Le marché du rétro est devenu si fou qu’il faut que l’on vous le dise : joueurs, joueuses, vous avez probablement des centaines d’euros qui dorment dans le grenier.
Je ne me sentais pas vieux jusqu’à ce que je constate que les consoles auxquelles j’ai joué toute ma vie sont passées dans la catégorie “rétro” pour une grande partie des joueurs. Et ironiquement, je suis assez vieux pour me rappeler qu’une Super Nintendo ne valait absolument rien en magasin comme sur le net, que 20/30 balles pouvaient suffire à avoir une console complète en bon état de marche… bien qu’un peu jaunie, il faut l’avouer. J’ai fait ma paix avec ça. Après tout, la tendance est normale : maintenant qu’il est possible de retrouver les titres rétros pour 5/10 balles en dématérialisé aussi bien sur nos consoles que sur nos PC, l’objet physique est devenu beaucoup plus important désormais. Je tente donc d’oublier tout cela et m’adapter à l’ère qui est la nôtre, prenant mon rôle de boomer pour l’occasion.
Mais récemment, en faisant le tour des plateformes de ventes en ligne à la recherche d’un cadeau pour mon gars sûr le plus proche, j’ai pu vraiment me rendre compte d’à quel point les prix du rétro avaient explosé ces dernières années. Une GameCube en boite, même incomplète ? Allez, 100 balles. Une GameBoy Fat première du nom, qui mangeait 4 piles à elle-seule et possédait un écran pour lequel il fallait sacrifier une chèvre à heure régulière afin d’avoir la chance d’y voir quoi que ce soit ? Ou une loupe à LED, mais c’était moins fun. 60 balles au bas mot, en mauvais état en plus !
Allô papa ? Tu peux aller au grenier viteuf ?
Vous savez quoi ? Quand j’étais gamin, c’est grâce justement au rétro et au fait que ça ne valait pas un rond que j’ai pu découvrir les jeux vidéo. Aujourd’hui ? Je vais vous dire l’inverse : faites vous des thunes mes amis boomers. Il est temps d’appeler les darons, passer un weekend à la campagne, et surtout aller déterrer les cartons qui vous attendent encore au grenier. Temps de glisser chez la tata qui a gardé pour aucune raison son Atari ST d’époque sur laquelle elle n’a joué qu’à Space Invaders toute sa vie avant de la remiser. Temps de retrouver le Commodore mis de côté quand la famille a chopé son premier PC Continental Edison des familles où tu découvrais Age of Empire à l’aise. Temps de profiter du temps qui passe, plutôt que de le laisser nous rendre anxieux.
Faites du pognon les gens ! Les collectionneurs d’antan avaient raison depuis le début. Maintenant ils ont entre les mains une édition limitée de la PSX qui vaut à elle seule tout ce qu’on a sur notre PEL, et on est là à chercher à retrouver notre Ayrton Senna’s Super Monaco GP II à la cartouche complètement éclatée, rafistolée au scotch après que le daron ait marché dessus en rentrant dans le salon. Je me demande combien je pourrais en tirer avec mon Pit Fighter en boîte mâchonné par le chat sans notice ? Est-ce que je devrais commencer à garder des jeux sous blisters ?
Jeunots, ne nous blâmez pas. On a essayé de conserver des prix bas au début, et vous avez tous sauté sur les prix gonflés jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ce que l’on a connu auparavant. Attendez, vous êtes en train de me dire qu’un jeune n’aurait pas les moyens de se les payer, et que la faute revient donc à ma génération et sa nostalgie ? Je ne sais pas de quoi vous voulez parler. Maintenant je vous laisse, il est temps pour moi d’aller piller le garage du daron.