Aaah, la politique. C'est drôle, mais il n'y a probablement pas un sujet plus clivant. Après tout, la politique définit purement et simplement notre vision du monde, de la société, de l'humanité et révèle aussi parfois qui l'on est soi-même. L'Homme étant un être complexe aux facettes infinies, il existe tout autant de profils et de courants de pensées différents. Forcément, ça fait (souvent) des étincelles bien que la politique reste fondamentalement une directive principale de nos vies à tous, à laquelle on n'échappe pas. Le jeu vidéo s'en est d'ailleurs accaparé plus d'une fois.
Article écrit par Max Cagnard.
Le mois d'octobre 2024 abrite quelques jolies pépites dont Metaphor ReFantazio, nouveau rejeton du studio Atlus à qui l'on doit les récents (et incroyables) Persona. Il y a de quoi être excité puisqu'il s'agit là d'une toute nouvelle franchise, prenant place dans le monde médiéval-fantastique où le Roi a été assassiné. Le Prince, quant à lui, est victime d'une étrange malédiction et le trône, vacant, doit être comblé après que le peuple ait élu un nouveau souverain. Puis, il y a vous dans ce joyeux bazar, accompagné de votre fée Gallica, qui allez tenter de régler ce coup d'État et de rétablir l'ordre gouvernemental.
Politique sous-marine et aérienne
Ce complot de grande ampleur nous rappelle que ce n'est pas la première fois que le jeu vidéo touche au sujet de la politique. Après tout, à l'instar de la littérature et du cinéma, il s'agit d'un merveilleux médium pour raconter des histoires et véhiculer des courants de pensée et autres idéologies. L'un des meilleurs représentants du genre est assurément la trilogie BioShock, une merveille sans nom que L'ON VOUS ORDONNE DE FAIRE si ce n'est pas déjà fait. Désolé, on s'est un peu emporté : il faut dire qu'il est rare que des œuvres vidéoludiques aillent aussi loin dans la politique et la philosophie. On parle ici d'Andrew Ryan, un milliardaire philanthrope qui, pour échapper à la censure et aux règles éthiques, décide de fonder une cité sous-marine, Rapture. Là-bas, la technologie évolue à la vitesse de l'éclair et l'ultra-libéralisme fait un bond en avant, jusqu'au surplus d'avidité de certains citoyens qui poussent la ville à la folie et à sa perte.
L'objectivisme, philosophie principale de Rapture et d'Andrew Ryan, est intrinsèquement politique et d'ailleurs calquée sur le récit de La Grève, un roman d'Ayn Rand. Bon, il faudrait écrire une thèse entière pour en parler sérieusement, mais on vous renvoie donc à Wikipédia pour mieux cerner à quel point BioShock se paie une profondeur scénaristique qui dépasse de loin sa simple trame principale. D'ailleurs, mention spéciale également à BioShock Infinite, dont le cadre change pour celui de Columbia, cité dystopique et aérienne, dénonçant l'acidité et l'inégalité du régime politique américain du 19e siècle. Là aussi, c'est du grand art.
Des jeux qui en ont dans le ciboulot
Disco Elysium est également un titre qui mérite d'être pointé du doigt. Véritable perle sortie en 2019, il s'agit peut-être de l'un des jeux de rôle les mieux écrits de l'histoire tout court. Celui-ci nous plonge dans la peau d'un détective alcoolique, plongé dans une enquête fascinante au sein d'un monde urbain malade qui se remet à peine de la révolution qu'il a vécu des décennies plus tôt. Les grèves sont légion, la corruption est partout et le gouvernement est fracturé par des régimes instables. Pour le coup, difficile de faire plus politique que Disco Elysium, un jeu qui vaut clairement le détour.
On pourrait aussi citer Cyberpunk 2077 et sa ville de Night City, une mégalopole futuriste, corrompue et criminelle où la politique est l'un des piliers scénaristiques. Les Etats-Unis ont connu une guerre sans précédent, donnant naissance à l'État Libre de Caroline du Nord (où se trouve la ville) ainsi qu'aux Nouveaux Etats-Unis d'Amérique. Le titre de CD Projekt dispose d'une intrigue profondément politique, enrichie considérablement avec l'extension Phantom Liberty qui traite le sujet avec complexité et émotion. Très, très fort.
Politique et gaming, une alliance qui dure depuis plus longtemps que vous ne le pensez
De manière générale, tous les jeux de guerre sont quelque part politiques et oui, il y a pas mal de Call of Duty qui n'hésitent pas à parler de cette thématique d'une manière parfois intéressante. Les Black Ops sont clairement à souligner, eux qui explorent des situations géopolitiques instables de l'histoire : par exemple, Black Ops Cold War nous amène en pleine Guerre Froide tandis que Black Ops 6, qui arrivera à la fin du mois, s'aventure dans la Guerre du Golfe. Même les Metal Gear Solid sont à déclarer, eux qui font des affaires gouvernementales, des trahisons étatiques et autres affaires secrètes leurs sucres d'orge.
On pourrait honnêtement en citer plein d'autres et pour terminer, on parlera (brièvement, parce que bon, vous avez peut-être quelque chose d'autre à faire) de tous les jeux de gestion et de stratégie. Comment faire plus politique que ça, sérieusement ? Gérer une ville voire une civilisation toute entière sur des décennies, des siècles ou des millénaires, C'EST par définition politique. Et encore mieux, c'est au joueur d'appliquer ses méthodes et ses visions lui-même, quitte à jouer le dictateur comme dans les Tropico… Qui sait, peut-être qu'on se servira du jeu vidéo à Sciences Po' ces prochaines années.
Metaphor ReFantazio est disponible sur PS5 et Xbox Series.