Dans les jeux vidéo modernes, un joueur doit souvent faire des choix dans ses actions, ses dialogues et ses besoins. Mais ces œuvres dites “à choix multiples” ne datent pourtant pas d’hier. Retour rapide.
Toute vie est constituée de choix allant du plus simple (“ Que vais-je manger ce midi ?”) au plus ardu (“Dois-je vraiment épouser cette personne ?”). Alors, pour s’évader d’un quotidien parfois difficile et échapper à ces décisions cornéliennes, les gens se rabattent notamment sur les jeux vidéo. Qui, malheureusement (ou heureusement, c’est selon), les mettent également face à des dilemmes infernaux. Autant de titres dits “à choix multiples” qui sont peut-être plus anciens que ce que vous pensez.
L’inspiration papier
Qui dit “jeu” ne dit pas forcément “vidéo”. Dans les années 1970, déjà, les adeptes des premiers jeux de rôle papier comme Donjons et Dragons passaient leur temps à négocier avec le destin en jetant des dés et en faisant progresser leurs personnages à grands renforts de décisions plus ou moins sages. Bref, remplacez le maître de jeu par le scénario, retirez les dés, et vous avez le principe fondamental des jeux à choix multiples vidéoludiques. La différence principale ? Seul(e) devant un écran, vous avez le droit de jouer en slip. Ce qui est assez mal vu dans le monde du JDR.
Les années 2000 démocratisent le genre
En 1999, Matrix débarque au cinéma avec son fameux choix de pilules. Dans la foulée, les premiers vrais jeux à choix multiples font leur apparition. Coïncidence ? Nous ne croyons pas. Ainsi, Star Wars : Knights of the Old Republic (KOTOR) en 2003 pose les bases (strictement vidéoludiques) du genre. Au fil de ses dialogues, des chemins s’ouvrent pour rejoindre le côté lumineux ou obscur de la Force, débloquant ainsi l’une des deux fins possibles pour votre avatar.
Au fil des années, d’autres perles du gaming apparaissent et s’approprient le style à leur manière : Fable en 2005 applique un système de dualité bien/mal dans lequel le joueur choisit son camp par ses actions. Dans Bioshock en 2007, une seule action malveillante envers les Petites Soeurs entraîne une mauvaise fin de jeu. Pour Mass Effect, la même année, on reprend les idées de KOTOR pour proposer des fins alternatives. Dans Heavy Rain en 2010, ce n’est pas la vie d’une seule mais de plusieurs personnes qui se joue et celles-ci peuvent s’entrecroiser selon les embranchements choisis. Dans The Walking Dead de Telltale en 2012 et Life is Strange en 2015, le joueur s’immisce dans une situation extraordinaire - voire paranormale - et doit s’adapter pour que l’histoire se déroule sans accroc. Les blockbusters The Witcher 3 en 2015 et Assassin’s Creed Odyssey en 2018, quant à eux, intègrent aussi des dialogues pouvant altérer le cours de l’histoire. Bref, avec le temps, les joueurs n’ont plus d’autre choix que de faire des choix.
Quand The Stanley Parable change le game
En 2013, les joueurs sont déjà habitués à tracer des chemins (relativement) personnels dans des scripts prédéfinis lorsque sort une pépite qui bouscule leurs acquis. The Stanley Parable, puisqu’il s’agit bien de lui, propose alors bien plus qu’un gameplay saupoudré de quelques choix stratégiques.Dans ce titre dément (littéralement) signé Galactic Cafe, le choix EST le gameplay.
Le principe ? Le joueur, perdu dans un dédale de bureaux mystérieux, tente de naviguer en résistant (ou non) aux directives d’un narrateur dictatorial. Mais au fil de l’histoire (ou plutôt des redémarrages de l’histoire), des chemins alternatifs se dévoilent et donnent une chance à Stanley, votre avatar, d’échapper aux ordres de la voix off pour mieux suivre ses propres désirs. Oui, The Stanley Parable, c’est un peu la vie.
Vers les choix infinis et l’au-delà
Où sont les jeux à choix multiples en 2022 ? Eh bien partout ou presque. Dans Horizon Forbidden West, des choix s’offrent à Aloy lors des dialogues pour répondre selon un trait de caractère. Dans Elden Ring, ils proposent de nombreuses fins selon les actions réalisées ou pas durant la partie. On en passe, bien sûr, mais peu de meilleurs.
Et sachez-le : le genre ne disparaîtra évidemment pas demain. On en veut pour preuve la sortie prochaine de Vampire The Masquerade : Swansong, qui bouclera la boucle en renouant avec la mécanique des JDR, puisque des jets de dés sont au programme. Que vous ferez en slip ou non. À vous de voir.
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