Alors que Demon’s Souls s’apprête à être l’un des plus gros jeux de lancement de la PS5, son appartenance à la série Souls nous prépare déjà à entendre “git gud” constamment. Mais pourquoi ?
Lorsque l’on pense à la série Souls, qui a commencé sur PS3 avec Demon’s Souls avant de s’ouvrir à un plus large panel grâce à Dark Souls et Bandai Namco, on pense naturellement à… la mort. Pas de manière métaphysique bien sûr, mais plutôt parce que l’on sait d’emblée que l’on va mourir encore et encore manette en main avant de réussir à triompher. C’est ce qui fait la force de la série, mais quelque part aussi sa plus grande faiblesse. Pour de nombreux joueurs, l’attrait n’est tout simplement pas là : un jeu aussi compliqué n’est tout simplement pas à leur goût. Et lorsque ces derniers expriment leur mécontentement, internet a pris l’habitude de répondre un laconique “git gud”, ou “get good” soit “deviens meilleur” en anglais. Le fameux “joue mieux” comme seule aide offerte aux débutants est-il justifié ? Totalement, puisque les Souls ne sont en fait pas des jeux difficiles… mais très différents du commun moderne.
Take me home country roads
Revenons aux origines de la série. Lorsque le projet Demon’s Souls est apparu sur son bureau, Hidetaka Miyazaki a immédiatement voulu faire revivre l’esprit de King’s Field et des jeux anciens type Ghouls’n’Goblins. Cependant, ces jeux à l’époque venaient principalement de l’arcade, où le modèle économique faisait que les titres cherchaient à vous piéger rapidement. L’idée était naturellement de vous faire remettre une pièce dans la machine pour continuer votre partie. Les portages consoles conservaient cette même mentalité qui a terriblement influencé le gameplay.
Puis les premières consoles sont arrivées, et l’arcade a progressivement été remplacée par celles-ci. La puissance des consoles ayant rattrapé celle des bornes d’arcade, il n’y avait plus vraiment de raison de dépenser ses piécettes de la sorte. Pour autant, le game design n’a pas forcément évolué à cette époque, pour une raison simple : les jeux étaient relativement courts. Et ainsi, la difficulté servait à rallonger la durée de vie de nos jeux de plateformes type Megaman ou Ducktales. Du même temps, les jeux vidéo de cette époque étant intégralement une expérience de gameplay (et non d’histoire), tout s’alignait pour nous permettre de créer des souvenirs impérissables.
La série Souls est du même acabit. Cependant, il est important de noter qu’elle est libérée non seulement des contraintes du modèle économique de l’arcade, mais aussi de la difficulté comme moyen d’allonger la durée de vie. D’aucun sait également que l’histoire est primordiale dans chacun de ses épisodes ; elle reste seulement au second plan pour que les joueurs puissent la retracer eux-mêmes, de façon à faire de la scénarisation une mécanique de gameplay avant toute chose.
Joue mieux
C’est principalement ça qui caractérise Souls : c’est une expérience de gameplay. Dans un contexte où les jeux vidéo sont de plus en plus scénarisés, et de plus en plus proche de la philosophie des blockbusters de cinéma où le divertissement est dans le grandiloquent, la série Souls est… simple, en comparaison. Le spectacle vient de ce que vous êtes capable de réaliser manette en main. Et pour respecter cela, le moindre ennemi vous demande d’être véritablement actif cérébralement, la moindre erreur pouvant vous coûter la vie.
Mais les Souls sont-ils si difficiles ? Dans les faits… Pas exactement. Sur le papier, ils sont même moins compliqués que la plupart des titres disponibles. Chaque ennemi respecte un certain pattern d’action : il fera trois coups, s’arrêtera pour vous permettre de placer deux coups, avant de passer à un autre cycle. Il sera fort contre tel type d’attaque, faible contre un autre. Il suivra toujours le même chemin au même moment. Théoriquement, si vous connaissez le jeu par cœur, vous pouvez jouer comme un robot du début à la fin et l’emporter avec aise.
Et c’est pour cela que “git gud” est plus ou moins la seule réponse valide lorsque l’on se plaint de la difficulté de la série. Parce qu’être bon sur un Souls ne vient pas vraiment du fait d’être bon manette en main, mais d’apprendre tous ces patterns petit à petit. Acquérir une connaissance encyclopédique du jeu pour ne plus jamais se prendre le moindre piège qu’il tend. La difficulté de Souls ne provient pas de son gameplay à proprement parler, mais du fait que vous devez l’apprendre par cœur pour le surmonter. Et que bien sûr, le jeu s’en amuse en vous offrant des tonnes et des tonnes de pages à apprendre et à retenir.
Au milieu des nombreux titres qui vous invitent à jouer, vous prennent par la main et vous offrent des tonnes d’aides à la visée, Souls est la cathédrale sombre. La maison de la Sorcière. L’école abandonnée que l’on décide nous-même de visiter en dépit du danger. Et qui, à mesure qu’on la parcourt, nous fait de moins en moins peur. Demon’s Souls est à l’origine de tout : il serait dommage de passer à côté de cette expérience singulière.
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