Si le mode Zombies de Call of Duty est devenu un incontournable, on le doit à Jesse Snyder. Un homme qui a sacrifié ses nuits et affronté ses collègues pour qu’on laisse une chance à ses morts-vivants. Depuis, ces derniers ne le quittent plus où qu’il passe.
En 2007, alors que la série Call of Duty traverse un énorme boom grâce à l’excellent Call of Duty 4 : Modern Warfare, il est complètement impensable d’y voir débarquer un mode Zombies. La franchise est connue pour son aspect simulation réaliste. Et c’est précisément sur ce créneau que les joueurs l’attendent. Pourtant, Jesse Snyder, alors concepteur principal pour le duo Activision-Treyarch, change complètement d’angle d’attaque et s’écarte de l’aspect simulation sur lequel la série s’est bâtie une réputation. Et non sans mal, puisque la réflexion derrière ce revirement voit le jour à partir de démons personnels, et qu’il faut encore la faire accepter aux collègues. Ce qui est fait à l’occasion de Call of Duty : World at War, en 2008.
Changement de mentalité
Avant que le mode Zombies voit le jour sur World at War, un accord est nécessaire avec le reste des équipes. Ce qui, évidemment, n’arrive pas de suite. Pour conceptualiser la chose aux yeux des autres, Snyder doit se battre et commence à produire ses premières esquisses. Sur son temps libre, bien entendu, et donc en y sacrifiant une bonne partie de ses nuits. Finalement, sa présentation fait mouche et un coup d’essai lui est accordé. World at War sort avec le premier mode Zombie de la franchise, et rencontre un petit succès inattendu. Ce qui, ironiquement, fait qu’une suite est désormais attendue, et donc prévue deux ans plus tard sur Call of Duty : Black Ops. Mais il faut savoir que cette envie de s’écarter de la réalité n’a rien de joyeux à ses yeux, comme il l’explique à Kotaku :
“Le catalyseur final a été la mort du fiancé de la mère de ma femme au Vietnam. Et donc maintenant je travaille sur... ils disaient que ce serait ce jeu sur le Vietnam, et j'étais vraiment mal à l'aise avec ça. Et j'avais même eu des conversations gênantes en travaillant sur des jeux de la Seconde Guerre mondiale, où le grand-père de ma femme avait combattu à Bastogne, et j'avais travaillé sur un niveau de Bastogne, et donc il me pose des questions à ce sujet. Et je ne le savais pas, n'est-ce pas ? Et puis j'ai eu l'impression de tomber dans ce piège, et je me suis senti vraiment gêné et mal. C'est comme si je gagnais de l'argent pour les entreprises grâce à ce que ces gens ont fait.”
Le mode Zombie lui permet donc de s’écarter de ce mal-être oppressant, et lui donne même une nouvelle perspective de carrière : “Ok, je veux aller faire autre chose. Et c'est vraiment pour ça que je voulais y aller. C'était en partie à cause des zombies, pour faire des trucs plus fous comme ça. J'ai toujours aimé les jeux qui sont plus intéressants, plutôt que d'essayer de faire des trucs plus funs. Bien que, cela étant dit, l'un de mes jeux préférés est Kerbal Space Program.” Une contradiction rigolote, mais ce que Snyder ne sait pas à ce moment-là, c’est que le Zombies de Black Ops premier du nom va devenir complètement iconique. Et ne va plus jamais le lâcher.
"Refais juste des zombies !"
Avec Black Ops, le monde découvre l’emblématique Kino der Toten, le cinéma de l’allemagne nazie dans lequel se déroule son mode Zombies. Ce dernier se retrouve sur toutes les bouches et attire un énorme nombre de joueurs. Alors même que Snyder pense à prendre son envol pour une franchise déconnectée de la réalité. Ce qu’il réalise en rejoignant les studios de 343 Industries, derrière la série Halo. Mais voilà, l’impact du mode du jeu est tel que Snyder est catalogué comme le “Zombie Guy”, et que ces œuvres passées reviennent constamment dans les demandes qui lui sont faites : “ce qui s'est passé à 343 - je coupe beaucoup de choses, mais comme j'avais travaillé sur Call of Duty, niveau design tout ce que j’entendais était "fais nous un truc à la Call of Duty". Et j'étais comme, "Non, je suis venu travailler sur Halo ! Vous ne comprenez pas !".
Victime de son succès, Jesse Snyder traîne encore cette image de “Zombie Guy” aujourd’hui, malgré des passages à Infinity Ward, Daybreak ou encore NantG. Mais au fond, si cette étiquette peut avoir tendance à l’agacer, elle n’est que le fruit de son excellent travail. Kino der Toten nous a volé bien des nuits passées, et, avec la sortie de Call of Duty Black Ops Cold War et de son nouveau mode Zombies, c’est bien nos nuits futures qui risquent d’y passer. Avec grand plaisir.
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