On avait tendance à l’oublier, mais jusqu’au début des années 2000, Indiana Jones était régulièrement présent sur consoles et PC, avant de disparaître des radars, exception faite d’une poignée de jeux LEGO en collaboration avec le célèbre aventurier. Une situation hélas compréhensible tant Tomb Raider et Uncharted ont su s’approprier le genre au fil des générations. Cependant, “Indy” est enfin de retour sur consoles, et croyez-le ou non, il pourrait bien redonner un coup de fouet à sa carrière virtuelle et reléguer Lara Croft et Nathan Drake au rang d’antiquités.
Un article signé Antistar.
Plus de 40 ans après avoir entamé sa carrière légendaire au cinéma devant les caméras de Steven Spielberg, le professeur d’archéologie Henry Jones Jr. n’est certes plus celui qui avait l’honneur d’être nommé neuf fois aux Oscars 1982 (et cinq fois primé !), tant les années ont passé, et les relatives déceptions cinématographiques avec. En effet, pendant de longues années, les fans de la légendaire trilogie des années 1980 avaient boudé le quatrième épisode sorti en 2008 (le Royaume du crâne de cristal) en feignant de nier son existence. Depuis un an, ils se sont finalement mis à la reconnaître suite à la sortie en salle d’un cinquième film sans George Lucas ni Steven Spielberg aux commandes, ne devant son statut d’Indiana Jones qu’à la présence d’un Harrison Ford désormais très voire trop âgé pour camper ce rôle mythique avec autant de prestance et d’efficacité.
Cependant, pendant que LucasFilms s’entêtait à faire perdurer une légende qui méritait de se reposer, faute peut-être de lui trouver un digne héritier, le studio MachineGames œuvrait dans l’ombre pour le ressusciter avec beaucoup plus de subtilité. Ce développeur suédois, propriété de l’éditeur Bethesda depuis une dizaine d’années et auteur de tous les épisodes de Wolfenstein publiés durant les années 2010, se vit en effet confier la responsabilité de développer le premier nouveau jeu Indiana Jones depuis vingt ans, avant que Microsoft ne rachète son propriétaire et ne s’assure l’exclusivité temporaire du jeu. Un bon moyen de s’assurer un hit sur Xbox Series, dans une période compliquée pour le géant américain ? Rien n’est moins sûr, car Indiana Jones ne parle plus autant aux gens qu’avant.
En effet, sept ans après ce que l’on pensait être la conclusion épique d’une trilogie ayant marqué toute une génération, une certaine Lara Croft voyait le jour sur consoles et PC, et donnait une toute nouvelle dimension à la notion d’aventure et d’exploration. Onze ans plus tard, c’était au tour de Nathan Drake de ringardiser celle qui était devenue l’égérie virtuelle de tout un art, au point de faire revenir cette dernière en 2013 avec un reboot musclé et spectaculaire suivi de deux autres épisodes concurrençant tant bien que mal la saga Uncharted, couronnée de davantage de succès. Et devinez quoi ? Les deux héros étaient tous deux décrits comme “de nouveaux Indiana Jones”. Un peu comme un certain Benjamin Gates, seul vague héritier digne de ce nom à la même époque dans les salles obscures. Dans l’ombre, “Indy” attendait patiemment de pouvoir faire la nique à ces jeunots, convaincu de pouvoir rappeler qui est le vrai plus grand aventurier de tous les temps. Et non, ce n’est pas Bob Morane, grand bien en fasse à Nicola Sirkis.
Avec sa proposition de gameplay à la première personne, certes controversée mais assumée, MachineGames entend bien nous mettre dans la peau d’Indiana Jones comme nous ne l’avons jamais été dans l’histoire du jeu vidéo. Spécialistes dans le dérouillage de nazis depuis une décennie entière, les développeurs des derniers Wolfenstein savent exactement de quoi ils parlent et à quel mythe ils s’attaquent, et les différents trailers ne laissent aucun doute à ce sujet : Bethesda a misé sur le bon cheval pour ressusciter la légende de ce bon vieux “Indy”. L’humour semble faire mouche, et que dire de cette VF qui se paie le luxe de nous offrir LE doubleur officiel français de Harrison Ford, là où les anglophones n’auront pas la chance d’avoir leur héros doublé par sa voix légendaire. Bon, ils auront quand même droit à Troy Baker (doubleur de Joel dans The Last of Us, parmi ses innombrables références récentes), mais c’est pas pareil. Nous, on aura le VRAI Indiana Jones dans les oreilles, en jouant avec son point de vue, et en maniant le fouet comme personne. Rien que pour ça, ce sera plus immersif que n’importe quelle aventure de Lara Croft ou de Nathan Drake, qui doivent encore un peu de respect à leur légendaire aîné.
Si Action Man est le plus grand de tous les héros, Indiana Jones est le plus grand de tous les aventuriers. En dépit d’une concurrence certaine arrivée dans les années 1990 et 2000, aussi bien au jeu vidéo qu’au cinéma, le célèbre explorateur incarné par Harrison Ford est plus vivant que jamais, et a encore de beaux jours devant lui, surtout si son retour sur consoles et PC est une réussite. Et comme Bethesda semble avoir opté pour le développeur idéal afin de nous glisser dans la peau de ce brave “Indy”, il y a fort à parier que le plus grand expert du claquage de fouet s’offre de nouvelles heures de gloire, se rappelle au bon souvenir de ses fans de longue date et séduise également toute une nouvelle génération. Juste histoire de rappeler, encore une fois, qui est la légende.