Vous l'aurez remarqué, mais des dinosaures dans un monde moderne, ça n'existe pas. On peut même dire qu'il s'agit d'une belle erreur historique, chose dont se fiche totalement Exoprimal puisque tout l'intérêt est justement de pouvoir dézinguer des T-Rex avec une mitrailleuse et un exosquelette. Mais en revanche, de nombreuses autres coquilles du genre apparaissent dans les jeux vidéo… et ça méritait bien un petit dossier.
Écrit par : Max Cagnard
C'est quoi, un anachronisme ?
Si vous n'avez pas suivi l'actualité, petit rappel des faits : vendredi 14 juillet est sorti Exoprimal, le tout nouveau jeu vidéo de Capcom (la firme derrière Resident Evil, Devil May Cry, Street Fighter et un paquet d'autres) sur PC, PlayStation 5, PlayStation 4 et Xbox Series. Le concept ? Faire équipe avec quatre autres personnes pour affronter des vagues incessantes de dinosaures dans un monde futuriste, équipé d'un exosquelette hyper débridé technologiquement.
Du grand n'importe quoi complètement assumé, même si effectivement, les dinosaures n'existent plus et il s'agit donc d'une erreur historique. Ceci a aussi un nom : un anachronisme. On peut en voir souvent dans les films, quand la costumière fait une petite bourde ou qu'un acteur oublie de retirer un accessoire de notre époque. L'un des anachronismes les plus connus concerne par exemple le film Gladiator, où l'on peut apercevoir un figurant avec une montre, alors que l'intrigue se déroule à Rome en l'an 180.
Mafia 2 : du crime et des erreurs
Bref, le jeu vidéo aussi a ses petites erreurs historiques et nous avons justement décidé d'en classer quelques-unes de cet article. Et l'on va commencer directement avec Mafia 2, excellent jeu de… mafieux (surpris ?) sorti en 2009. Son contexte se déroule à plusieurs époques, mais lors de la seconde moitié du jeu qui se passe en 1951, il faut savoir que la plupart des musiques que l'on écoute ne sont pas encore sorties cette année-là ! Les développeurs avaient visiblement un faible pour les tracks des années suivantes : malheureusement pour eux, certains joueurs s'en sont rendus compte.
Call of Duty Black Ops et The Saboteur : la guerre revisitée
Call of Duty Black Ops est aussi un joli repère d'anachronismes, aussi culte l'aventure de Treyarch soit-elle. Alors que le jeu se déroule pendant la guerre froide, notamment entre la guerre du Vietnam et la fin des années 1960, il se trouve que l'on doit manipuler un tas d'armes… qui n'avaient même pas été encore fabriquées à cette époque-là. Par exemple, l'AUG n'est fabriquée qu'en 1978 et le célèbre fusil à pompe SPAS-12 ne date que de 1979. De même, on peut entendre une musique datant de 1969 ("Fortunate Son", pour les curieux) dans un niveau où l'histoire se passe en 1968. Cramé !
Pour rester dans le jeu de guerre, les développeurs ont en aussi fait une belle dans The Saboteur, un chouette jeu qui nous faisait incarner un résistant à Paris pendant l'occupation. Dans le jeu, les Français se font attaquer par surprise par les Nazis, qui viennent les assiéger. Sauf que dans la vraie vie, la France a déclaré la guerre à l'Allemagne et était donc parfaitement au courant qu'ils allaient venir croiser le fer, se préparant au combat avec la célèbre ligne Maginot. Bref, rien à voir.
Assassin's Creed, un cas d'école
La saga Assassin's Creed en tient une belle couche, elle qui s'amuse à nous faire vivre des civilisations différentes à des siècles différents, à chaque jeu. Le comble, c'est que pour tous les épisodes, Ubisoft s'entoure d'une solide équipe d'historiens pour reconstituer le plus fidèlement l'époque en question. Malheureusement, certaines erreurs passent quand-même, comme dans Assassin's Creed Unity (qui se déroule à Paris au 18e siècle) qui affiche le drapeau bleu blanc rouge cinq avant qu'il ne soit adopté, la Bastille toujours entière deux ans après sa démolition ou la Marseillaise chantée un an avant son écriture. Oups.
Même son de cloche du côté d'Assassin's Creed III, où l'on peut apercevoir le drapeau américain avant même son utilisation des années plus tard. Aussi, on peut constater la présence d'un train qui a été construit looongtemps après dans Assassin's Creed Syndicate, qui se déroule à Londres dans les années 1800.
Après, on imagine que ces puissants symboles nationaux se devaient d'être dans le jeu pour correspondre aux attentes, alors peut-être qu'Ubisoft a volontairement fermé les yeux. Il y a aussi plein d'autres exemples dans de multiples opus de la saga.
A Plague Tale : des anachronismes assumés (et utiles)
Dans A Plague Tale, série très appréciée développée par les Bordelais d'Asobo, on peut également remarquer quelques jolis anachronismes… mais parfaitement assumés par le studio. "On s'est autorisé des anachronismes pouvant aller jusqu'à 50 ans", déclarait ainsi un des concepteurs !
Par exemple, Amicia déplace des caisses à roulettes dans certains niveaux, chose qui n'existait tout simplement pas à l'époque… mais en revanche, c'est quand-même bien pratique d'un point de vue gameplay. Alors bon.
Resident Evil, Like a Dragon… les studios japonais se lâchent
On se doit aussi de citer Resident Evil : les aventures du deuxième et troisième jeu se déroulent à Raccon City, ville fictive des États-Unis en 1996. Le hic, c'est que l'on peut y voir des… clés USB, des accessoires qui ne sont apparus dans le commerce et pour le grand public qu'à partir des années 2000. Évidemment, on parle là des remakes de Resident Evil 2 et 3, car Capcom n'était pas dans le futur au moment de faire les titres originaux, dans les années 90. Enfin, a priori.
Récemment sorti, Like a Dragon Ishin (le remake de Yakuza Ishin) propose de se plonger dans une histoire criminelle, au Japon lors de l'époque Bakumatsu, en 1868. Du coup, il ne paraît pas très crédible d'y voir un magasin Don Quijote, issue d'une chaîne créée en réalité plus d'un siècle après. De même, il y a des enseignes de restaurations modernes comme Sushi Zanmai et Fuji Soba, qui n'existaient pas du tout en 1868 !
On pourrait sans doute y rester encore des heures, mais vous l'aurez compris : les anachronismes faisaient, font et feront encore partie intégrante du jeu vidéo. D'un côté, il y a les vraies incohérences historiques (l'erreur est humaine) et de l'autre, des incohérences voulues et assumées, soit de façon à appuyer le gameplay ou à faire un petit clin d'œil aux joueurs. Tant que le jeu est bon, c'est déjà pas mal.