Quand on parle de romance dans le jeu vidéo, on pense en premier lieu à des séquences scriptées par un scénario désireux de rapprocher sentimentalement deux de ses protagonistes, aussi bien de façon explicite qu’à travers de savoureux non-dits dont raffolent les amoureux du sacro-saint lore. À l’occasion de la sortie de Story of Seasons : A Wonderful Life, retour sur l’histoire des romances dans le jeu vidéo.
Écrit par : Guillaume “Antistar” Leviach
Peu importe le genre, le jeu vidéo est universellement considéré comme un exutoire, pour ne pas dire un défouloir, permettant d’échapper à un quotidien manquant de fantaisie ou de folie. Il ne sert cependant pas qu’à passer ses nerfs après une mauvaise journée ou explorer un univers fantastique afin de fuir une existence morose et routinière : les jeux vidéo, depuis des décennies, sont faits d’histoires d’amour de tous types, qu’elles soient complètement cliché, déchirantes ou porteuses de messages positifs et inclusifs.
Toutefois, la longue histoire du jeu vidéo est (surtout) faite de romances décidées par le joueur, essentiellement dans des RPG (jeux de rôle) à travers des dilemmes parfois cornéliens permettant d’unir l’avatar incarné à un(e) autre protagoniste que nous choisissons. Non, on ne parle pas de Sacha qui choisit Pikachu dans le laboratoire du professeur Chen, mais bel et bien d’une romance amoureuse qui fait évoluer le personnage que l’on joue. Une mécanique qui a fait ses preuves à travers les décennies, et dont l’implémentation remonte à une petite trentaine d’années.
Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de Treasures of the Savage Frontier, ou bien ne vous en souvenez-vous plus. Ce RPG anecdotique conçu par les créateurs de Neverwinter Nights, et qui clôtura sans éclat la franchise Gold Box, est pourtant considéré par beaucoup comme le premier jeu vidéo à intégrer un système de romance entre deux personnages, qui reçoivent des bonus en combat si celle-ci est activée. Le scénario du titre est alors amené à évoluer en fonction des dialogues avec les autres personnages de l’équipe, ainsi que du destin (heureux ou non) de l’un des deux membres de l’union. Cela ne fera pourtant pas école, et le titre développé par Beyond Software n’a jamais spécialement eu la reconnaissance qu’il mériterait en tant que titre à l’origine de cette mécanique désormais très appréciée des joueurs de RPG.
En effet, depuis ce jeu PC oubliable paru en 1992, le système de romance a lui aussi évolué, et n’est pas loin d’être exclusif aux jeux de rôle. Certes, une série comme Grand Theft Auto propose, à sa manière, sa propre vision du concept, mais ce sont bel et bien les RPG qui ont donné leurs lettres de noblesse aux romances, au point de devenir presque indispensables. Après tout, quel jeu de rôle moderne ne s’est pas vu sanctionné, dans le bloc de notation final d’un site spécialisé, pour une absence de toute forme de romance dans sa narration lorsque les circonstances l’auraient permis ?
Ainsi, certains titres mettent très en avant ce type de fonctionnalité, au point de s’en voir critiqués par leurs détracteurs avant même d’en faire une marque de fabrique solide. On peut par exemple penser en premier lieu aux jeux de rôle japonais : le cliché entourant certaines séries de “J-RPG”, parfois étiquetées plus ou moins à tort en tant que dating sim (littéralement, “simulation de rencontres”), trouve de toute façon bien ses origines quelque part. Fire Emblem Three Houses propose plusieurs dizaines de possibilités de romance, au point d’en faire oublier l’excellence de son gameplay. Dans un autre registre, le très populaire Persona 5 offre au protagoniste – un lycéen – un choix entre 10 conquêtes qu’il est par ailleurs possible de cumuler, à nos risques et périls cependant.
À travers les générations, certains studios se sont même fait une spécialité des romances, les incluant essentiellement dans chacune de leurs productions, telle une marque de fabrique. On pensera en premier lieu à BioWare, auteur des deux premiers Baldur’s Gate, et surtout des séries Dragon Age et Mass Effect. Cette dernière est particulièrement notable pour la multiplicité des possibilités de relations qu’elle offre entre ses protagonistes, bien que l’on soit loin de la quantité astronomique de “combinaisons” proposées par des séries comme Fable ou surtout Mount & Blade, qui permet même d’aller au bout du concept à travers des mariages… de cœur ou de raison.
Puisque l’on parle de mariage entre personnages de jeux vidéo, il existe justement un genre qui ne lésine pas sur la notion de romances à ce niveau : les simulations de vie, sorte d’extension des jeux de gestion popularisée par des licences comme les Sims, Harvest Moon (et ses dérivés dont Story of Seasons) ou, évidemment, Animal Crossing. C’est d’ailleurs l’un des plus grands regrets de nombreux joueurs de Animal Crossing New Horizons : aucune forme de romance n’est possible dans l’inattendu blockbuster vidéoludique de 2020.
À l’inverse, une saga comme Story of Seasons propose non seulement de mener la vie d’un personnage en zone rurale, de gérer sa ferme et d’innombrables activités autour de cette dernière, mais elle dispose d’une composante jeu de rôle non négligeable qui fait la part belle aux romances, jusqu’à l’union la plus sacrée et la fondation d’une véritable famille. Qui sait, peut-être qu’un coup de cœur inattendu vous attend du côté de Story of Seasons : A Wonderful Life, toute nouvelle itération de la licence de Marvelous à paraître sur consoles et PC, en ce début d’été ? Ses ambitions vont en tout cas dans ce sens, le développeur nous promettant “un conte inoubliable sur l’amitié, la famille et la ferme” (sic). De quoi nous offrir très certainement encore de très nombreuses possibilités de romance, dans une franchise plus abordable que les ténors du RPG, et qui maîtrise tout aussi bien le sujet !
Story Of Seasons A Wonderful life