No Straight Roads : l’essor du jeu vidéo malaisien
Dossier
PUBLIÉ LE 18 juin 2020

No Straight Roads : l’essor
du jeu vidéo malaisien

Crédit : Metronomik
Nico Prat
Nico Prat
Expert Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 18 juin 2020

Mayday et Zuke, membres d'un groupe de rock indé, décident de mener une révolution contre l'empire de la musique électronique. Un pitch fou, une aventure qui l’est tout autant, mais aussi et surtout, un studio derrière tout cela, et un pays qui vit pour le jeu vidéo.

Metronomik. Ce nom ne dit sans doute pas grand chose aux lecteurs, quand bien même ils seraient des joueurs aguerris, curieux. Car Metronomik n’est pour l’heure le fier parent que d’un seul jeu, ce No Straight Roads donc. Mais son fondateur est lui un habitué des AAA : Wan Hazmer. Pas n’importe qui, rien de moins qu’un ancien lead game designer de Square Enix. En 2017, Wan Hazmer quittait la compagnie avec des envies de liberté et de légèreté après s'être fait un nom comme étant l'un des principaux concepteurs de Final Fantasy XV. Un grand nom donc. Quelques mois après son départ, c’est aux côtés de Daim Dziauddin, natif de Malaisie comme lui, et ancien collègue (il fut animateur sur Final Fantasy XIV : Stormblood), qu’il lance Metronomik, avec une ambition : offrir des conditions de travail saines, dans un milieu qui d’ordinaire, encourage le crunch, les dépassements de soi, les nocturnes au bureau. Chez Metronomik, la vingtaine d’employés travaille aux heures de leurs choix, viennent d’horizons variés, partent en weekend, et un employé est même là-bas à temps plein uniquement pour tester différents jeux du marché, et ainsi rapporter ce qui se fait, ce qui se joue. Un havre de paix ? En tout cas, un nouveau départ. Depuis chez eux, en Malaisie, pays d'Asie du Sud-Est, situé à environ 200 km au nord de l'équateur.

Crédit : Metronomik

Influences locales, pensée globale

Un choix du coeur donc, mais aussi, malin d’un strict point de vue “business”. Car si, comme dans beaucoup de pays, la population malaisienne urbaine est friande de jeux, de tous les jeux (75% des joueurs et joueuses le sont sur mobile, 66% sur PC, 55% sur consoles), il n’en demeure pas moins qu’en termes de production vidéoludique, “nous ne sommes pas encore des adultes, mais plus non plus des enfants, disons que nous sommes des adolescents, mais que nous ne cessons de grandir”. Ainsi s’exprime, dans les pages du Digital News Asia, Hasnul Hadi Samsudin, président de Digital Creative Content, acteur et commentateur de l’industrie. Il a raison. Les faits sont là, tout comme les possibilités. D’une part, bon nombre de studios ouvrent leurs portes là-bas, Metronomik donc, mais aussi Magnus Games (Re:Legend) et Kaigan Games (Sara Is Missing), ainsi que le géant Bandai Namco, qui y a ouvert des bureaux, rejoignant ainsi des sociétés déjà bien installés, comme Passion Republic, Lemon Sky Studios (350 employés) et Streamline Games, familiers des AAA. De plus, neuf universités malaisiennes proposent aujourd’hui des cursus de création de jeux vidéo. Mais beaucoup reste à faire. Hasnul Hadi Samsudin l’affirme : “le marché du jeu vidéo est un marché global, mondial. Il faut donc penser global”. Comprendre : injecter des influences locales dans des jeux qui parlent au monde entier. De même, le gouvernement malaisien est à la traîne au moment de soutenir cette filière, tandis que la grande majorité des talents peinent à exercer ces talents en dehors de Kuala Lumpur, la capitale.

Crédit : Metronomik

Le secteur vidéoludique malaisien, lentement mais sûrement, grandit donc, accueillant chaque jour davantage de joueurs, de créateurs, de studios. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’un grand nombre de jeux ont été, tout du moins en partie, fabriqués là-bas, sans même que nous le sachions parfois. Pour Uncharted 4, Naughty Dog fit appel à Passion Republic pour la création de centaines d’artefacts et de trésors, le tout en moins de six semaines. Pour Dark Souls 3, FromSoftware eu besoin de renforts de ce même studio. Street Fighter V n’existerait pas sans Streamline Studios. Enfin, permettez nous de terminer sur un conseil : Jump Smash, ou le FIFA du badminton, disponible sur mobile. Un régal. Et c’est Made In Malaysia.

Retrouvez No Straight Roads dans la boutique Micromania