On connaît bien Far Cry : une île et un ennemi charismatique avec une histoire torturée… Mais la série n’a pas du tout commencé ainsi.
Si l’on pense à Far Cry aujourd’hui, on imagine souvent en premier lieu Vaas Montenegro, le charismatique villain du troisième épisode. Il faut dire que quiconque a connu le trailer d’annonce de l’époque, où ce dernier nous rappelait la définition de la folie, l’a forcément gardé en tête à tout jamais. Quelle peur viscérale nous a parcouru l’échine ! Quel charisme hypnotique qui a fait que l’on voulait tout savoir de cet homme du même temps ! Depuis, la licence d’Ubisoft nous a offert parmi les meilleures heures de jeu et les meilleures histoires que l’on ait connu sur les FPS modernes… Mais vous souvenez-vous des débuts de la licence ? Elle était loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui.
Démo technique
Déjà, saviez-vous seulement que Far Cry n’est pas une licence créée par Ubisoft ? Elle nous vient en vérité des développeurs allemands Crytek, dont il s’agissait d’ailleurs du tout premier jeu. Fondé en 1999 par trois frères, Cevat, Avni et Faruk Yerli, ce studio a toujours eu pour philosophie de repousser les limites de ce qu’il était possible de faire dans le jeu vidéo. Et qui dit développeur allemand dit bien évidemment PC, la plateforme chérie du pays entier. A cette époque, la différence entre les consoles et les PC était encore énorme, faisant que de nombreux portages console vers PC se retrouvaient quelque peu bridés. Crytek n’en avait que faire : ils voulaient utiliser les dernières technologies pour sortir les meilleurs graphismes, qu’importe si les consoles ne suivaient pas.
Crytek a donc développé une démo technique baptisée X-Isle : Dinosaur Island et a été la présenter à l’E3 1999. C’est ici qu’ils ont décroché de nombreuses mâchoires et se sont trouvés deux alliés. Le premier fut Nvidia, qui a utilisé cette démo technique pour mettre en avant sa nouvelle gamme de cartes graphiques GeForce 3. Le second fut Ubisoft. L’éditeur a vite contacté l’équipe pour développer un jeu vidéo sur la base de cette démo, qui deviendra par la suite le Far Cry que nous connaissons tous.
Claque graphique
Mais qu’est-ce qui a réussi à séparer Far Cry de la masse ? Son vilain charismatique ? Absolument pas. Far Cry premier du nom était un FPS somme toute assez classique. Vous y incarnez Jack Carver, un genre d’ex militaire super héroïque au passé trouble, qui se retrouve piégé sur une île du Pacifique contrôlée par des mercenaires qui développent des animaux génétiquement modifiés pour la guerre. Qu’on se le dise : ce n’est pas le scénario le plus original du monde, et plutôt une bonne excuse pour envoyer des kilos de plomb dans les airs sans trop se poser de question.
Far Cry est sorti du lot parce qu’il s’agissait d’un jeu incroyablement beau à l’époque. Avant-gardiste sur des tonnes de technologies utilisées communément aujourd’hui, il a mis à genou toutes les configurations de l’époque. Ce qui l’a sorti du lot, c’est à quel point ses eaux étaient superbement rendues, à quel point ses forêts étaient denses et luxuriantes, et la liberté qu’il donnait au joueur pour traverser son terrain avec de nombreux véhicules et une vision très large de l’espace. Far Cry était la claque graphique absolue qu’on n’attendait plus, et Crytek est immédiatement devenu le studio sur lequel il fallait compter pour nous ouvrir la voie d’une nouvelle ère graphique. Son second jeu est aujourd’hui un mème tant il a repoussé toutes les limites de l’époque : Crysis.
Crytek ne s’est occupé que du premier épisode avant de passer à autre chose. Possesseur de la propriété intellectuelle, Ubisoft a tenté un second épisode dans la même veine avant d’avoir la vision que l’on connaît aujourd’hui grâce à Far Cry 3. Mais si le souvenir du premier jeu s’efface à mesure que les épisodes s’enchaînent, mieux vaudrait ne pas oublier comme Far Cry a su révolutionner son époque. Sans lui, les graphismes de nos jeux vidéo auraient peut-être été bien différents…