On a souvent entendu le nom People Can Fly en conjonction avec celui d’Epic Games. Aujourd’hui, il cherche à voler de ses propres ailes.
Lorsque l’on est joueur, on a tendance à plutôt voir le produit fini. Le jeu complet. L’expérience proposée. Le scénario, le gameplay, les graphismes. Et si l’on applaudit bien fort et longuement les jeux qui savent nous toucher humainement grâce à leurs personnages et leurs histoires, on oublie parfois que derrière ces humains faits de polygones se cachent… de vraies personnes. Qui vivent elles-mêmes des drames humains puissants qui forgent leur désir créatif. Pour People Can Fly, c’est une histoire d’amitiés brisées et forgées qui est à l’origine de sa création.
Petites histoires entre amis
Pour bien comprendre People Can Fly, il faut connaître un homme instrumental : Adrian Chmielarz. Le polonais d’aujourd’hui 50 ans a grandi dans un contexte difficile, mais a tout de même réussi à se passionner par l’informatique. Mais pour soutenir sa grandissante passion, il lui a fallu faire avec les moyens du bord… Soit vendre des films étrangers en VHS. De même par la suite avec les jeux vidéo, alors que la Pologne était jusque là peu considérée par les éditeurs qui ne sortaient leurs jeux dans le pays que des semaines après les autres, quand ils les sortaient tout court. Cela a conduit à la création d’une véritable boutique de revente qui faisait énormément d’argent, mais Adrian Chmielarz a fait un choix étonnant : il a tout plaqué pour reprendre ses études à l’université technologique de Wroclaw. Pour tout replaquer ensuite à la poursuite d’un nouveau rêve : celui de créer des jeux vidéo avec Grzegorz Miechowski, son ami depuis le lycée.
La paire a fondé le studio Metropolis Software en 1992, à une époque où le jeu vidéo polonais n’était pas encore tout à fait reconnu. Après son premier jeu Tajemnica Statuetki, il a particulièrement été reconnu pour la qualité du titre Teenagent en 1995. Son dernier jeu, Gorky 17, a été le premier à connaître une publication en dehors de l’Europe (il a été rebaptisé Odium en Amérique du Nord). Mais hélas, l’amitié forgée dans l’enfance s’est délitée : Adrian Chmielarz est parti du studio qu’il a cofondé avec Miechowski après ce jeu, citant un conflit interne qui aujourd’hui encore n’a toujours pas été révélé au public. Les deux créateurs restent silencieux sur la question, mais une chose est sûre : la cicatrice est toujours douloureuse, même aujourd’hui.
Après avoir longtemps pensé à quitter l’industrie, Adrian Chmielarz a finalement choisi de créer un nouveau studio : People Can Fly. Avec une philosophie principale, comme il l’a dévoilé à Polygon lors d’une interview : « People Can Fly était un parapluie pour tous les développeurs frustrés de ce qu’était le développement de jeu à cette époque. » Leur premier jeu, Painkiller, a réussi à récupérer énormément de prix, dont celui du meilleur FPS de l’année par le magazine Computer Gaming World face à Half-Life 2 et Doom 3. Ou comment très vite se faire remarquer par l’industrie, et notamment THQ qui s’est allié avec le studio pour éditer son prochain titre… jusqu’à les abandonner du jour au lendemain, laissant le studio dans un trou noir financier.
Et c’est là que People Can Fly s’est trouvé un nouvel ami. Tentant le tout pour le tout, Chmielarz a contacté Epic Games en 2006 avec une demande : pouvoir tester Unreal Engine 3 avant tout le monde. Dans un superbe twist du destin, c’est le vice président Mark Rein qui a répondu à l’appel et leur a offert cette opportunité. Et en un mois, People Can Fly a créé une démo si impressionnante qu’Epic Games a décidé de sauver le studio ; d’abord en lui offrant le développement de la version PC de Gears Of War, pour renflouer rapidement les caisses, puis en éditant leur nouveau jeu Bulletstorm. Après avoir développé pour eux Gears of War Judgement, People Can Fly a été officiellement racheté par Epic Games en 2012. Mais Chmielarz, qui cite une différence de vision dans ce que sera l’avenir du jeu vidéo, a décidé de reprendre le chemin de l’indépendance en fondant un nouveau studio baptisé The Astronauts. Son ADN n’a cependant jamais quitté People Can Fly, qui a également choisi de retrouver son indépendance en 2015.
Retrouvez Outriders sur Micromania