La sortie de Battlefield 2042 me rappelle un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître : le temps des LAN, aujourd’hui révolu.
Aujourd’hui, la mode est à créer son escouade, se brancher sur Discord ou les services équivalents de sa console, et partir entre potes en ligne claquer des perruques ou gagner en niveau. Et si l’expérience est toujours très appréciable, il n’empêche qu’au bout du bout… On est juste assis seul dans notre canapé. Un fait qui nous retombe lourdement sur les épaules dès qu’on enlève notre casque, le silence se faisant toujours plus pesant. Mais ça n’a pas toujours été ainsi : la sortie prochaine de Battlefield 2042 me rappelle aux doux souvenirs que j’ai de Battlefield 2142 avant lui, et d’une époque aujourd’hui révolue : celle des LANs.
De l’huile de coude et des chips
Il fût un temps où j’étais un joueur PC convaincu, et la plupart de mes proches également. Et alors que l’on souhaitait jouer tous ensemble, le plus simple était encore de supplier nos parents de mettre notre grande tour de PC, notre écran cathodique, notre clavier et notre souris dans le coffre et de s’installer pour un week-end chez un pote. De préférence un pote dont les parents étaient absents. L’idée ? Se faire une LAN, pour Local Area Network, soit l’idée de jouer tous ensemble dans la même pièce avec nos PC et s’oublier dans n’importe quel univers choisi. Mais avant ça, il y avait la préparation : trouver les gars les plus motivés, dont je faisais souvent partie, pour se taper 20 minutes à pied jusqu’au Lidl local. L’idée ? Récupérer tout ce qu’il faut pour tenir tout un week-end sans dormir, et ce au plus bas prix. Oubliez les marques, je vous parle ici des Coca, Fanta, M&M’s, burgers congelés alternatifs les plus claqués que vous n’avez jamais goûté de votre vie. Mais pour un temps suspendu à travers les âges, il s’agissait d’un festin de roi.
Pas le temps de préparer à manger quand tant de choses vous attendent à l’étage, dans une chambre qui en un rien de temps est devenue blindée de PC de toutes parts et dont le sol a disparu pour ne laisser visible que de nombreux câbles d’alimentation et des câbles réseaux. Dans cet espace restreint où l’air poussiéreux devient bien vite chaud, j’ai passé des centaines de parties de WarCraft 3, gagné des dizaines de niveaux sur World of WarCraft, cliqué sur des milliers de tête sur Battlefield 2142. Et toujours en hurlant de rire avec mes camarades, même celui qui au détour d’un deathmatch perdu sur Counter Strike 1.6 s’est retrouvé à devoir faire la vaisselle de tout le monde.
C’est ici même que des vocations se sont formées. A force de devoir ouvrir et réparer les ordinateurs de tout le monde, et grâce au transfert de connaissances d’un ami proche, me voici désormais capable de monter mon premier ordinateur moi-même pour enfin faire tourner Crysis. A côté, toujours plus forte que le reste du groupe, une pote se rêve à devenir Fatal1ty et rejoindre une équipe esport le plus tôt possible pour conquérir le monde. Car nous le savons bien : tout ce que nous faisons ce week-end n’est qu’une infime partie d’une vraie LAN, de celles qui entassent des centaines de joueurs sur des dizaines de lignes d’ordinateur pour déterminer au bout d’un grand événement un champion incontesté.
Mais avant ça, un peu de repos : il est temps de sortir le gonfleur manuel pour piquer un somme sur un lit gonflable qui se détruira en à peine une heure. Si tant est que le sommeil puisse être trouvé alors que ses compagnons continuent d’exulter à chaque victoire dans la pièce d’à côté. Oh, allez, quitte à ne pas pouvoir dormir, autant se faire une dernière partie.