Astérix & Obélix Baffez-les tous s’inspire d’un des plus grands jeux de la série : Astérix, le jeu d’arcade développé par Konami et sorti en 1992. Un titre aujourd’hui légendaire.
Astérix et Obélix est une licence très spéciale dans le monde culturel francophone. La raison est simple : c’est l’une des rares qui ait une véritable visibilité à l’international, le personnage moustachu et son compagnon à l’embonpoint prononcé étant tous deux reconnaissables en quelques secondes par n’importe qui à travers le monde. Mais au bout, reste que personne n’a autant d’intérêt pour les deux Gaulois que nous autres francophones. Dans le monde du jeu vidéo, cela a conduit les adaptations basées sur la licence d’Uderzo et Goscinny à être quelque peu en dents de scie. L’époque 8 et 16 bits aidant, la mode a toujours été à l’adaptation facile en jeu de plateforme de plus ou moins bonne qualité, bien que les mauvais jeux Astérix soient eux aussi devenus légendaires. Mais dans toutes ces cartouches à la qualité douteuse, un petit titre résiste encore et toujours à l’envahisseur…
Astérix par Konami
La réponse donnée à la question “quelle est la meilleure adaptation en jeu vidéo d’Astérix et Obélix ?” est presque toujours Astérix de Konami. Sorti en 1992, il s’agissait d’un titre jouable uniquement en arcade qui vous permettait de jouer avec Astérix ou Obélix, seul ou à deux. Oui, vous avez bien compris : le développeur japonais Konami a créé pour beaucoup la meilleure adaptation d’une BD franco-belge. Et nous parlons ici du Konami de l’époque, roi de l’arcade et du beat’em all, qui sortait à peine du succès de Crime Fighters, Teenage Mutant Hero Turtles et The Simpsons Arcade Game. Le grand nom qu’il était alors s’est penché contre toute attente sur notre fierté nationale, et en est ressorti un des jeux les plus remarquables de l’époque.
Basé sur l’excellent moteur de jeu que Teenage Mutant Hero Turtles, Astérix avait déjà de quoi séduire. Mais loin d’être une simple adaptation de licence, il a été un projet de cœur. Le gameplay, tout d’abord, est plus profond qu’il n’y paraît : si Astérix et Obélix partagent la même palette de coups et la même puissance, les deux ont chacun leurs propres animations tirées des BD comme des films d’animation de l’époque, méticuleusement retranscrites pour le jeu d’arcade. C’est également le cas des 19 stages du jeu, qui a le grand mérite d’adapter à chaque fois une BD différente avec un grand boss final reconnaissable entre mille. Même les écrans de chaque acte sont merveilleux, puisqu’ils offrent à chaque fois une retranscription en pixel de la couverture de l’album original. Et que dire de la bande son, elle-même gérée par Mutsuhiko Izumi (TMNT: Turtles in Time), Michiru Yamane (Castlevania Symphony of the Night), Mariko Egawa (Castlevania 64) et Junya Nakano (Dewprism). Si ces compositeurs sont légendaires aujourd’hui, ce n’est pas pour rien. Et sur Astérix, ces derniers se sont à chaque fois attachés à reprendre l’ambiance de chaque pays visité. Jouez-y aujourd’hui, et vous vous rendrez compte qu’Astérix n’a pas vieilli pour un sou : ces environnements, son gameplay, son humour sont toujours aussi frais 30 ans plus tard.
Alors… Pourquoi n’en avons-nous pas entendu parler plus tôt ? Pourquoi l’Astérix de 1992 est resté un délire de connaisseurs, et n’a vraiment eu le droit à la gloire qu’il méritait tout du long que lors de l’explosion du rétrogaming et de l’émulation ? Il n’est pas difficile de l’établir. Tout d’abord, à cette époque, les beat’em all les plus populaires (notamment ceux de Konami) proposaient déjà de jouer à 4 voire 6 joueurs. La limite de deux joueurs sur Astérix, logique dans l’univers mais moins dans les attentes des joueurs, a pu limiter son attrait pour les curieux. Et puis il y a tout simplement la force de la licence Astérix : aux Etats-Unis, le jeu n’a pas vraiment réussi à trouver son succès. Et enfin, l’absence de conversion sur consoles qui aurait pu lui permettre de toucher son public, bien que conserver la qualité graphique du titre sur une console comme la SNES aurait été un très grand défi technique pour l’époque.
Finalement, Astérix était un excellent jeu arrivé au mauvais moment. Mais son héritage s’est vu à travers les âges, où les vrais amateurs de beat’em all n’ont jamais oublié ce titre et sont devenus eux-mêmes développeurs. Si la série Astérix XXL a elle-même repris l’idée de mettre l’emphase sur la castagne (et ce avec un grand succès), on attend avec impatience Astérix et Obélix Baffez-les tous ! de Microids, le véritable successeur spirituel tout en 2D qui saura enfin nous redonner goût aux baffes envoyées aux Romains.
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