Une Nissan GTR, des éclairs sur les flancs, une rue sombre et du turbo fluo… Tout ça sent bon la PS2 et les longues soirées passées devant le king incontesté de la course d’arcade : Need For Speed 2. La sortie de Unbound, son arrière-arrière-arrière-petit-fils nous a donné envie de parler d’un truc : les (vrais) jeux de course d’arcade se font trop rares, et c’est bien dommage.
Burnout Paradise, Split Second Velocity, Need For Speed Underground 1 et 2… La première décennie du XXIème siècle a clairement été celle des jeux de course d’arcade. Des jeux qu’on pouvait prendre en main facilement et qui nous garantissaient des heures de fun, de tuning et de courses urbaines endiablées.
Arcade, simulation et le cycle perpétuel
L’histoire des jeux vidéo de course est celle d’un cycle perpétuel. Et, certains ont tendance à l’oublier mais, tout a commencé dans les salles d’arcades. S’il ne fallait en citer qu’un, ce serait sûrement le pionnier Outrun. Le principe était tout simple : une Ferrari, un conducteur, une route qui défile devant soi et quelques coups de volant à donner pour éviter les autres véhicules. Alors, soyons-clairs : il fallait bien quelques parties pour comprendre le truc… Mais, dans l’idée, le jeu était destiné à tous et toutes, pas uniquement aux conducteurs chevronnés. Les années 1980 voient un bon nombre de jeux d’arcade fleurir sur toutes les bornes du monde. Durant la décennie suivante, avec l’arrivée de la 3D et la généralisation de consoles toujours plus puissantes, de nouveaux jeux de course font leur apparition. Au milieu de titres plus estampillés “arcade” comme Ridge Racer (héritier d’une franchise née sur une borne d’arcade, tiens, tiens) apparaissent notamment des jeux centrés sur le rallye et la Formule 1, très axés simulation.
Mais c’est l’année 1997 qui va tout changer. Le 8 mai sort Gran Turismo, un jeu qui pousse la simulation à son paroxysme. Le jeu de Kazunori Yamauchi est une révolution et s’impose comme la référence, proposant une gestion des dégâts ultra réalistes, des vrais circuits et, surtout, un nombre incalculable de voitures à utiliser… Il faut attendre le début des années 2000 pour voir un nouveau type de jeu de course émerger, dans le sillage de l’immense succès du film “Fast & Furious” et son esthétique sombre, urbaine et orientée sur l’illégalité et le tuning…
Les débuts et (déjà) l’apogée
Les aventures de Paul Walker et Vin Diesel marquent un tournant dans l’histoire du jeu vidéo. Pourquoi ? Elles donnent naissance, par ricochet, à l’un des titres fondateurs du genre arcade que l’on n’a jamais retrouvé depuis : Need For Speed Underground 1 et 2. Alors, oui, on parle des deux en même temps car ils sont sortis respectivement en 2003 et 2004 (les mecs chez EA n’ont pas le temps). Dans les deux titres de la franchise lancée en 1994 (et originellement centrée sur la simu, comme quoi), sont de vrais chefs-d'œuvre. Pourquoi ? Ils sont tout d’abord faciles à prendre en main et la conduite y est assistée et intuitive. Ensuite, ils concentrent en eux tout ce que les joueurs recherchent à l’époque : des courses en milieu urbain et des décors moins “propres” et conventionnels. Mais, surtout, NFS Underground fait mouche en proposant des possibilités presque infinies en matière de personnalisation de véhicules. Dans les deux titres, le “tuning” est élevé au rang d’art et y gagne ses lettres de noblesse. Le succès est immense, installe définitivement l’arcade dans le paysage vidéoludique et donne lieu à de nombreuses suites et imitations de grande qualité. On pense évidemment à Need For Speed Most Wanted, Hot Pursuit ou à d’autres licences comme Burnout (Paradise a jamais dans nos coeurs). Bref, c’était clairement la bonne époque.
La fin d’un état d’esprit
Ce qu’il faut bien comprendre quand on parle “d’arcade”, c’est que ce n’est pas forcément uniquement le système de jeu qui l’est, c’est aussi l’état d’esprit général du titre. Et ça, à partir de la 3ème génération de consoles, cela va changer. À partir des années 2010, on entre dans une ère centrée autour de la performance. Au départ, cette notion de performance est principalement liée aux graphismes et au moteur de jeu… Mais d’une certaine manière, cela se retranscrit dans le contenu…. Et c’est probablement lié à la demande : les enfants des fans de NFS Underground recherchent des jeux où tout est plus réaliste : les graphismes, la conduite, tout… Des jeux tels que Forza Horizon (Xbox) apparaissent et des franchises autrefois très populaires disparaissent peu à peu (Burnout)...
Bon, Forza est un cas un peu à part. Le titre original, sorti en 2005, est l’équivalent Xbox de Gran Turismo, soit une simulation pure et dure. En 2012, les développeurs se décident à sortir une version moins simu, plus axée sur le fun et l’exploration : Forza Horizon. Si le titre est bel et bien plus axé arcade, il suffit de régler quelques détails pour retomber dans une simulation qui n’a rien à envier… À Forza. Tu suis ? Finalement, si l’arcade existe toujours (techniquement), c’est son état-d’esprit qui s’est volatilisé. Désormais, sur un jeu comme Forza, ou même The Crew 2, il est possible de conduire avec un vrai setup digne du SimRacing comprenant volant, pédales et boîtier de vitesses. Le SimRacing, d’ailleurs, a gagné en popularité ces dernières années et a aussi probablement influencé les développeurs. Bref, il est loin le temps où l’on pouvait gagner des courses avec une 206 tunée avec des néons rouges en mode parking du Nord-Pas-de-Calais.
Lueur d’espoir ?
Mais alors, tout est perdu ? Non, pas forcément. Avec la sortie d’Unbound, la série Need For Speed revient aux basiques et à ce qui a fait son succès : le fun. Il n’y a qu’à voir le gameplay et ces petits détails colorés quand on fait un dérapage. Cela n’a beau pas plaire à tout le monde, c’est le symbole que l’arcade pure et dure est bel et bien de retour. Et ça fait du bien. D’ailleurs, l’esthétique de la ville (métro aérien, pont-levis) et les séquences de nuit nous rappellent étrangement… Need for Speed Underground. Si c’est pas un signe, ça…
De quoi relancer l’intérêt pour la vraie course d’arcade ? Seul le temps nous le dira. Mais, rappelle-toi, les jeux de voiture, c’est un éternel recommencement.
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