Kate est une artiste plasticienne belge de 28 ans. Mais vous la connaissez sûrement sous un autre nom : Vadu Amka. Depuis des années, elle nous abreuve de customs de console toujours plus belles à l’image de nos licences favorites. Pour fêter notre concours Xenoblade Chronicles, nous avons eu le plaisir de lui poser quelques questions.
Question obligatoire : quel est le mystère derrière ton pseudo ?
C’est un truc tout bateau. La contraction de Vaudou et de Vandale. C’est un vieux pseudo période MSN quand tout le monde voulait un pseudo un peu stylé. Amka est l’anagramme de « I am K.A. », mes vraies initiales puisque mon vrai nom est « Kate ». Tout ça ensemble fait Vadu Amka.
D’où te vient ton sens artistique ?
Comme tout enfant, j’ai toujours passé des heures à dessiner, bricoler, faire du papier mâché. Quand ado et que je me suis éveillée à l’art, je me suis tournée vers des études artistiques à Saint Luc de Bruxelles. C’est une école qui a formé pas mal de gens connus dans le cinéma, comme Benoît Poelvoorde par exemple. Elle te forme aux arts plastiques, à l’infographie, la photo en supérieur… donc un spectre assez large. Du coup, tu touches à tout. J’ai fait 3 ans dans cette école, en touchant à plein de techniques qui te donnent envie de créer. À mon époque, l’école était très libre dans sa pensée et les profs étaient moins derrière toi sur les absences etc. Parfois, ils encourageaient même les élèves à sortir, aller graffer, peindre, dessiner etc. Ils aidaient vraiment les élèves à s’épanouir. Quand je rentrais de chez moi à 15/16 ans, je créais des trucs improbables en m’éclatant. Et ma grande passion à côté était le jeu vidéo, et j’adorais l’idée d’y travailler. Surtout si je pouvais bosser sur des licences japonais, comme Final Fantasy dont je suis une grande fan (surtout les anciens). Et j’ai réalisé ce rêve y a pas longtemps !
Que faisais-tu avant de faire de la custom ?
Beaucoup de street art et de dessin, surtout manga comme les jeunes de mon âge puisque cette période là était la grosse vague manga/animé. Toute la pop culture a fait le pilier de ce que je réalise. C’est vraiment en 2011/2012 que j’ai commencé à me tourner vers le jeu vidéo et réalisé mes premières custom. C’était très minimaliste au début, et des demandes particulières comme un pote qui récupère une SNES jaunie et me demande de faire quelque chose avec. Ca a commencé comme ça.
Comment t’es-tu faite connaître ?
J’étais pas très réseaux sociaux à l’époque, mais tout a vraiment commencé quand j’ai fait une coque de smartphone un peu steampunk avec des engrenages pour un ami. En 2011, je faisais aussi énormément de portraits au pochoir, en street art, et je me faisais des petits sous avec ça. Parmi les commandes, une console a été rebloggée par un Tumblr et a partagé énormément. Et surtout, j’ai eu la chance d’être créditée ! Je venais de débarquer sur Facebook, et tout le monde a commencé à me suivre et me demander des personnalisations. De fil en aiguilles, j’ai eu une publication sur Kotaku de mes créations, et mon blog a explosé. J’ai même cru que c’était un piratage à l’époque vu que le blog pataugeait. Ca m’a poussé à aller toujours plus loin sur mes customisations de consoles.
Quelles ont été les étapes avant la professionnalisation ?
Quand j’ai terminé mes études, j’ai pu travailler dans de petites productions de cinéma dans la création d’accessoires. Ce en même temps que de faire mes customs et m’amuser à apprendre pleins de choses (notamment l’électronique) par moi-même. Et en 2015, j’ai travaillé au Luxembourg dans la figurine de luxe pendant presque un an chez Tsume. Je m’occupais du packaging et des petits détails sur les figurines. C’est là que j’ai compris à quel point c’était important de raconter une histoire et d’être fidèle au personnage d’origine, pour donner une émotion. A un moment, j’ai dû faire le choix entre faire mes customs ou continuer chez Tsume, et j’ai choisi de travailler sur mes propres trucs dans le jeu vidéo en me lançant comme indépendante en activité principale. Je ne regrette rien du tout ! J’ai aussi une petite activité de consultante, notamment chez Tsume pour le contrôle qualité.
Quel but poursuis-tu avec tes custom ?
Mon but est de donner vie et de retranscrire une émotion. Quand tu vois une console customisée, il faut immédiatement que ça t’évoque quelque chose. Tel moment dans le jeu, tel temple où j’ai détesté le boss ou là où j’ai pleuré. Il faut que ça raconte quelque chose. Et j’aime bien maintenant ajouter des matières plus nobles comme le bois, le métal, de l’impression 3D aussi. Ajouter ce côté plus premium. Mais il y a beaucoup de choses dont je ne peux pas parler, puisque finalement il n’y a sur mon blog qu’un dixième de toutes les créations auxquelles je participe sous NDA.
Quelle est la principale difficulté dans tes projets ?
La limite du custom, c’est le budget. Ca a quand même un prix, et les clients particuliers comme privés n’iront pas claquer 10 000€ dans une personnalisation. Maintenant, j’ai un cahier de charges pour la plupart des projets, et ces derniers partent en validation. Quand on me propose de faire un truc et que je propose des idées et concepts, il peut se passer plusieurs mois avant que j’ai une réponse. Surtout pour les licences japonaises. Donc la plus grosse difficulté va surtout être qu’après que tout soit validé, il peut rester parfois 2/3 semaines pour tout créer. Ça peut être un peu frustrant, surtout que tu dois tester pas mal de choses avant d’arriver au produit final. Le plus gros problème est le temps par rapport à l’ambition.
Comment est né le projet Xenoblade ?
Pour le projet Xenoblade, quelqu’un de Micromania a contacté Random Print pour lancer le projet. Random Print, c’est une société d’impression 3D qu’on a monté collectivement en 2017. Il y a eu brainstorming, mes associés et moi avons soumis des concepts. Dans Random Print, je m’occupe surtout du crafting et de la mise en peinture. Je fais plutôt l’art plastique, et mes collègues de la technique et de l’impression 3D. Au milieu de la production, il y a eu la crise du COVID-19, et donc un gros blackout où on s’est regardé dans le blanc des yeux pendant plusieurs semaines.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans ce projet ?
La chose qui m’a énormément marqué sur ce projet… C’est la pelouse. De base, on devait représenter l’épée emblématique plantée dans un paysage de plaine. Cette plaine, ils ne voulaient pas que ce soit de la moumoute, mais plutôt quelque chose de plastifié d’apparence naturel. Avec le COVID-19, impossible de commander de la fausse herbe nul part. Il a fallu qu’on l’a créé nous-même en thermo plastique transparent. On a dû créer plus de 200 petites brindilles comme ça, et les peindre une à une. Il a aussi fallu ruser et rajouter des ombrages pour donner un côté naturel. On a fait notre maximum pour ! On a aussi recréé intégralement l’épée en 3D, et a découpé le corps pour mettre un dispositif LED à l’intérieur pour qu’elle s’allume. Mais les sillons étaient beaucoup trop fins, et il était impossible de trouver des LED de la bonne taille pendant la crise, donc on a substitué par des lignes qui brillent dans la nuit. Ca a été la débrouille avec nos impératifs de temps, mais on a fait en sorte de faire honneur au jeu.
La Nintendo Switch spéciale Xenoblade Chronicles créée par Vadu Amka et Random Print est à gagner dans notre concours spécial ! N’hésitez pas à vous inscrire pour profiter de ce superbe objet créé avec amour.