La musique adoucit les mœurs et le jeu vidéo. Dans Road 96 qui arrive sur consoles Xbox et Playstation, elle y joue un véritable rôle et participe à rendre le jeu prenant et unique. Car dans un road trip, rien de mieux que la musique pour faire passer le temps plus rapidement.
Cocoon, The Toxic Avengers, Alexis Laugier… Tous ces artistes composent la bande-originale très fournie du jeu du studio français Digixart. 28 tracks, pour un jeu indépendant qui se finit en moins de 10 heures, c’est beaucoup. Et on sent que le but est que la musique puisse faire partie intégrante du tout. Elle n’est pas seulement là pour habiller une scène, mais aussi pour l’animer.
Un chapitrage musical qui a du sens
Après avoir choisi un adolescent à la recherche de liberté, le jeu se divise en parties pendant lesquelles on rencontre à chaque fois un ou plusieurs des personnages charismatiques : Zoé, Joe, Jarod, Fanny, etc. Et lorsque le chapitre débute, il porte un nom, dans le même style que le lancement d’une mission dans Ghost of Tsushima par exemple. Sauf que la petite particularité ici, c’est que ce nom n’est pas anodin : il s’agit du titre d’une chanson, d’un album ou d’un groupe de musique. Ce n’est donc pas la mélodie qui est le plus important, mais plutôt le titre et les paroles de la chanson choisie. Petit exemple : un des chapitres s’appelle “The Wild Boys” tiré du titre du même nom écrit par le groupe britannique Duran Duran. Même si cette musique date de 1984, elle passe très bien avec ce que ce passage veut exprimer. On y retrouve les frères cambrioleurs Stan et Mitch qui sont totalement à la ramasse et un peu fous sur les bords. Ils sont sauvages donc “wild” en anglais. Le fait de nommer un chapitre à partir de titres musicaux permet aussi de réfléchir à ce qu’il nous réserve. Si on est assez curieux pour aller regarder les paroles de la chanson en question. D’autres artistes ont le droit à des hommages comme Jermaine Jackson, Willie Nelson, Jackson Browne, etc.
Toujours du son dans mon walkman
Lors de la pérégrination des différents personnages en fugue, on peut trouver des collectibles spéciaux : des cassettes audio. Chacune contient une musique de la bande originale du jeu, comme Home Call de The Toxic Avenger. Il est possible de les jouer directement dans des jukebox ou radios qu’on croise pendant le voyage. Certains PNJ peuvent les donner en guise de remerciement ou juste comme ça, pour le plaisir. Ces cassettes permettent à la musique de devenir intradiégétique, c’est-à-dire d’être dans la scène et non pas juste être là pour habiller. Les personnages l’entendent et commentent souvent dessus. Le joueur peut choisir un titre en particulier pour dégager une émotion. Certaines mélodies sont dansantes et entraînantes, d’autres tirent sur la mélancolie, voire le chagrin. Cela engendre parfois des moments particuliers si la musique n’est pas appropriée. Parce que mettre du Cocoon quand on fait face à Jarod, ça n’est pas une bonne idée sur le papier.
Créer une ambiance grâce à la musique
C’est un fait. Road 96 est une ode à la liberté, au voyage et à la recherche d’un sens à donner à soi-même. Des thèmes très forts qui sont accentués par des rythmes musicaux toujours bien placés. En effet, dans notre périple pour rejoindre la frontière de Petria, on est accompagnés par les cassettes audios comme expliquées précédemment, mais aussi par ces hymnes très contemplatifs, qui collent parfaitement avec le moment. On parle ici des mélodies extradiégétiques, celles en dehors de l’intrigue et qui ne sont pas entendues par les personnages. Des notes graves et alertes quand on est face à un danger, et des tempos plus aérés lors des scènes posées ou de méditation. C’est le cas dans beaucoup de jeux vidéo évidemment, mais dans Road 96, il y a comme une volonté d’accompagner plutôt que d’habiller.
La chanson “The Road” de Cocoon, qu’on entend autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des scènes, évoque la liberté que d’être seul sur la route, “sans attache et sans regarder en arrière”. Et surtout que “ça fait du bien”. Exactement ce que ressent notre personnage mais aussi des gens qu’on croise comme Zoé ou Alex. On peut voir la musique comme un PNJ toujours avec nous qui connaît nos émotions. De plus, l’intrigue se déroulant en 1996, les notes synthétiques collent parfaitement avec le style musical de l’époque, mais en ajoutant une touche de modernité. Les fausses notes ne sont pas légion dans ce jeu indépendant.
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