C’était il y a quelques jours, et l’information n’est pas passée inaperçue : Grand Theft Auto III, Grand Theft Auto: Vice City et Grand Theft Auto: San Andreas sont désormais disponibles sur Nintendo Switch, tout comme certains jeux Nintendo 64, comme The Legend of Zelda : Ocarina of Time, Super Mario 64 ou Mario Kart 64. Des portages accueillis très différemment, mais qui posent une même question : le rétrogaming a-t-il rattrapé le gaming ? Les choses sont-elles allées trop vite, et sont-elles destinées à s’arrêter ?
“Nous les prenons très au sérieux”. Ainsi parle Doug Bowser, président de Nintendo America, au sujet des quelques critiques récentes envers la firme. Son crime ? Proposer quelques classiques de la 64 sur Nintendo Switch Online, mais uniquement si vous disposez du pack d’extension, une décision qui a déjà fait polémique. Mais passons. Ce qui nous intrigue ici, ce sont les dates.
49,10 millions de Super Nintendo se sont vendues à travers le monde, c’est la console la plus vendue de sa génération. Pas étonnant donc que Nintendo choisisse de la ressortir en 2017, en version MINI, avec 21 jeux cultes de l’époque inclus dedans, parmi lesquels The Legend of Zelda, Super Mario World, Super Mario Kart, Star Fox, Donkey Kong Country… Un an tout pile auparavant, c’est la NES première du nom qui avait les honneurs du petit format. Suivront la Sony PlayStation Classic, la Sega Mega Drive Mini, la C64 Mini, et même la console Retro Neo Geo Mini International, pour les fans de jeux d’arcade. Cette dernière, dans sa version originale, était sortie en 1990, il y a plus de trente ans. Le 26 octobre 2004 , Grand Theft Auto: San Andreas sortait sur PlayStation 2 en Amérique du Nord et le 29 octobre en Europe et en Australie. Il y a moins de vingt ans donc. Les délais sont de plus en plus courts entre le produit initial et son petit ravalement de façade. Le rétrogaming rattrape, lentement mais sûrement, la modernité. Ajoutez à cela l'arcade sacrée célébrée dans la saison 2 de Stranger Things ou un Ready Player One chargé jusqu’à en déborder de références nostalgiques, et vous obtenez un passé devenu, petit à petit, actualité.
Quel avenir ?
Alors, le rétro gaming va-t-il rattraper le gaming ? C’est déjà fait, ou presque. Demain, d’autres versions Mini, d’autres possibilités de jouer, sur d’autres consoles, à d’autres jeux hier chéris, aujourd’hui regardés comme des curiosités. D’ailleurs, la nostalgie n’a même plus besoin de réellement entrer en action : il y a quelques mois étaient annoncés au même moment les director’s cut de Death Stranding et de Ghost Of Tsushima. En réalité, rien de plus que des déclinaisons vaguement enrichies de jeux parus quelques mois plus tôt. Du rétro gaming ? Peut-être (rappel : le rétro gaming est l'activité qui consiste à jouer à des jeux vidéo anciens ou à les collectionner, mais quand débute “l’ancien” ?).
Surtout, ces jeux sont devenus, non plus des reliques, mais des propriétés actives. Atari, pour citer un nom prestigieux, n’est guère plus aujourd’hui qu’une société détentrice de licences, désireuse de vendre, des jeux éventuellement, des tshirts avec son logo plus souvent. La nostalgie n’a plus le temps de faire effet, elle est devenue valeur marchande, donc à rendu immédiat. Le rétro gaming ? Il n’a désormais plus grand chose de rétro, à mesure que les catalogues sont édités de nouveau, parfois à la va-vite. Le jeu vidéo est un Art, il est même le seul que nous ayons vu naître. Le cinéma, la musique, la sculpture, tout cela était déjà là bien avant notre naissance. Le jeu vidéo, à l’échelle de l’Art, est un bébé. Nous l’avons vu naître, puis grandir. Laissons le vieillir.