Après un quart de siècle d’un sommeil profond, notre héros réalise que les jeux vidéo ne sont pas devenus ce qu’ils devaient être.
Imaginez la scène : je jouais tranquillement à Chrono Trigger, ponçant le jeu comme jamais, poussant ma Super Nintendo dans ses retranchements. Le jeu terminé, il en alla aussi de ma curiosité, et de mon envie de poursuivre dans ce mode de vie consumériste. Je pris donc mes affaires, et décida de m’engager dans l’humanitaire au sein des régions les plus reculées de l’Amazonie. Là, je suis tombé dans le coma. Longue histoire.
Bref, me voilà de retour, 25 ans plus tard, bien éveillé, et désireux de rattraper mon retard. Sur ma table de chevet, quantité de magazines, Console + et autres Joypad datés de la glorieuse année 1995, et riches de mille et unes prédictions sur le futur vidéoludique qui nous attendait. Sauf que… J’ai certes dormi pendant un quart de siècle, mais force est de constater que le futur n’est pas encore à notre porte, tout du moins pas celui imaginé. Revue de presse, ou plutôt, revue de presque.
La guerre des consoles
En 1995, Nintendo livrait encore bataille contre Sega, mais Sony venait de débarquer sur le marché avec sa Playstation. Bref, la guerre des consoles battait son plein. J’ai tout bien relu, et si personne n’avait réellement imaginé que Sega puisse se planter à ce point quelques années plus tard, et que l’arrivée de Microsoft dans le game n’était pas encore à l’ordre du jour, on parlait déjà, alors, de l’idée que peut-être un jour les jeux se joueraient directement sur Internet, en streaming. Et si finalement, en 2020, Microsoft avec sa Xbox et Sony avec sa Playstation se tirent toujours autant la bourre, délivrant leurs consoles de nouvelle génération en cette même fin d’année, force est de constater que Nintendo joue désormais dans sa propre cour. De plus, désolé, mais j’ai bien l’impression que les gens achètent encore des consoles énormes, et même des jeux dans des boîtes. Le streaming ? Ils veulent tous leur part du gâteau, mais le Netflix du jeu vidéo se fait encore attendre. On me souffle dans l’oreillette le nom de Stadia, mais je ne sais pas ce que c’est.
Apple
Tiens, puisqu’on parle de la guerre des consoles, devinez qui avait prédit l’arrivée d’Apple sur le champ de bataille ? Tout le monde, de Forbes à Edge. Sauf que finalement, bah non. Enfin si, il y a bien eu la Pippin 1996 par Bandai, mais tout s’est arrêté un an après. Aujourd’hui, on peut certes jouer sur iPhone (d’ailleurs, non, les téléphones n’ont pas non plus remplacé les consoles), on peut aussi croire au succès, un jour, peut-être, d’Apple Arcade, son service de jeu vidéo sur abonnement. Mais non, la firme de Steve Jobs n’a pas encore investi dans le marché de la console de salon. Ceci dit, une brève balade sur Internet le prouve : la rumeur revient chaque année. Contrairement à Steve Jobs. Quelqu’un a des news ? En 1995, il était partout.
MUD Games
Alors celle-ci, j’avoue que je ne l’avais pas vu venir. En 1995, ces grands fous de Wired écrivent que les MUD Games sont en passe de devenir la grande addiction de la décennie. Vu qu’en 1995, les MUD Games étaient déjà bien ringards, difficile de comprendre. Les MUD Games, souvenez-vous, signifiaient multi-user dungeon, et il s’agissait d'un jeu vidéo hébergé par un serveur sur Internet. Il fallait tuer des monstres et des elfes, mais dans un environnement décrit textuellement. Bref, c’était tout de même un peu limite en termes d’immersion à l’époque, alors de là à croire que des joueurs allaient y perdre leur santé mentale. Ceci dit, beaucoup ont également cru que les MMO deviendraient les plus gros jeux du marché. Pourtant, si j’ai bien perdu un ami quelque part dans World Of Warcraft, j’ai bien l’impression que tout le monde est parvenu à sortir de Second Life. Pas toujours indemne, certes.
Réalisme
En 1995, tout le monde le dit, promis juré craché : les jeux vidéo de demain seront tellement réalistes qu’ils nous sembleront réels. En plus, avec les casques de réalité virtuelle, nous serons plongés dans un autre monde. D’ailleurs, même Gérard Oury a mis ce futur en image dans Fantômes Avec Chauffeur (un chef d'œuvre que j’ai vu juste avant de partir en Amazonie). Sauf qu’en 2020, les casques sont trop lourds et trop chers, et les jeux peu nombreux. Quant à confondre la vraie vie et ce qu’il se passe sur mon écran de télévision, disons qu'on n’en est pas encore là. Dans dix ans, peut-être ?