Si Electronic Arts est aujourd’hui un monstre de l’industrie vidéoludique, son histoire reste indissociable à celle de Trip Hawkins, son fondateur féru de sport.
Hawkins et Strat-O-Matic Football
Pour comprendre le fondement même d’Electronic Arts, et son appétence pour les licences sportives, il faut remonter à la jeunesse de Trip Hawkins. Une période de sa vie où, comme de nombreux gamins, Hawkins est passionné de sport et grand fan des jeux de société Strat-O-Matic. Son péché-mignon ? La version Football, qui simule le jeu du football américain. Les statistiques de chaque joueur sont recueillies, analysées, puis converties en résultats numériques qui reflètent la production de chaque joueur pour une année donnée. Ces résultats numériques sont placés sur un jeu de cartes, chaque équipe ayant son propre jeu. La formule est géniale pour l’époque. Malgré tout, elle possède un gros défaut : sa forme complexe qui peut facilement rebuter. Mais tout change lorsque Hawkins commencent à s’intéresser aux premiers ordinateurs à la fin des 70’s, comme il l’a raconté au micro de la radio acquired.fm :
“Oui, des choses comme D&D (Donjons et Dragons) sont célèbres pour être geek de cette façon. C'est juste que ce n'est pas la tasse de thé de tout le monde. J'y pensais justement, en réalisant : "Mec, c'est une expérience vraiment spéciale d'être aussi engagé mentalement." Mais tout le monde ne peut pas s'y retrouver. C'est juste trop de travail pour faire fonctionner ce truc. C'est alors que, dès que j'ai entendu parler des ordinateurs, je pouvais en quelque sorte le voir de mes propres yeux, "C'est comme ça qu'on fait. Nous allons en gros mettre tous les trucs de fonctionnement administratif dans une boîte. Et je vais mettre de jolies images sur l'écran comme une télévision".”
On touche ici à la définition la plus primaire du jeu vidéo, bien qu’il n’en soit pas l’inventeur. Mais Hawkins bénéficie d’une période à laquelle la technologie est en plein essor, et malgré son jeune âge, son projet prend déjà forme dans sa tête : “Je commence immédiatement à l'esquisser en me disant : d'accord. Combien de temps faudra-t-il pour que le coût du matériel diminue, que le nombre de magasins augmente et que le nombre de machines et de maisons soit assez grand pour que vous puissiez gagner de l'argent en vendant des jeux ? C'est là que je me suis rendu compte que je pourrais probablement y arriver d'ici 1982, sept ans plus tard, et c'est exactement ce que j'ai fait.” Mais entre 1975 et 1982, le jeune homme bourlingue pas mal.
Very Good Trip
Pour mettre en place son projet millimétré sur sept ans, Trip Hawkins doit d’abord réussir trois choses : se faire un nom, apprendre à gérer une entreprise et surtout se faire des contacts. Pour cela, il passe par les universités d’Harvard et de Stanford, dont il sort diplomé des deux. Ce qui lui donne accès, non sans efforts, à son premier job chez… Apple, après avoir négocié son recrutement directement avec feu Steve Jobs ! C’est ainsi qu’il fait ses armes, et gravie les échelons jusqu’à devenir directeur du marketing pour la marque à la pomme. Mais, comme c’était prévu, Apple n’est qu’une étape pour Hawkins qui décide de quitter le navire en 1982, comme indiqué dans son projet initial. À ce moment-là, il décide de voler de ses propres ailes. Il utilise l’intégralité de ses stock options pour fonder sa propre boîte : Electronic Arts.
Et devinez sur quoi il se base pour réaliser son premier jeu ? Le football américain, son premier amour ! Pour y parvenir, son premier gros coup est d'engager John Madden (alors entraîneur en NFL) comme porte-parole et consultant pour son futur jeu, qui débouche sur la série populaire Madden NFL. Hawkins réalise donc son rêve de gosse, en réussissant même à récupérer les licences de la ligue américaine. Avec le succès de la série, et l’argent qui commence à entrer dans les caisses d’Electronic Arts, Hawkins commence même à reproduire le processus sur d’autres sports. Avant son départ définitif de la société qu’il a créée, en 1994, Electronic Arts lance un jeu de NHL (hockey sur glace), PGA Tour (jeu de golf), FIFA Football et NBA Live. Soit autant de licences qui traversent les âges - la preuve avec la sortie de FIFA 21 le 9 octobre - en plus de faire grossir la puissance de frappe d’EA, qui peut aujourd’hui sortir des jeux de tous types, avec un succès conséquent à chaque fois. Sans ce petit rêve de gosse, peut-être que les fans de sport n’aurait jamais pu s’y adonner depuis le canapé. Ou alors bien plus tard. Merci Monsieur Hawkins !