Focus sur un monument confidentiel du jeu vidéo japonais.
La nouvelle a eu l'effet d'une bombe. Dans un cercle restreint d'initiés, du moins. En mars dernier, Square Enix dévoile le trailer de Valkyrie Elysium en clôture du State of Play. Une annonce qui marque le retour d'un classique oublié du JRPG sur consoles, seize ans après la commercialisation du prequel (Valkyrie Profile 2 : Silmeria) sur PlayStation 2 et six ans après la sortie d'un soft dispensable (Valkyrie Anatomia) sur mobiles, uniquement commercialisé au Japon. Elysium est, surtout, le sequel attendu de Valkyrie Profile, jeu développé par tri-Ace (Star Ocean) et sorti en 1999, qui a profondément marqué les rares âmes qui sont parvenus à se le procurer sur PlayStation. Car bien qu'il soit considéré par de nombreux observateurs comme l'un des JRPG les plus mythiques de l'histoire du jeu vidéo, tant par sa narration prenante que par ses mécaniques novatrices, il est aussi l'un des plus confidentiels. Le genre de titre, dans l'ombre des mastodontes Dragon Quest ou Final Fantasy, que l'on s'arrache pour plusieurs centaines d'euros sur eBay. Mais c'est quoi le concept, au juste ? Séance de rattrapage.
Lenneth et sans bavures
Posons d'abord le cadre. L'histoire de Valkyrie Profile s'imprègne de la mythologie nordique et plus spécifiquement du Ragnarök. Pour se préparer à cette fin du monde prophétique, Odin ordonne à Freya de réveiller Lenneth, la Valkyrie que vous incarnez. Sa mission ? Recruter les âmes de guerriers prodigieux sur Midgard afin de les conduire au Valhalla pour les entraîner. Pour faire son choix tout au long des chapitres, Lenneth découvre le passé de chaque personnage lors de cinématiques s'allongeant sur plusieurs minutes. De fait, Valkyrie Profile laisse une place importante à la narration bien que ça n'ait pas toujours été le projet selon les développeurs. « Au début du développement, les combats au Valhalla constituaient la partie principale du jeu, explique le directeur du jeu Yoshiharu Gotanda dans une interview datant de 1999 et traduite par shmuplations. Il y avait plus de cent personnages, et il est sans doute plus exact de les appeler, à ce stade, unités ». Plutôt que d'empiler les PNJ comme des Kapla, tri-Ace s'attache, finalement, à leur conférer une personnalité propre et un background détaillé. Un aspect différenciant et vivement salué par la critique. « Bien que ces [longues cut-scenes] soient totalement passives, elles sont indispensables à la narration, écrit une journaliste de jeuxvideo.com. [Elles] permettent non seulement de comprendre le vécu de chacun d'entre eux, leurs espoirs, leurs erreurs et leurs sacrifices, mais aussi de s'attacher à eux au point de rendre d'autant plus déchirante la séparation induite par les directives d'Odin ».
Choisis ton aventure
Mieux encore : tous les éléments distillés au long du récit influent sur vos choix et, par extension, sur la fin du jeu. Car oui, Valkyrie Profile propose trois conclusions. Et seuls les joueurs les plus curieux et attentifs peuvent assister à la « meilleure», celle que Yoshiharu Gotanda baptise « la fin A ». « Elle a été conçue pour les joueurs qui voulaient faire les choses à leur manière et défier Odin, explique-t-il. Les conditions à remplir sont très strictes ». C'est d'ailleurs l'un des reproches qui a été fait, à posteriori, au titre misant sur la rejouabilité : forcer les joueurs à suivre scrupuleusement un chemin balisé pour vivre la conclusion idéale d'un scénario déchirant. Un faux-procès, selon lui : « Je pense qu'il y a de nombreux jeux qui sont trop gentils avec le joueur et qui essaient de tout lui expliquer, estime-t-il. Découvrir les choses par soi-même amène, à mon sens, un côté ludique ».
Valkyrie Profile sort également du cadre par son gameplay, mêlant des éléments de jeux de rôle traditionnels à du combat en temps réel. Pour la faire courte : un bouton de la manette est assigné à chaque personnage sur le champ de bataille et l'objectif est de réaliser les meilleurs combos possibles à chaque tour. Par ailleurs, toutes les attaques permettent de remplir une jauge qui, quand elle est pleine, débloque une attaque spéciale. Résultat : Le système de combat, qui a été conçu avant le scénario et regorge de subtilités, est d'une incroyable complexité. « Il reste un certain nombre d'énigmes après avoir terminé le jeu, et pour être honnête, je n'ai même pas essayé de les résoudre moi-même, appuie Yoshiharu Gotanda. Le système de combat, en revanche, a été affiné dans les moindres détails ». Le ton est donné.
Révolutionnaire mais pas forcément aussi populaire qu'elle aurait dû l'être, la série Valkyrie aura droit à une seconde chance, en Europe, avec la sortie d'Elysium. Et soyons honnêtes : ce serait dommage de passer à côté.
Valkyrie Elysium est disponible sur PS4 et PS5.
Valkyrie Elysium dans la boutique Micromania