Cinéma et jeu vidéo : mêmes mécaniques ?
Dossier
PUBLIÉ LE 3 oct. 2022

Cinéma et jeu vidéo :
mêmes mécaniques ?

Crédit : Microids
Nico Prat
Nico Prat
Expert Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 3 oct. 2022

Un homme que tout accuse, souffrant d’un mal profond. Une femme désireuse de découvrir la vérité. Et un nom, celui d’Alfred Hitchcock, apparaissant plus grand que tous les autres. Adaptation libre de l'œuvre du maître du suspense, Alfred Hitchcock : Vertigo est la dernière proposition de Pendulo Studios. Un thriller psychologique donc. Et l’occasion de s’interroger : un jeu vidéo et un film reposent-ils sur les mêmes mécaniques ?

Scénario, personnages, ambiance, photographie… Sur le papier, les règles, tout du moins les enjeux importants, sont les mêmes. Encore une fois : sur le papier. Les expériences, elles, varient. Que vous abandonniez un film en cours de route, et les personnages poursuivent leur destinée, c’est écrit, jusqu’au générique de fin. Lâchez la manette, en revanche, et tout s’arrête, vos héros n’ont plus de but, plus d’envie, plus de chemin à parcourir, et seul le silence s’installe. Dans les deux cas, captiver son auditoire (ou, dans le cas du jeu, son acteur principal, c’est-à-dire vous) est un défi. Cependant, les jeux vidéo sont centrés sur l'expérience du joueur, et les films sur l'histoire. Les jeux vidéo sont les films que nous jouons et les personnages que nous façonnons. D’une certaine façon, les moments jouables d’un jeu vidéo ne sont que des interruptions de cinématiques : ce sont elles qui construisent des héros, des mythes, des ambitions, des défis. Nous ne sommes que les messagers de ces émotions.

Des émotions contrariées cependant. Un film, c’est des acteurs, des actrices, et donc des visages. Et dans l’immense majorité des cas (le found footage mis à part), les personnages principaux communiquent, à travers leurs yeux, leurs rires et leurs larmes, les émotions premières. Le cinéma est un Art à la troisième personne. Le jeu vidéo, bien souvent, se vit à la première personne (et quand ce n’est pas le cas, alors seul le dos du héros nous est présenté). Et l’écriture de s'adapter à d'autres moyens non verbaux de communiquer les émotions de leur protagoniste.

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Crédit : Microids

Le protagoniste, justement. Un film est avant tout l’idée d’un scénariste, qui attribue à son personnage principal une personnalité selon son bon vouloir : son héros sera donc impatient, fort, rapide, ou rien de tout cela. Le héros de jeu vidéo, lui, fonctionne différemment, puisque c’est le joueur qui le contrôle, et appliquera donc sur lui ses propres caractéristiques. Il ne sera ainsi impatient que si vous décidez de terminer le niveau en speed run ? Il sera explorateur si vous êtes complétiste ? D’ailleurs, très rapidement en cours de jeu, votre personnage possède tous les acquis possibles (pouvoirs, habilités, etc…). Ses défauts ne seront dès lors que les vôtres.

Alors, le jeu vidéo et le cinéma reposent-ils sur les mêmes mécaniques ? Oui. Et non. Au cœur du film, se trouvent les acteurs et les actrices. Ils sont les interprètes de l’action, des dialogues, de l’histoire. Ils sont les visages d’une aventure, d’émotions. Ce sont les passeurs de sentiments. Il en va de même dans le jeu vidéo. Cependant, l’acteur, c’est vous. Et ce sont vos émotions, vos actions, qui se reflètent sur l’écran, dans vos personnages. Ainsi, les mécaniques sont les mêmes, mais le chemin est différent. Le récit, sa puissance, son universalité, au cinéma, partent de l’écran, de l’image, pour atteindre votre cerveau, votre cœur. Dans le jeu vidéo, c’est l’inverse : vos émotions guident les personnages.

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