Avec la sortie de Chants of Sennaar sur Nintendo Switch, on a décidé de se pencher sur ce soft qui mêle énigmes, apprentissage des langues et direction artistique aux petits oignons.
Les grosses licences, même si elles ont évidemment un paquet de points forts, ont souvent tendance à tourner un petit peu en rond, et c’est logique : chaque décision doit être validée par 250 personnes. De plus, prendre des risques, cela veut aussi dire potentiellement se louper et faire une croix sur une partie des ventes. Du coup, si on parle d’innovations pures et dures, notamment en termes de gameplay et de narration, c’est souvent vers les jeux indépendants qu’il faut se tourner. Une pépite comme Outer Wilds n’aurait probablement pas pu voir le jour si elle avait été éditée par une grosse entreprise. 5 mini planètes et 22 minutes en boucle de gameplay ? Trop peu pour aligner les billets.
Chants of Sennaar s’inscrit dans la droite lignée de ces jeux comme Cocoon, Undertale, Braid, ou carrément Minecraft : des softs développés par un studio indépendant qui n’a pas hésité à jouer la carte de l’originalité, et de sortir des sentiers battus.
Le mythe de la tour de Babel
Pour résumer grossièrement, parce qu’on est très loin d’avoir la force de faire un condensé de mythes bibliques et musulmans, la tour de Babel aurait été érigée par les hommes à Babylone, en Mésopotamie. L’objectif final était qu’elle atteigne le ciel, pour que plus jamais ils ne soient dispersés et perdus. Dieu, un peu courroucé par l’orgueil de nos ancêtres, aurait détruit la tour, et explosé le langage universel de l’époque pour le diviser en une myriade de dialectes différents. Ainsi, les hommes ne pouvaient plus se comprendre (pas de pot).
Dans Chants of Sennaar, le jeu de rundisc, on incarne un voyageur qui arrive dans une ville étrangère sans accès à internet, et sans même un dictionnaire français-langue de la destination. Du coup, il va falloir tenter de comprendre ce que disent tous les habitants pour pouvoir progresser et découvrir tous les secrets que la ville renferme. Et si on parlait plus haut de la tour de Babel, c’est parce qu’au-delà du centre du gameplay, l’environnement consiste en une tour gigantesque divisée en étages et quartiers. On passe des bas-fonds aux endroits les plus huppés, le tout rendu magnifique par une palette graphique des plus réussie.
Tu l’auras compris, Chants of Sennaar est un jeu d’énigmes, mais même si de temps à autres, il faudra sauter sur des plateformes ou pousser des lits qui gênent le passage, le centre du gameplay est l’apprentissage des langues. Chaque segment de la ville en parle une qui lui est propre, avec en prime son alphabet. Rendez-vous en terre inconnue.
Pour ne pas rapidement sombrer dans la détresse la plus totale, on peut quand même s’appuyer sur un calepin. À chaque fois que l’on voit un symbole, on peut noter ce à quoi on pense qu’il fait référence. Et lorsque l’on sera en plein dialogue, notre intuition s’affichera ensuite à l’écran, construisant ainsi des phrases de ce type : “vous…voulez…pomme ?”. On tâtonne, on regarde les idéogrammes, on analyse la calligraphie, avec parfois un coup de pouce d’un symbole connu apposé à un panneau, et on avance. Petit à petit, des dialogues aux rues du quartier, tout devient plus clair, compréhensible, et notre parcours d’Erasmus se fait plus simple.
Depuis qu’on a découvert cette pépite, notre série de 232 jours à apprendre le mandarin sur Duolingo a pris fin, mais par contre, on parle le langage des guerriers couramment.
Chants of Sennaar est disponible sur PS4 et Nintendo Switch.