Back 4 Blood reprend non officiellement la suite de Left 4 Dead. Mais ce n’est pas le premier à devenir le successeur spirituel d’une licence bien connue…
On observe depuis quelques années maintenant que le jeu vidéo a tendance à être cyclique. Les bonnes idées d’hier disparaissent aujourd’hui avant de réapparaître demain. Mais lorsque l’image de marque est liée à une licence qui a depuis disparu, ou qui est sous le contrôle d’un éditeur qui ne veut pas s’en séparer, difficile de créer un nouveau mouvement… A moins de décider de devenir le successeur spirituel de la série. Pas de conflit d'intérêt, mais un risque de ne pas réussir à percer autant qu’on le pourrait pour un développeur. Fort heureusement, les heureux exemples existent. En voici parmi les meilleurs.
Dark Souls
Dark Souls est probablement le successeur spirituel le plus connu de tous. Et pourtant, il y a quelques mois encore, nombreuses étaient les personnes qui l’ignoraient. Il a fallu qu’une certaine PlayStation 5 débarque pour que l’histoire soit de nouveau contée auprès des plus jeunes joueurs. Car oui, la saga Souls chère à FromSoftware n’a pas démarré avec Dark Souls et Bandai Namco, loin de là. Tout le genre tel qu’on l’entend aujourd’hui a débuté avec un titre développé exclusivement pour la PlayStation 3 : Demon's Souls. Si FromSoftware et Hidetaka Miyazaki étaient bien derrière le nouveau jeu, c’est du côté de Sony et du Studio Japan que l’on retrouve une bonne partie de la production et du financement. Le premier jeu n’ayant pas rencontré le succès attendu, Sony n’a pas voulu produire une suite, mais a laissé FromSoftware libre d’explorer son concept autre part… sans libérer la propriété intellectuelle, ceci étant. C’est ainsi qu’est né Dark Souls, le successeur spirituel de Demon’s Souls, chez Bandai Namco. Et c’est aussi ce qui explique que le remake PS5, développé par Bluepoint, n’a pas eu besoin de l’approbation de FromSoftware pour être créé.
BioShock
BioShock a souvent été vu comme un ovni à sa sortie. Cependant, les plus anciens ne sont pas passés à côté du fait qu’il reprenait beaucoup de la philosophie d’une ancienne licence : System Shock. Et ça n’est pas pour rien ! Le grand monsieur à la tête du projet, Ken Levine, avait clairement pour idée de créer un successeur spirituel à la série sur laquelle il a travaillé aussi bien au sein de Looking Glass Studios (qui a développé le premier épisode) que d’Irrational Games (qui a développé le second épisode). Et comme très souvent, il était impossible de rallier à sa cause le possesseur de la propriété intellectuelle, qui à l’époque était encore Electronic Arts. La formule est cependant restée intacte : mélange entre FPS, RPG et survival horror, BioShock s’est aussi démarqué comme un jeu qui porte ses aspirations philosophiques et politiques avec fierté. Un OVNI qui à l’origine aura principalement connu un succès d’estime, avant que BioShock Infinite ne lui offre enfin le succès commercial qu’il a toujours mérité. Aujourd’hui, Ken Levine reste encore énigmatique sur ses futures ambitions, quand la licence System Shock a été récupérée par un nouvel éditeur qui prévoit un troisième épisode bientôt. Pour BioShock, l’avenir est encore incertain.
Undertale
Faire un jeu vidéo qui a du cœur ne garantit pas un succès commercial énorme. C’est tristement la leçon que l’éditeur Nintendo a tiré de ses efforts avec la licence Mother, surtout connue au Japon. Seul le deuxième épisode, rebaptisé Earthbound, a connu une véritable sortie aux Etats Unis, et a conquis un noyau dur de fans sans pour autant réussir à conquérir le monde. Il faut dire qu’il s’agit d’une petite pépite qui pouvait être difficile à comprendre pour les joueurs internationaux : un RPG contemporain qui s’inspirait surtout de l’imaginaire d’un enfant pour créer ses événements, et qui bien qu’épique pouvait paraître un peu mou et trop innocent pour les joueurs de l’époque. Cependant, et quand bien même nous attendons toujours une traduction officielle de Mother 3, le créateur Toby Fox ne l’entend pas de cette manière. Inspiré par ce jeu comme nul autre, il a repris sa formule pour créer Undertale. Un jeu rempli de bons sentiments, de personnages haut-en-couleurs, d’une bande son magnifique et qui a conquis le monde entier… Au point même que le créateur collabore avec Nintendo aujourd’hui, et que ses personnages sont visibles dans Smash Bros.
Bloodstained
Imaginez-vous être un créateur légendaire, et vous retrouver au placard avec l’interdiction de créer de nouveaux jeux sans pour autant pouvoir vous libérer pour créer votre propre bébé ? C’est plus ou moins la situation qu’a connu Koji Igarashi, ou IGA, lors de ses dernières années chez Konami, lui qui a créé un genre et su développer la majeure partie des jeux Castlevania. Enfin libre, le game designer a pu mettre toute sa puissance derrière un nouveau titre : Bloodstained. Si la confiance des joueurs en l’homme n’a jamais été remise en cause, la proximité de son annonce avec la dure réalité qu’aura été le développement de Mighty N°9 a longtemps fait peur aux investisseurs Kickstarter rattachés au projet. Fort heureusement, cette histoire a une belle fin : Bloodstained a su rassurer, écouter ses joueurs, prendre le temps qu’il lui fallait, et devenir une nouvelle licence sur laquelle les joueurs peuvent compter. Son prochain épisode est désormais en développement sans besoin d’apports du public ; Koji Igarashi a su faire revivre son bébé sous une nouvelle identité.
The Outer Worlds
Obsidian Entertainment est connu pour bien des jeux, mais il en a toujours été un qui est resté au-dessus de sa tête autant comme un badge d’honneur qu’une épée de damoclès : Fallout New Vegas. Bien que partie intégrante de la série Fallout, ce dernier a choisi de s’inspirer bien plus du Fallout 2 original que du très modernisé Fallout 3, et a réussi à conquérir le cœur des joueurs grâce à cela. Problème étant qu’on ne leur a jamais redonné les reines de la licence depuis lors, malgré les suppliques des fans. Après des années d’attente, le développeur a donc décidé de créer son “propre Fallout” : The Outer Worlds. Et pas n’importe comment : les deux créateurs originaux de Fallout, Tim Cain et Leonard Boyarsky, ont dirigé le projet. Autant succès d’estime que commercial, The Outer Worlds a su créer sa propre branche aujourd’hui et sa suite annoncée cette année risque de mettre d’immenses claques. Plus que de surpasser Fallout, qui continue d’exister au sein de la même maison mère, The Outer Worlds est devenu le successeur spirituel de l’esprit du Fallout original sans renier le Fallout moderne. Une belle leçon de coexistence.