Vous ne comprenez pas pourquoi tant de gens jouent à Nioh ou encore Demon’s Souls ? C’est pourtant simple : nous ce qu’on aime dans le jeu vidéo, c’est mourir.
Je vois toujours plus de gens être surpris de l’attrait que peuvent avoir des titres comme Nioh ou encore le dernier Demon’s Souls. Il faut bien avouer que ces expériences sont souvent aux antipodes de ce que la masse produit : l’histoire n’est pas nécessairement clairement lisible, les cinématiques se font rares, et il faut investir plusieurs dizaines voire centaines d’heures de jeu pour venir à bout de toute l’expérience. Quand on compare aux The Last of Us et autres Uncharted de ce monde, c’est sûr que c’est quelque peu choquant.
Je vous ai déjà expliqué plus tôt que dans les Souls, la philosophie majoritaire était tout simplement “Git gud”, ou l’expression qui attend la moindre personne demandant des conseils. Car oui, il faut l’admettre : ce nouveau genre de jeu se repose énormément sur ce que l’on appelait le “die’n’retry” à l’origine, soit l’idée que pour aller au bout de l’expérience, il fallait forcément l’apprendre par cœur en tombant dans d’innombrables pièges pour cela. Alors ça, bien sûr, c’est la face visible de l’iceberg. Mais je suis là pour que quelqu’un l’admette enfin : en vrai, ce qu’on aime, c’est mourir. Purement et simplement.
Les jeux de la catharsis
Il y a plusieurs profils bien sûr dans ce cadre. Et je ne vous dévoilerai jamais lequel est le mien précisément. Mais commençons déjà par les philosophes en herbe. Parce que oui, certains jouent à Nioh pour la simple mais très bonne raison de faire l’expérience de la mort… Sans mourir. C’est un peu comme avoir son expérience transcendantale, aller voir la lumière au bout du tunnel, mais revenir. Pour eux, l’idée de mourir dans un jeu vidéo, c’est de pouvoir écrire une thèse ensuite sur les bienfaits du média sur la psyché humaine, comment avoir une manette en main nous aide à transcender notre nature même pour atteindre un nouvel état de conscience métaphysique. T’as rien compris ? T’inquiète pas : la moitié du temps, eux-même ne se comprennent pas quand ils parlent. Mais ça sonne intelligent, alors pourquoi pas après tout.
Et puis il y a ceux qui sont tellement dans le jeu vidéo qu’ils voient tout en termes de skills. Tu t’es déjà retrouvé dans une file d’attente bien chiante en te poussant à garder ton calme, juste pour level up ta patience jusqu’à son niveau maximal ? Pour eux, c’est la même chose : l’expérience de l’ambition condamnée à être frustrée et de la terreur de la mort imminente dans le jeu vidéo leur permet d’évoluer dans la vraie vie. De se dire que lorsque viendra leur tour, ils sauront accueillir la faucheuse à bras ouverts. Et pourquoi pas faire des roulades en sa compagnie en riant gaiement du cycle de la vie qui à jamais perdure. Ces joueurs-là, t’inquiète pas, ils ne font de mal à personne. C’est un peu les hippies du lot quoi, ils ne sont jamais troublés par rien et peuvent encaisser beaucoup.
Enfin, on a les joueurs… qui veulent être punis. Faut dire qu’ils étaient habitués à mourir en boucle dans leur prime jeunesse, alors quand ils finissent par réussir à flinguer n’importe quel titre AAA sans tomber une fois en mode difficile… Ils ont un peu l’impression que quelque chose cloche. Qu’ils ont feinté. Qu’ils ne méritent pas leur place. Et bon, eux, la solution qu’ils ont trouvé face à ce paradoxe mental… C’est la fessée. La claque dans la bouche. Appelons un chat un chat : la flagellation. Hey, pas de jugement, il faut de tout pour faire un monde et ils sont pas mal placés dans le cercle social non plus quoi. C’est juste que bon, t’as vraiment pas envie de partir en vacances dans leurs têtes. Les gens qui te font dire que la télépathie, en fait, c’est le pire des pouvoirs que tu puisses jamais avoir. Essaie juste de ne pas penser à ton pote fan de Souls en ces termes, tu risques de le regarder bizarrement la prochaine fois que tu le croises.
Mourir, c’est le grand drame de la psyché humaine. Mais dans le jeu vidéo, ça peut aussi être son salut. Sa psychothérapie. Son échappatoire. Alors, si tu es parfaitement honnête avec toi-même, quel genre de joueur es-tu face à la mort ? Promis, on ne juge personne.
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