Everything Everywhere All at Once : le multivers c'est pas que pour les super-héros !
Dossier
PUBLIÉ LE 29 août 2022

Everything Everywhere All at Once :
le multivers c'est pas que
pour les super-héros !

Crédit : A24
Yérim Sar
Yérim Sar
Expert Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 29 août 2022

Ce 29 août l'inclassable Everything Everywhere All At Once sort au cinéma. Une utilisation du multivers qui se distingue en tranchant pas mal avec ce que nous offrent les blockbusters superhéroïques...

Entre comics, séries et films Marvel ou DC, le concept de mondes parallèles n'a jamais été plus exploité que chez les super-héros. C'est donc ça qu'on appelle le multiverse ? Oui, mais pas seulement, comme le prouve avec brio Everything Everywhere All At Once. Le film de Dan Kwan et Daniel Scheinert nous rappelle que ça n'a rien d'une chasse gardée, et ça depuis longtemps.

La totale

Everything Everywhere All At Once s'amuse comme rarement avec le concept de multivers. On pourrait le résumer sommairement par « une mère de famille débordée se voit confier la mission de sauver le monde par une version parallèle de son mari » mais ça ne rendrait pas honneur au film. Sans rien spoiler, disons que le moyen de switcher d'un univers à un autre est particulièrement absurde, ce qui donne des séquences volontairement ridicules y compris dans des moments de tension, sans parler de certains mondes parallèles qui sont parfaitement idiots. Dans le même temps, le long-métrage sait prendre son temps quand il s'agit de ménager des moments touchants où les protagonistes révèlent des fêlures qu'on ne soupçonnait pas ; ainsi une incursion dans un univers alternatif sert de temps en temps à expliquer le comportement du personnage de base. L'ambition est énorme : à la fois SF, comédie, action, drame, le tout en brassant des thèmes aussi concrets que l'immigration ou les problèmes familiaux. Mais surtout, le film sublime son actrice principale Michelle Yeoh.

Fun fact : le film est produit par les frères Russo, autrement dit les réalisateurs d'Infinity War et Endgame qui pour l'instant ne semblent pas impliqués dans la prochaine phase de Marvel, précisément celle qui met en avant le Multivers.

L'amour

Le multivers est souvent utilisé comme une astuce pour comédie romantique sur le thème « que serait-il arrivé si X disait oui/non à Y », encore récemment avec Une Vie ou l'autre. Mr Nobody détourne ce procédé pour l'orienter vers un registre bien plus mélancolique. Dans le futur, un vieillard raconte sa vie sauf que son récit est incohérent. Il décrit plusieurs itérations de son existence en parallèle les unes des autres car sa conscience a la capacité d'explorer toutes les possibilités. Chaque hésitation liée aux sentiments du héros (choisir entre son père et sa mère à leur séparation est la base de tout, puis ses amours adultes) démultiplie les versions alternatives.

Les voyages dans le temps

Même topo que plus haut, il y a beaucoup trop d'exemples donc allons au plus incontournable : Retour vers le futur. Plus précisément le second opus. Suite à une gaffe, Marty qui revient du futur atterrit dans un présent qui n'est plus le sien, et où tout va de travers : son pire ennemi est devenu richissime, la ville ravagée... c'est là que Doc lui explique qu'il se trouve dans une réalité alternative, et qu'il doit retourner dans le passé s'il veut « corriger » tout ça afin de revenir dans son monde initial. En revanche les univers ne coexistent pas du tout, l'un remplace directement l'autre.

Vintage

Attention, place à la old school. Sliders Les Mondes Parallèles est une série du milieu des années 90 qui repose sur une idée simple : des personnages qui peuvent voyager d'un univers à un autre à l'aide d'un appareil. Sauf qu'à cause d'une erreur, ils ne peuvent plus revenir immédiatement dans leur monde d'origine. Presque à chaque épisode, ils arrivent sur une Terre alternative et doivent s'adapter. La série comptant plus de 80 épisodes, on tient un des multivers les plus productifs de la liste.

Le délire

Le multivers de Rick & Morty est celui qui se rapproche le plus de Everything Everywhere All At Once... dans la mesure où la série appuie tous les 2 épisodes sur le nombre infini de versions alternatives qui existent. Ici, c'est un réservoir à intrigues secondaires bien commode selon les épisodes mais aussi un moyen d'avoir des moments hilarants (le running gag de Rick qui débarque 3 fois de suite dans des dystopies fascistes malgré lui), des twists (Evil Morty) mais aussi un relativisme inattendu, notamment face à la mort voire plus largement au sens de la vie.