La série Gangs Of London, signée Gareth Evans (The Raid) et Matt Flannery est enfin arrivée en France, accompagnée d’un buzz amplement mérité. Mais rappelons ici qu’elle est, au tout départ, inspirée d’un jeu vidéo totalement tombé dans l’oubli. Gangs Of London, souvenez-vous, c’était ça.
Pur produit signé Sony, développé par SCE et édité par Sony Computer Entertainment pour la PSP, Gangs Of London avait de grandes ambitions. Imaginez donc : vous laisser la possibilité, au choix, de travailler pour l’un des cinq leaders (comme chauffeur ou tueur à gages) des plus gros gangs de la capitale anglaise. Vous pouvez être aux côtés de Morris Kane, qui jure de prendre le contrôle de la ville après le massacre de son élevage de pigeons de compétition (un point de départ comme un autre à un bon gros pétage de plombs). Vous pouvez aussi choisir d’aider Vladislav Zakharov, amateur d’art à ses heures et avide de revanche après le vol de ses plus belles toiles dans sa demeure de Westminster. Mais pourquoi ne pas côtoyer Mason Grant, désireux de venger le meurtre de sa copine, San Cho Yang, leader d’une triade chinoise, ou encore Asif Rashid, un gangster pakistanais déterminé à libérer son frère de prison ? Bref, une bien belle galerie de gueules cassées, dans un FPS bas du front, le tout sur Playstation Portable. Le rêve ? Non, loin de là.
Et pourtant, la promesse est belle : un jeu direct, rapide, qui ne s'embarrasse pas d’une quelconque narration. Ici, chaque mission se suffit à elle-même, et le contexte est brièvement expliqué sous la forme d’une page de comic book faisant office de page de chargement. Puis, sans sommation, vous voilà plongés dans le grand bain (de sang). Et chaque mission réussie ouvre la voie à une domination totale de la ville, ainsi qu’à quantité de mini-jeux dont les intérêts varient grandement. Pourtant, malgré cette promesse d’efficacité, l’ennui pointe rapidement le bout de son nez. Certes, les missions varient selon le choix de notre clan, et entre sauver un homme et le descendre, il n’y a qu’un pas, mais le franchir n’offre au jeu qu’un léger répit. Très vite, on a fait le tour. Très vite, dézinguer à tout va provoque des bâillements à répétition, l’excitation laissant place à un ennui poli. Peinant à se renouveler, Gangs Of London n’a pour lui que son format : des missions d’une dizaine de minutes environ, disponibles sur une console portable, parfait donc pour un trajet en bus, ou tuer le temps dans la salle d’attente. Pour le reste, difficile de s’attacher à ces “héros”. Pour les faire exister, il fallait davantage.
Un film. Ou plutôt, des films. Gareth Evans, au micro de Sky News : “on m’a approché pour réaliser une adaptation sur grand écran du jeu, pour en faire une franchise. C’est ce que j’aime à Londres, à chaque coin de rue, tu peux entendre dix langues différentes”. Une ambition démesurée, celle de faire naître plusieurs plusieurs films axés autour de ces gangs rivaux, mais qui finalement ne trouvera sa forme finale que lorsque le réalisateur gallois de The Raid et sa suite, ainsi que de l’excellent Apostle, optera finalement pour une série de plusieurs épisodes. De Gangs Of London, le jeu, ne reste que le nom. Et c’est très bien ainsi.