Le genre “metroidvania” doit-il être l’apanage des jeux indépendants ?
Dossier
PUBLIÉ LE 19 janv. 2024

Le genre “metroidvania”
doit-il être l’apanage des
jeux indépendants ?

Crédit : Ubisoft
PUBLIÉ LE 19 janv. 2024

S’il y a bien un genre de jeu dans lequel les grands éditeurs ne s’aventurent jamais, c’est bel et bien le “metroidvania”. Pourtant popularisé par deux licences d’acteurs majeurs de l’industrie (Nintendo avec Metroid, Konami avec Castlevania), ce style de jeu résolument rétro dans l’âme semble comme “réservé” aux développeurs indépendants, qui regorgent de références dans le domaine. Et si Prince of Persia : The Lost Crown, nouveau jeu d’Ubisoft basé sur ce type de structure, venait bouleverser la donne et montrer que non, le genre “metroidvania” n’appartient pas qu’aux indépendants ?

Écrit par : Antistar

Depuis la toute première PlayStation, un constat s’impose : les éditeurs les plus importants de l’industrie vidéoludique misent essentiellement sur la 3D et cherchent à proposer des expériences de plus en plus abouties visuellement. Revenir aux bases de la 2D n’a plus vraiment de sens à leurs yeux, en-dehors de remakes opportunistes de titres cultes d’antan profitant d’une résolution plus élevée pour accentuer le niveau de détail des œuvres d’origine. En-dehors de Nintendo, toujours un petit peu en marge lorsqu’il s’agit de miser sur le photoréalisme et la progression technologique impressionnante, c’est un fait : presque plus aucun éditeur majeur n’édite de jeux en 2D inédits depuis des années.

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Crédit : Ubisoft

Alors certes, il y a des exceptions, comme par exemple un certain Rayman Origins, suivi de Rayman Legends deux an plus tard, deux platformers 2D d’anthologie produits par Ubisoft Montpellier en 2011 puis 2013. De vraies anomalies dans un paysage qui n’est pourtant pas exempt de titres du genre : la scène indépendante, de plus en plus populaire au fil des 15 dernières années, regorge de jeux vidéo en deux dimensions de très haute volée. Certains d’entre eux rivalisent même avec les superproductions lors des cérémonies annuelles de remises de prix, tels Undertale, Hollow Knight ou autres Celeste. Nous en avions déjà parlé cet été lorsque Blasphemous II fut mis à l’honneur : parfois, c’est dans des jeux à l’esthétique résolument “rétro” que résident les meilleures expériences.

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Crédit : Team Cherry

Y a-t-il une véritable raison à cela ? Elle semble en vérité assez évidente : développer un jeu vidéo en deux dimensions, c’est beaucoup moins coûteux, et tout l’aspect lié au moteur physique est bien plus simple à maîtriser pour des studios bénéficiant de moyens moindres. Mine de rien, lorsqu’un indépendant se hasarde à proposer une expérience d’action-aventure en trois dimensions, il est rare qu’il accouche d’une production léchée et comparable à celles des éditeurs d’envergure. Rien que pour cette raison, il n’est pas surprenant de voir les indépendants s’être fait une spécialité du Metroidvania, genre historiquement associé aux deux dimensions; même si d’une certaine manière, les Souls-like, et même des titres comme God of War ou Star Wars Jedi: Fallen Order, ont quelque chose de ce type de structure mais en 3D.

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Crédit : Sony Interactive Entertainment

Toutefois, peut-être porté par l’expérience très positive de Rayman Origins et Legends (voir plus haut), Ubisoft Montpellier a décidé de rester fidèle à cette “2D-HD” qu’il maîtrise sur le bout des doigts pour faire revenir la licence Prince of Persia sur le devant de la scène. Intitulé The Lost Crown, le nouvel épisode de la franchise quelque peu à l’abandon depuis près de 15 ans est un Metroidvania assumé par ses développeurs. Un cas extrêmement rare au sein d’une industrie qui raffole de ce genre, mais laisse généralement aux indépendants le soin de la mettre en valeur. La seule exception au tableau ? Metroid Dread évidemment, paru en 2021, édité par Nintendo et développé par MercurySteam, déjà auteur du remake de Metroid II: Samus Returns sur Nintendo 3DS en 2017. Un titre pas vraiment surprenant chez Nintendo, avec un petit côté “maman va vous montrer comment on fait” à l’attention de tous les concepteurs de Metroidvania ayant tenté leur chance pendant plus d’une décennie.

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Crédit : Nintendo

Même si Prince of Persia n’est pas une pierre angulaire du genre, la structure de l’épisode original paru en 1989 n’en était finalement pas si loin. À croire que le retour aux sources espéré par Ubisoft ne pouvait passer que par un genre de jeu vidéo d’un autre temps, que l’on croyait réservé aux artistes indépendants. Prince of Persia: The Lost Crown est bien là pour nous prouver qu’il ne s’agit bel et bien que d’une idée reçue. Développé initialement pour la Nintendo Switch, il a tout d’un jeu pensé en priorité pour cette machine, mais que l’on ne s’y trompe pas : prévu également pour les consoles PlayStation et Xbox, ce nouvel épisode de Prince of Persia est bien là pour prouver que les gros studios peuvent aussi concevoir des Metroidvania.

Prince of Persia : The Lost Crown