Il est tout à la fois la porte d’entrée, le premier contact, et l’étape obligée, celle que bon nombre de joueurs s’efforcent de ne pas regarder, de zapper pour rapidement aller à l’essentiel : le jeu en lui-même. Mal aimé, cependant nécessaire, le “menu” de jeu vidéo se doit de respecter quelques règles.
Dans un article paru en 2012 (il y a dix ans donc, mais nous n’en changerons pas une ligne), le site Kotaku établit ses dix commandements pour un bon menu. Quelques exemples : “Tu feras de "Continuer" la première option du menu principal”, “Tu ne placeras pas une cinématique avant le menu principal”, “Tu enregistreras automatiquement les paramètres une fois qu'ils auront été modifiés”, ou encore, “Tu accepteras d'utiliser 'A' pour avancer et 'B' pour reculer”. Des évidences pour beaucoup, et pourtant. Cet espace introductif peut bien souvent, entre logos qui n’en finissent pas d’apparaître et confusion totale au moment de faire ses choix, s’apparenter à une épreuve.
"C'est un écran récurrent que les joueurs verront fréquemment, car la plupart ne terminent pas leurs aventures en une seule séance. Par conséquent, en tant que concepteurs, nous devons nous assurer de le garder divertissant ou d'aider à poursuivre le récit avec les joueurs”. Ainsi parle Max Pears, concepteur de jeux et animateur du podcast Level Design Lobby. En d'autres termes, s’il est tentant, d’entrée de jeu, de dévoiler toutes les capacités de la console et du produit fini, si le spectacle sensoriel crée une barrière à l'événement principal, alors cela ne fera que nuire au jeu. Il faut éblouir, un peu, donner envie, évidemment, mais également donner envie de ne pas s’y arrêter.
Point de départ de l’immersion
Un exemple particulièrement réussi, est le menu introductif de Spec Ops : The Line, développé par le studio Yager Development et distribué par 2K Games, dixième opus de la franchise Spec Ops (et reboot par la même occasion). Tout débute avec un soldat solitaire. Derrière lui, un drapeau américain, à l’envers, flotte péniblement au vent. On sent, immédiatement, qu’un conflit sanglant vient d’avoir lieu. Le côté sauvage et crépusculaire du jeu est établi. Après quelques secondes, on comprend que le menu est en réalité, déjà, le début de l’histoire, que cette séquence est inscrite dans le récit. Simple, malin, immersif, puissant.
Du côté des mauvaises idées… Et bien, elles sont légion (sans même mentionner les logos Unreal Engine, Dolby Digital et Speedtree impossibles à zapper). Nous pourrions parler du menu labyrinthique et incompréhensible de Mass Effect Andromeda, des minuscules typos de Xenoblade X, rendant la lecture particulièrement irritante, ou encore de Metroid Prime 2, dans lequel vous utilisez la manette de commande pour faire pivoter les options autour d'un axe central, ce qui signifie que les options de menu se chevauchent et s'obscurcissent souvent. Dommage. On n’a jamais deux fois l’occasion de faire une bonne première impression.
