout ce qui est état des coins et l’état des bords. Ces quatre paramètres entrent en jeu et sont évalués par des professionnels. Du coup ça donne une valeur objective de la carte. Ça permet de lutter contre tout ce qui est débutants qui disent que leur carte est neuve alors que sur une échelle de 1 à 10, elle n’a que 4 ou 5. Alors qu’un collectionneur quand on lui dit neuf il s’attend à avoir une note comprise entre 8, 9 et 10.
Quels sont les dangers et arnaques possibles ? Comment repérer une carte fake ?
Pour grossir le trait, il n’y a pas de test, pour toutes les cartes ultra rares normalement il y a des stries sur la carte qui fait que la carte a un relief, une texture. Aujourd’hui les fabricants de fausses cartes n’arrivent pas à les reproduire, leurs cartes sont toutes lisses. Chose qui ne devrait pas être le cas. Et si on parle vraiment de fausses cartes normales, généralement les bords sont très très gros et on y voit un reflet arc-en-ciel dégueulasse avec des couleurs très ternes. Ou alors c’est le contraire et les couleurs ressortent avec beaucoup d’intensité.
Tu t’es déjà fait arnaquer ?
Non, car j’arrive à reconnaître les fausses cartes et les faux boosters. Disons que j’ai été arnaqué une fois par un Portugais quand je commençais l’investissement sur des boosters anglais au mois d’octobre. Il m’avait envoyé des boosters recollés, c'est-à-dire qu’il avait ouvert des vrais paquets pour y remettre des cartes et il avait rescellé les paquets à l’aide d’un fer à repasser. Chose qui est totalement faisable aujourd’hui. Mais j’avais quand même remarqué qu’il y avait quelque chose qui clochait et du coup je les ai renvoyé et il m’a remboursé. Des novices seraient sûrement tombés dans le panneau. Il y a de plus en plus de techniques qui font que les arnaques se multiplient.
Est-il possible de voir les cartes Pokémon comme un investissement ?
Oui, c’est tout à fait possible. Dans le sens où, jusqu’à présent, j’ai fait un tableau récemment, quasiment toutes les séries ont pris en cote entre 2020 et 2021. Donc évidemment Pokémon est “rentable”, mais je dis toujours aux personnes qui veulent investir dessus de le faire sur des pièces qu’ils aiment, c’est ce que je fais tout le temps. Je ne cherche pas toujours la meilleure rentabilité lorsque j’investis, parce que je sais que je pourrai les garder longtemps car ça me fait toujours plaisir de les voir. Après, il faut aussi savoir être original. Je le dis parce qu’il y a des personnes qui vont lire cette interview et qui vont savoir qu’il y a une grosse hype sur tout ce qui est XY Evolution, sur le même type de séries, ce qui pourrait provoquer l’éclatement de la bulle puisque c’est de la fausse spéculation, de la fausse demande. Si j’ai un conseil à donner aux personnes qui veulent vraiment investir dans Pokémon : investissez sur ce que vous aimez. Et pour les autres, soyez originaux.
Et comment ça fonctionne ?
Pour repérer le bon type de carte il faut déjà regarder les cartes qui sont potentiellement vieilles. C'est-à-dire que Pokémon marche toujours de la même façon. Les premières cartes ont commencé à coter, puis ça a été la deuxième génération, puis la troisième etc… Du coup les gens comprennent ce phénomène de vagues qui arrivent de générations en générations. Plus le temps passe, plus les cartes qui vieillissent deviennent rares. Les gens commencent à se projeter et acheter des cartes de plus en plus récentes. Donc, pour repérer les cartes intéressantes, il faut toujours prendre des cartes neuves et qui ne sont pas encore trop montées. Evidemment cela dépend aussi du montant que la personne va investir. Effectivement avec un budget de 100 000€ on peut facilement se lancer sur des cartes qui en coûtent déjà la moitié et en faire un bel investissement.
On peut en vivre ?
Oui on peut en vivre, après moi je ne le conseille absolument pas, dans le sens où c’est quelque chose qui dépend du marché. C’est faisable, il y a même des personnes qui ont des métiers reliés à ça, mais ce n’est carrément pas stable et je ne le recommande absolument pas. Ça peut être un complément de revenus qui nous permet de prendre du plaisir en dégageant un peu d’argent. Moi je le vois comme un loisir, et généralement quand on a une passion on passe plus de temps à l’entretenir qu’à y gagner des sous. C’est ça la vraie force des cartes Pokémon.
De quelle carte de ta collection es-tu le plus fier ? Pourquoi ?
C’est une carte que j’avais tiré d’un booster quand j’étais petit, que j’ai réussi à retrouver il y a maintenant 8 ans. Elle était sortie des radars pendant 4-5 ans. Elle est défoncée, elle ne vaut absolument rien sur le plan financier, et je suis fier d’elle parce que sans elle je n’aurais même pas recommencer à collectionner des cartes Pokémon. Le vrai moteur de ma collection, c’est la nostalgie. Si je n’avais pas cette fibre et ce soupçon de mes années primaires je n’aurais pas repris. C’est pas grand chose, mais ça montre bien que je suis plus motivé par la collection que par l’investissement. L’investissement est souvent une façade. Personne ne dit collectionner les cartes parce qu’elles sont trop bien. C’est dur à présenter de la sorte, alors qu’en parlant de ça comme d’un investissement ça peut intéresser n’importe qui. Beaucoup de gens se cachent derrière ça. Sinon, pour en revenir à ma carte il s’agit d’un Kaimorse ex de Gardien du pouvoir.
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