S’il y a bien un genre qui a attendu de longues années pour atteindre une certaine popularité, c’est bien l’horreur. Pour être efficace, et donc terrifiant, un jeu vidéo horrifique se devait en effet d’être un minimum réaliste pour susciter l’effroi chez les joueurs. Cependant, ce n’est pas forcément parce qu’un jeu d’horreur est flippant ou malsain qu’il est nécessairement génial. Plusieurs jeux ont choisi de tourner cette thématique en dérision, à travers tout un tas de clichés exploités avec justesse, pour rendre le survival-horror amusant. Il devient même ainsi beaucoup plus ludique, à l’image de la série des Luigi’s Mansion dont le deuxième volet est de retour en cette fin juin sur Nintendo Switch.
Un article signé Antistar.
Jusqu’au milieu des années 1990, les jeux d’horreur n’étaient pas trop à la mode. Il aura fallu attendre le succès mondial de Resident Evil en 1996 pour que le concept de survival-horror ne se démocratise, et pourtant, d’autres titres avaient déjà tenté de se frotter au genre… tout en ayant étonnamment conscience de ses limites. En effet, sur consoles 16-bits et antérieures, il était difficile de proposer des jeux réalistes, et donc de se montrer effrayants. C’est pourquoi LucasArts, réputé pour ses jeux forts en matière d’humour, avait opté pour un jeu d’horreur plutôt comique avec le mythique Zombies Ate My Neighbors, paru en 1993 sur Super Nintendo et Mega Drive, et qui parodiait en quelque sorte les films d’horreur référence comme ceux de George Romero ou la série des Chucky.
Avec l’explosion de popularité de Resident Evil, puis le succès de Silent Hill (entre autres), certains studios ont eu la bonne idée de vouloir jouer sur la tendance mais dans un registre bien plus léger. C’est dans ces conditions que MediEvil, exclusivité PlayStation très appréciée en son temps, a vu le jour. Il s’agit d’un jeu d’action-aventure dans la lignée de ses contemporains, comme Spyro the Dragon, mais dans un univers plus “spooky”, presque à la Tim Burton, nous faisant explorer cimetières et cryptes avec des squelettes et des toiles d’araignées un peu partout. Cependant, MediEvil est un jeu fondamentalement drôle, porté par le charisme de son héros Sir Daniel Fortesque, qui n’a pas pour but de faire réellement peur, et il reste à ce jour un des indispensables sur cette console culte.
Dans les années 2000, l’arrivée de la HD permet au survival-horror de devenir encore plus réaliste, et donc beaucoup plus effrayant. Cependant, cela va surtout engendrer une mode étonnante : celle des jeux de zombies qui ne se prennent pas au sérieux, et ridiculisent ceux qui sont supposés nous flanquer une trouille pas possible. Alors que Resident Evil s’américanise quelque peu et devient un jeu d’action plus qu’une véritable série horrifique, le propriétaire de la licence s’autorise une concurrence saine et loufoque avec l’excellent Dead Rising, paru en 2006 aux débuts de la Xbox 360. Davantage orienté beat’em all en termes de gameplay, ce titre a tout d’une parodie d’un survival-horror, et sera suivi en fin de génération par des titres à la fois plus bourrins et surtout plus drôles, comme House of the Dead: Overkill sur Wii, un rail-shooter qui ne se prend vraiment pas au sérieux, Shadows of the Damned ou Lollipop Chainsaw. Dans ce dernier, on incarne une pom-pom girl armée d’une tronçonneuse, dont le petit ami a été décapité durant une invasion de zombies, mais dont la tête est accrochée à sa ceinture et lui sert de PNJ compagnon durant toute l’aventure. avouez-le, c’est aussi gore que complètement barré.
Nous pourrions parler de plein d’autres titres plus ou moins mythiques comme Left 4 Dead, Friday 13th: The Video Game (sur lequel a travaillé le créateur de Resident Evil !), Little Nightmares, Cependant, et comme vous l’aurez deviné, la licence qui a le plus mis en valeur l’aspect comique des univers horrifiques, cela reste bien entendu Luigi’s Mansion ! Arrivé en grandes pompes sur GameCube en tant que jeu de lancement, ce titre fut une délicieuse surprise pour les fans de l’univers de Super Mario qui ne s’imaginaient pas voir ce dernier jouer main dans la main avec une parodie du Manoir Spencer de Resident Evil. La cote de popularité du titre fut telle qu’une suite vit le jour sur Nintendo 3DS en 2013, et même un troisième opus sur Nintendo Switch en 2019. À ce jour, avec ses presque 15 millions d’unités écoulées, Luigi’s Mansion 3 est la plus grosse vente pour un jeu “d’horreur” sur une seule console, et c’est sans doute bien pour cela que le deuxième volet est remis au goût du jour pour le faire découvrir aux possesseurs de Switch.
Ce serait mentir d’affirmer le contraire : oui, les jeux d’horreur sont pensés pour faire peur aux joueurs, et leur faire vivre des sueurs froides. Cependant, la relative porosité du genre l’autorise à se diversifier plus que de raison, et bon nombre de développeurs ont trouvé le moyen de le présenter sous un angle bien plus comique, sans pour autant trahir les fondamentaux qui font son succès. En exploitant les codes du survival-horror, d’innombrables jeux vidéo l’ont rendu plus amusant, et plus accessible à bon nombre de joueurs pas forcément désireux de vivre des expériences gore et/ou réellement effrayantes. C’est du coup Nintendo qui s’en est (une fois de plus) le mieux tiré, en jouant sur la personnalité de “poltron” de Luigi pour le mettre en scène dans un manoir hanté particulièrement loufoque. Luigi’s Mansion 2 était une des meilleures ventes de la Nintendo 3DS, et c’est donc fort logiquement qu’il est de retour sur Nintendo Switch en version HD, pour notre plus grande horreur !
Luigi’s Mansion 2 HD est disponible sur Nintendo Switch.