Fantasques et bordéliques sous-fifres de Gru dans « Moi, moche et méchant », les Minions sont devenus, depuis 2015, les stars de leur propre série spin-off dont le premier volet a généré plus d'un milliard de dollars au box office. Mais pourquoi tant d'engouement pour ces adorables créatures jaunes ? Et qu'est-ce qui les distingue des autres mascottes du cinéma d'animation ? Dressons leur portrait-robot, à l'occasion de la sortie en salles de « Les Minions 2 : Il était une fois Gru ».
Des personnages anecdotiques, puis centraux
En 2007, quand la filiale dédiée à l'animation d'Universal charge Mac Guff - boite parisienne qui s'est spécialisé dans l'animation et les effets visuels - de réaliser « Moi, Moche et Méchant », les Minions n'ont qu'un rôle secondaire dans l'histoire. Éphémère et anecdotique, même. « Dans le script initial (…) quand Gru, le personnage principal, apparaissait sur scène, il était acclamé par une foule de serviteurs, se souvient le réalisateur Pierre Coffin dans les colonnes de Télérama. Nous les avions imaginés grands, gros et musclés. Des trolls façon Seigneur des Anneaux ». Mais peu à peu, Eric Guillon – le directeur artistique qui planche, dans son coin, sur l'apparence des sidekicks depuis six mois – les transforme en ouvriers en salopettes. « A l’allure franchouillarde qui n’en fichaient pas une » précise-t-il à Vanity Fair. Du troll au mécano procrastinateur, il n'y a qu'un pas.
Des clones au look épuré et (presque) identiques
Puis au fil des croquis, le design est affiné et leur apparence épuré. Le produit fini est d'une simplicité absolue : un corps jaune en forme de gélule et vêtu d'une salopette bleue, des yeux globuleux, des binocles, une bouche. Certains sont longilignes, d'autres sont trapus. On distingue parfois un ou deux cheveux sur leur crâne, pas plus. L'objectif, derrière cette simplification à l'excès : se concentrer sur l'expression des personnages pour renforcer leur dimension comique. Revenir aux fondamentaux, s'inspirer du cinéma muet et d'une époque où les expressions faciales valent mille mots. Résultat : l'équipe menée par Pierre Coffin accouche d'une armée de bestioles jaunes, anonymes et quasi identiques, à qui l'on attribue un rôle bien précis dans le scénario : humaniser Gru. « Pour le rendre attachant, nous avons pensé qu'il devait connaître tous les prénoms de ses petits assistants, même s'ils sont des centaines, rembobine le réalisateur au Guardian. Dès cette première scène, nous avons compris qu'ils donnaient un contrepoids aux autres personnages et avaient un grand potentiel comique ».
Le choix du jaune
Si le synopsis du premier volet, sorti en salles en 2015, s'attache à préciser que les Minions sont « simples organismes monocellulaires de couleur jaune », le choix de cette teinte n'a jamais été réellement justifié par le studio. Même si, lors d'un entretien, Pierre Coffin a confié que leur couleur pouvait s'expliquer par leurs origines souterraines. « Nous avons commencé à penser à des bestioles que Gru aurait découvert en construisant sa cave secrète, dit-il. Des créatures souterraines qui, de blafardes, sont peu à peu devenues toutes jaunes. » Mais l'explication est peut être ailleurs. Dans une vidéo publiée sur Youtube et repérée par Slate, le créateur ChannelFrederator formule d'autres hypothèses, plus pratiques, motivant le choix répété de la couleur jaune dans l'animation, de la famille Simpson aux Minions en passant par Pikachu. Les raisons, selon lui ? Mettre les protagonistes en valeur et bien les marier au décor. Tout simplement.
Un boy's club « idiot et stupide »
Plus surprenant que leur dialecte étrange ou leur appétit pour le chaos, les Minions sont tous, sans exception, de sexe masculin. Un choix dont s'étonnent de nombreux spectateurs lors de la sortie du spin-off en salles. Lors d'un entretien accordé à The Wrap, Pierre Coffin détaille son raisonnement : « Vu comme ils sont idiots et stupides, je ne pouvais imaginer que les Minions puissent être des filles ». Et précise, au passage, que ses créatures ne peuvent se reproduire. Logique, dirons-nous.
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