Mario Artist, le jeu oublié sans lequel WarioWare n’existerait pas
Dossier
PUBLIÉ LE 6 sept. 2021

Mario Artist, le jeu oublié
sans lequel WarioWare
n’existerait pas

Crédit : Nintendo
Maxime L-G.
Maxime L-G.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 6 sept. 2021

WarioWare n’est pas sorti de nul part comme certains pourraient l’imaginer. Bien au contraire : il est né des cendres d’un projet dont personne n’a entendu parler en Occident : Mario Artist.

Nintendo nous a habitués à sortir des licences phénoménales du chapeau. Alors forcément, lorsque l’on voit n’importe quel jeu qui porte son nom, on se dit que le génie a encore frappé. Mais ce n’est pas tout le temps le cas, car il ne faut pas oublier un autre aspect de la marque : son côté expérimental. Aujourd’hui, il s’exprime par le biais de Nintendo Labo et ses constructions en carton, ou encore Mario Kart Live Home Circuit et son circuit en réalité augmentée. Des projets qui ne fonctionnent pas forcément tous, mais qui ne sont jamais oubliés par les créateurs… Et quand l’inspiration frappe en interne, Nintendo n’hésite pas à aller au bout de l’idée.

Crédit : Nintendo

La Nintendo 64 à disquettes

Prenons l’histoire par son début. Avec la Nintendo 64, face à la Saturn et à la PlayStation, le constructeur japonais a fait le pari de continuer à soutenir le format cartouche malgré ses limitations. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il n’a pas exploré d’autres avenues. En 1999, Nintendo a sorti un nouvel add-on pour sa Nintendo 64 : le disque drive, ou 64DD de son petit nom. Un lecteur de disquettes floppy qui avait deux avantages : il pouvait réécrire le contenu d’une disquette, permettant d’ajouter ou de supprimer des informations à la volée, et il disposait d’une horloge interne en temps réel que les jeux pouvaient utiliser. L’idée de Nintendo était assez simple : permettre aux joueurs de créer leurs propres contenus, par le biais de nombreux accessoires compatibles avec la nouvelle machine, puis de les envoyer sur internet pour les partager entre eux. Une sorte de précurseur à Super Mario Maker en plus ambitieux encore.

Pour accompagner ce nouveau système, Nintendo a lancé une suite de trois logiciels baptisée Mario Artist. Ces derniers se focalisaient sur un aspect particulier de la création. Paint Studio était le successeur de Mario Paint sur Super Nintendo, et était souvent vendu avec une souris. Le but du jeu n’est pas difficile à comprendre : il s’agissait de laisser les joueurs dessiner en 2D à loisir. Talent Studio était lui souvent vendu avec une cartouche permettant de connecter une source vidéo et un micro. Ici, il s’agissait de pouvoir enregistrer des vidéos en faisant appel à diverses ressources 3D intégrées à l’expérience. Et enfin, la dernière expérience fut Polygon Studio, qui permettait de créer ses propres ressources 3D.

Le projet a été un four monumental. Nintendo l’a présenté en 1997 et a dû repousser sa date de sortie de multiples fois au cours des deux ans qui ont suivi. Après n’avoir vendu qu’environ 15 000 unités de son 64DD, Nintendo a tout simplement arrêté les frais au début de l’année 2001 et a tranquillement laissé de côté son nouveau joujou. Naturellement, le constructeur n’a même pas été tenté de vendre ce nouvel accessoire en dehors du Japon, et nous autres occidentaux n’en avons jamais entendu parler.

Crédit : Nintendo

Des cendres naissent le phoenix

Chez Nintendo, même face à un échec, on ne laisse pas une bonne idée de côté. Mario Artist Polygon Studio avait un mode qui n’appartenait qu’à lui baptisé Sound Bomber. Ici, il s’agissait moins de créer que d’enchaîner une dizaine de mini-jeux avec une limite de temps très courte, dans l’idée de faire le score maximum en faisant appel aux réflexes des joueurs. Goro Abe, programmeur sur Wario Land 4, a vu ce concept et a décidé de ne pas le laisser mourir avec le 64DD. C’est ainsi que l’idée de WarioWare est née, avec le premier épisode GBA baptisé “WarioWare Inc Mega Mini-Jeux”. Ne pensez pas pour autant que tout était cousu d’avance : il s’agissait d’un projet de cœur pour l’équipe Nintendo R&D1, qui se charge souvent de trouver des concepts de game design sans pour autant qu’un jeu ne sorte au bout.

Un vrai travail de cœur donc, mais qui n’a pas pour autant oublié ses origines. Ce que les joueurs occidentaux ignorent souvent, c’est que tous les mini-jeux de Mario Artist Polygon Studio sont… toujours présents dans WarioWare, et à peine modifiés ! Jump est devenu Crazy Cars, Block est devenu Diamond Dig, Shoot est devenu Repellion, Baseball est devenu Batter Up, Flies est devenu Mario Paint: Fly Swatter, Race est devenu Hectic Highway et Maze est devenu Maze Daze. Mais l’exemple le plus parlant reste Roulette, devenu Wario Whirled, qui n’a connu de modification que l’ajout d’une petite image de Wario sur le disque tournant.

Plus encore, le tout premier épisode GBA propose un premier stage d’introduction qui se déroule dans une boombox. Pourquoi ? En référence à “Sound Bomber” bien sûr ! Voilà autant de références qui nous ont échappé à l’époque, mais qui sont toujours aussi excellentes.

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