Les professionnels ont voté, et sans même nous consulter, ils ont élu leur jeu de l’année 2024. Comme on est (un peu) vexés, on a demandé aux membres de notre belle rédaction leur avis sur la question du GOTY.
L’avis de Yan : Helldivers 2
Rédacteur invétéré de la Fanzone du site Micromania-Zing.
Helldivers 2 est arrivé, et ce fut tout de suite le coup de foudre. Orphelin de mes Left 4 Dead, Evolve et autres Vermintide, j’étais obligé de me jeter dessus. En plus de l'aspect coopératif qui transforme n’importe quel channel Discord en un concours de hurlements, le teamkill, une des meilleures features du monde du jeu vidéo, était de retour au menu. Ça demande de l’adaptation, de la patience et du skill, mais c’est quelque chose que l’on voit (malheureusement) de moins en moins. Bon, le souci, c’est qu’en plus de la présence de tir allié, Selim (mon supérieur et frère d’armes) est tombé follement amoureux du fusil électrique (une arme qui envoie des décharges électriques qui rebondissent et traversent certains ennemis… et amis), donc j’ai pris pas mal de coups de jus. En même temps, on m’avait bien dit que c’était une idée pourrie d’aller voir un magnétiseur pour tenter d’arrêter la clope… En tout cas, pour moi, Helldivers 2 et tous ses prédécesseurs, c’est la quintessence des jeux vidéo. J’aurais pu parler de Dragon’s Dogma 2, mais malgré un système de combat et des pions aux petits oignons, la narration a été quelque peu décevante. Sinon, il n’était pas loin de rafler la mise.
Le GOTY (et coup de cœur) d’Antistar : Astro Bot
Journaliste jeu vidéo indépendant. Autrefois chez jeuxvideo.com et Nintenbro devant l’éternel (l’éternel étant Shigeru Miyamoto). Également présent sur YouTube et Twitch.
Mon GOTY 2024 est Astro Bot, et j'avais d'ores et déjà annoncé au moment de sa sortie qu'il serait un candidat extrêmement sérieux à ce titre pour les Game Awards. Tout simplement parce que pour moi, c'est un petit chef-d'œuvre de jeu vidéo dans ce que cela implique de plus pur : fun à jouer, addictif, agréable aux yeux et aux oreilles, et qu'il maîtrise son sujet sur le bout des doigts. Certes, il ne réinvente pas forcément le jeu de plateformes, mais quand on sait à quel point les jeux Mario explosent tout dans ce domaine sans aucune concurrence depuis si longtemps, on apprécie de voir un jeu rivaliser pour de vrai avec la qualité des productions Nintendo, et qui plus est, avec une finesse graphique jamais vue chez le constructeur japonais ! En outre, cela fait extrêmement plaisir de voir Sony proposer une exclusivité "à l'ancienne", issue en partie des anciens de Japan Studio : c'est la preuve que sur PlayStation, il y a autre chose que des jeux PEGI 16/18 très cinématiques et très narratifs, et que oui, Sony peut offrir des exclus originales, tous publics et qui sortent du lot, et le faire avec beaucoup de talent.
Il y a aussi eu Prince of Persia: The Lost Crown. C'est simple, il est sorti mi-janvier, et il a été mon GOTY jusqu'à la sortie d'Astro Bot début septembre ! Ceci pour une bonne et simple raison : j'ai trouvé que Ubisoft Montpellier avait parfaitement compris tous les codes d'un bon metroidvania, genre pourtant peu exploité par les gros studios et éditeurs (j'avais d'ailleurs fait un article à ce sujet en début d'année, de mémoire). Mieux encore : il trouve le moyen d'apporter sa propre patte au concept avec des idées originales et ingénieuses, en faisant un des meilleurs représentants du genre ! Le jeu n'est ni trop court ni trop long, jouit d'un level design parfaitement maîtrisé, et d'un gameplay précis sans être trop exigeant, le tout agrémenté d'une difficulté absolument géniale en termes de personnalisation. J'ai également été très séduit par la direction artistique, qui comme beaucoup me faisait un peu peur en premier lieu, tant j'avais l'impression d'avoir affaire à celle d'un jeu mobile hyper générique, avant de me rendre compte qu'elle était en vérité hyper soignée, avec beaucoup de cachet, et couplée à une excellente bande originale et des doublages de grande qualité. Pour ne rien gâcher, hormis des loadings un peu plus longs, il tourne aussi bien sur Switch que sur des consoles plus puissantes, en faisant à mes yeux le meilleur jeu sorti sur cette machine en 2024, même devant The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom !
Concernant Silent Hill 2, ici je voudrais rendre hommage à un remake absolument ahurissant. L'œuvre d'origine est un de ces monstres sacrés du jeu vidéo auquel il était particulièrement difficile de toucher (preuve en est avec son remaster HD pour le moins passable sur PS3/Xbox360), et voir Konami confier la tâche d'un remake à un studio de réputation "bonne mais sans plus" comme Bloober Team n'aidait pas. Pourtant, la surprise est de taille : SH2 a été modernisé tout en gardant son âme, et c'est une prouesse assez hallucinante. Si on pouvait avoir peur qu'il soit un peu plus orienté "action" avec un angle de caméra rappelant les remakes des Resident Evil de son époque, il m'a suffi de faire le remake de RE4 deux mois avant pour comprendre qu'on était bel et bien sur deux visions différentes du survival-horror. SH2 est un chef-d'œuvre d'angoisse et de désespoir où le glauque et le morbide arrivent à constituer une esthétique incroyablement réussie, et la trame narrative à la fois touchante et terrifiante qu'il propose est encore plus fascinante à travers un travail de reconstitution fidèle mais également retouché "juste comme il faut". Si on peut raisonnablement se demander en quoi il justifie son statut d'exclusivité console PS5 (hormis les spécificités de la DualSense, il n'y a rien de très "next-gen" dans sa finition), ce SH2 revu par Bloober Team est une lettre d'amour à celui que beaucoup considèrent comme le plus grand jeu d'horreur de l'histoire. Et beaucoup peuvent désormais penser que le SH2 de 2024 est légitime pour revendiquer ce titre, tant il me semble au-dessus de n'importe quelle production se voulant horrifique depuis l'avènement des consoles HD.
Le coup de cœur de Selim :
Responsable éditorial, expert jeu vidéo et père de la Fanzone (et Master sur TFT).
Pour ma part, cette année 2024 a été l’occasion de découvrir, avec beaucoup de retard, une licence emblématique : Diablo. Soucieux d’ajouter une corde à mon arc (ou une épée à mon fourreau), c’est bien Diablo 4 qui a fini par animer mes sessions de jeu. Non initié au hack ‘n’ slash ni à l’univers concocté par Blizzard depuis 1997, l’idée d’en faire la découverte 27 ans (!) plus tard était quelque peu rebutante. Mais, comme il ne faut pas mourir con - et surtout passer à côté d’un chef d’œuvre - je me suis plongé dans l’enfer de Sanctuaire, suivant les pérégrinations de cette douce Lilith.
L’écriture léchée de Blizzard, l’effort entreprit sur la constitution des différents biomes et les cinématiques… LES CINÉMATIQUES ! Si je préfère le jeu vidéo lorsqu’il me rend actif et met en son centre mes actions, je dois bien dire que je n’ai pris une telle claque depuis Yakuza 6 lorsqu’on évoque les cutscenes. L’immersion y est totale, l’ambiance glaçante et l’aspect ambivalent de chacun des personnages y sont parfaitement dépeints. Et puis, Diablo 4 et son extension Vessel of the Hatred, ont surtout été l’occasion de découvrir un gameplay extrêmement satisfaisant une fois les arbres de compétences et de parangons maîtrisés.
De néophyte à gros try harder qui tente de valider des fosses égales aux meilleurs joueurs mondiaux, il n’y a eu que quelques semaines. Cette découverte tardive de Diablo en fait mon coup de cœur de l’année, bien qu’il soit sorti l’année précédente, avec en point d’orgue l’arrivée de la dernière extension. Sinon, tout comme mon ami Yan que j’ai pu pulvériser quelques fois bien que dans mon équipe, j’aurais également pu citer Helldivers 2. Pour son gameplay, pour ses idées, sa fraîcheur et surtout… POUR LA DÉMOCRATIE !
Le GOTY de Max Cagnard :
Anciennement sur Jeuxactu.com et chroniqueur LeStream, est aujourd’hui journaliste indépendant et YouTubeur.
Mon coup de cœur de l’année, c’est indéniablement Astro Bot. Je le savais dès qu’il a été annoncé : ça allait être le GOTY absolu, et je ne me suis pas trompé. Ce jeu est une ôde au jeu vidéo, tout simplement. C’est une sucrerie dont on avait besoin depuis très longtemps. Un hommage au 10e art et aux jeux de plateformes de manière générale. L’air de rien, je trouve que c’est assez surprenant et couillu (pardonnez-moi l’expression) de sortir un jeu aussi vieillot dans ses fondements. J’entends par là que c’est un plateformer 3D, ça existe depuis la nuit des temps. Et pourtant, il arrive à se réinventer en continu, avec une bonne humeur générale de malade. Du fan service complètement assumé mais qui sert le propos du jeu. C’est juste une pépite absolue, il faut la faire. C’est aussi une merveille d’ingéniosité, tant dans dans le gameplay que dans son level design, dans l’utilisation du hardware ou de la manette… Quelle dinguerie. Mon amour le plus profond pour Astro Bot.
Choisir un vainqueur, c’est toujours compliqué. Mais comme c’est Yan qui écrit ces lignes, si on lit chaque avis, on a quand même l’impression qu’Helldivers 2 domine très clairement, non ?